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Analyse des effets du développement technologique sur la croissance économique d'Haà¯ti de 1989 à  2019


par Christopher PIERRE
Université Notre-Dame D'Haïti (UNDH-FSESP)- Haitian Education and Leadership Program (HELP) - Licence en Sciences Économiques 2017
  

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Relation entre l'abonnement à téléphonie Fixe et l'utilisateur d'Internet.

Il n'existe pas de relation de causalité entre les 2 variables à savoir l'abonnement à téléphonie Fixe et l'utilisateur d'Internet au sens de GRANGER car leurs valeurs de probabilité d'accepter l'hypothèse nulle sont largement supérieures à 0,05 (0,0755 et 0,4589).

5.4.6. Test dePortmanteau

En dépit du fait que les coefficients du modèle sont significatifs globalement, le test de Portmanteau sert de validité, notamment des tests d'autocorrélation des erreurs.

Le Graphique 12 présente les résultats du corrélogramme des résidus jusqu'à un nombre de 16 retards. Ainsi, il est observé une absence totale d'autocorrélation des résidus. En effet, que ce soit dans le cas d'autocorrélation simple ou partielle des résidus, tous les termes se trouvent à l'intérieur de l'intervalle de confiance (i.e., les limites qui représentent le seuil au de-là duquel l'autocorrélation est considérée comme significative.

Tableau 12:Résulat du test de Portmanteau

Source : Traité par l'auteur à partir du logiciel Eviews 8.0

5.4.7. Étude de l'autocorrélation des coefficients au sens deBreusch-GODFREY

Pour étudier l'autocorrélation des coefficients du modèle, nous avons recouru au test de Breusch-GODFREY. Le test de Breusch-GODFREY est un test statistique qui teste l'autocorrélation de n'importe quel ordre. Il s'agit d'un test asymptotique qui teste directement la significativité du coefficient dans la formule de notre équation de régression linéaire multiple.

H0 : Stipule qu'il y a non-autocorrélation donc =0

H1 : Stipule qu'il y a autocorrélation donc 0 avec ||<1.

Tableau 13: Diagnostic du Modèle

Hypothèse du test

Test

Valeur du test (Prob)

Autocorrélation

Breusch-Godfrey

0.67 (0.40)

Normalité

Jarque-Bera

1.057 (0.58)

Spécification

Ramsey

1.0045 (0.85)

Source : Calcul de l'auteur à partir du logiciel Eviews 8.0

Le test de Breusch-Godfrey conclut qu'il y a l'absence d'autocorrélation dans les séries puisque la probabilité est inférieure au seuil critique de 5%.

5.5. Discussion desrésultats

Après avoir réussi les principaux tests économétriques, nous concluons que les résultats du modèle peuvent faire l'objet d'une interprétation économique. Par conséquent, cette section s'occupera dans un premier temps la présentation des résultats et dans un second temps la discussion du présent travail.

D'abord, les tests de racine unitaire sur les séries indiquent qu'elles sont intégrées d'ordre 1 c'est-à-dire qu'elles sont stationnaires en différence première car le résidu testé donne une valeur statistiquement proche de la valeur critique à 5 %.

Le coefficient de détermination (R2) s'élève à 0.41. Si l'on tient compte du nombre de degrés de liberté, ce coefficient de détermination (R2 corrigé) passe à 0.38. Ce qui veut clairement dire que les variables explicatives du modèle, l'abonnement à la téléphonie mobile, l'abonnement à la téléphonie fixe, l'investissement au secteur des TIC, l'utilisateurs d'internet et le capital humain expliquent seulement 41 % du taux de croissance économique durant la période étudiée (1989-2019). Une représentation jugée peu signifiante au sens de l'une de nos hypothèses.

Toutefois, le test de significativité de Student indique que seule la variable de l'investissement fait dans le secteur des TIC n'est pas statistiquement significative au seuil critique de 10 %. À noter que le test de validité est applicable en faveur de toutes les variables de l'étude pendant la période allant de 1989 à 2019 et le test de Breusch-Godfrey conclut qu'il y a l'absence d'autocorrélation dans les séries.

Ainsi, une augmentation du taux de croissance des investissements aux secteurs des TIC de 1 % entraine une diminution du taux de croissance du PIB réel de 0,002 point de pourcentage. L'utilisateur de l'internet fait réduire le taux de croissance de 0.05 de point de pourcentage. Notons que ce coefficient est significatif. Cependant, il ne faut pas le sous-estimer car celui-ci contribue dans de branches diverses de l'économie haïtienne et l'on se rappelle que la corrélation entre les variables investissement au secteur des TIC et le produit intérieur brut affiche une tendance positive ce qui revient à dire, autant de fois qu'on augmente l'investissement c'est autant que le PIB réel augmente aussi a point de pourcentage positif jugé cependant faible.

Cette faiblesse au niveau d'investissement fait dans le secteur des TIC n'est donc pas surprenante dans l'économie haïtienne puisque celle-là est due à de multiples facteurs liés aux différentes barrières administratives, politiques et juridiques29.

En conclusion, nous voyons que le développement technologique tel que nous l'avons considéré agit positivement sur la croissance économique mais n'explique pas en plus fort pourcentage la croissance économique haïtienne. Alors, ce phénomène autant contributif pour l'économie des pays de l'OCDE ne l'est pas pour Haïti étant un pays pauvre. Ce qui, présomptueusement, voudrait dire que le présent travail de recherche présente une approche contraire à la théorie élaborée par l'économiste Joseph A. Schumpeter considérant le développement technologique comme un facteur endogène en raison de son apport très significatif dans l'économie des pays de l'OCDE.

Même si l'apport du modèle n'est pas très élevé pour la croissance économique d'Haïti durant la période d'étude (1989-2019), nous pouvons conclure, toutefois, qu'il est valide économétriquement et peut faire l'objet d'analyse économique en raison de nombreux facteurs clés puisque la technologie est dans le coeur de toutes nos activités.

Au début de la discussion des résultats du présent travail de recherche, il est d'une nécessité absolue de rappeler que notre étude est fondée sur l'hypothèse principale stipulant que le développement technologique agit positivement sur la croissance économique d'Haïti. Partant de cette hypothèse, nous avons formulé deux autres de types spécifiques qui, pour leur part, ont tenté de rectifier la théorie de Joseph A. Schumpeter en faveur de celle de Robert SOLOW afin de mieux comprendre la réalité économique d'Haïti. Le fait qu'il y a un faible capital humain prêt à s'en servir, le développement technologique influence peu significativement la croissance économique d'Haïti de 1989 à 2019. Les investissements en matière d'équipements technologique sont trop faibles à pouvoir impacter significativement la croissance économique d'Haïti.

A la lumière du cadre théorique de l'étude, nous avons pu conclure que notre hypothèse principale, après avoir été testée et vérifiée, a été confirmée. En effet, nous pouvons dire que le

29Le cadre légal sur lequel repose l'exploitation du secteur en Haïti est désuet car il date en effet de 1977. Ce qui explique en partie qu'il n'est pas adapté au développement que connait ce secteur en Haïti. Cet outil à lui seul envoie un mauvais signal aux investisseurs étrangers et nationaux qui seraient intéressés par cesecteur.

développement de la technologie affecte positivement la croissance économique d'Haïti. Mais il est à noter qu'en se basant sur la théorie Schumpetérienne qui, dans sa plus haute dimension spécifiant que la technologie soit un facteur endogène, cherche à trouver une explication unique aux phénomènes de l'évolution économique et des fluctuations cycliques ; la technologie ne remplit pas son véritable rôle dans le développement économique d'Haïti. Puisque la source des bouleversements de fluctuation cycliques et de l'évolution dont parle l'auteur est l'innovation, définie comme l'exécution de nouvelles combinaisons productives et qui modifie les structures de production existantes, crée la nouveauté en perturbant les équilibres des marchés et change en profondeur l'économie et la société tout entière. Affectant le PIB réel à un point de pourcentage de 0.41 et un niveau de croissance de moins de 1%, tout porte à déduire que l'une des hypothèses spécifiques a été confirmée à savoir que le fait qu'il y a un faible capital humain prêt à s'en servir, le développement technologique influence peu significativement la croissance économique d'Haïti de 1989 à2019.

Tandis que dans le cadre du travail de recherche réalisé par Gilbert CETTE, Jacques MAIRESSE et Yusuf KOCOGLU en 2001 expliquant les effets de la diffusion des TIC sur la croissance économique en France sur une longue période de 1980-2000, l'effet de la technologie a été non seulement positif mais aussi très significatif pour le pays à un point de pourcentage de

0.69. Même s'il est évident que la France fait partie des pays de l'OCDE (combinant un ensemble de pays riches) pour lesquels la technologie a eu des effets croissants sur leur production et qui ne fait qu'impacter leur croissance significativement et Haïti faisant partie des pays pauvres, alors, nous nous demandons pourquoi l'approche de ces auteurs, s'appuyant sur la théorie Schumpetérienne n'arrive-t-elle pas à concorder avec le résultat moins élevé du présent travail de recherche ? Cette rectification de la théorie, est-elle générale pour tous les autres pays pauvres utilisant la technologie?

Pour tenter de répondre aux questions susmentionnées, il est important de rappeler que nous avons noté dans les lignes précédentes de ce travail de recherche que la théorie de Solow est construite sur la base de plusieurs hypothèses simplificatrices qui viennent pour la plupart de la théorie néoclassique. Pour Robert SOLOW (1956), l'augmentation des facteurs de production (travail et capital) explique une grande part de la croissance. À son avis, c'est donc parce qu'il y auneaugmentationdelapopulation(facteurtravail)etdesinvestissements(facteurcapital),

qu'il y a de la croissance. Toutefois, une petite part de la croissance n'est expliquée que par un facteur résiduel qui est la technologie considérant comme quelque chose venant du ciel. De ce fait, cette théorie dans sa dimension prouve qu'il est possible que la technologie n'affecte pas significativement la croissance économique puisqu'il est exogène à l'ensemble des évolutions économiques. Même si nous savons que le processus de production contient deux aspects essentiels à savoir : la quantité de moyens qui peuvent être mobilisés dans la production, et l'efficacité avec laquelle ils sont mis au travail. D'où la nécessité de noter le facteur de capital humain dans le processus de production. Alors, si les moyens (facteur capital) ne sont pas mobilisés à un niveau qui correspond à la taille économique nous sommes contraints d'attirer la croissance à un niveau plus significatif espéré de même que si le travail réuni (facteur travail) ou le capital humain n'est pas efficace, les gens ne sont pas éduqués, ne sont aptes à faire usage des nouvelles technologies dans la productions des biens et services, la fluctuation dont faisait mention Schumpeter risque de retarder l'accumulation (devant être proportionnelle à la croissance). Dans cette perspective, les deux théories évoquées se jouent en complémentarité puisqu'elles reconnaissent un impact du progrès technique qui s'assimile par l'efficacité du travail sur la croissance économique. Dans les pays de l'OCDE, on se sert de la technologie comme une recette économique dans tous les domaines puisqu'elle permet une facilitation émergente de création de richesse en indiquant comment combiner les facteurs de production pour arriver à fabriquer ce qui est désiré. Alors qu'en Haïti, l'usage de la technologie n'est même pas général voire stratégique pour attirer grandement le PIB réel et la présence du faible capital humain dans le secteur affecte désavantageusement son efficacité puisque l'effet de la technologie sur la croissance économique s'explique aussi par le rythme de fabrication des produits dans le contexte deséchanges.

Dans le tableau de l'investissement fait dans le secteur des TIC, nous pouvons constater qu'il y a trois années consécutives pour lesquelles le montant investi a été de zéro. Ces montants, en plus d'être révélateurs d'une insouciance relative au secteur des TIC, mais aussi d'une absence de plan stratégique faisant de ce secteur l'un des facteurs clés influençant significativement la croissance économique alors qu'en fait, Schumpeter dans sa théorie accorde une importance particulière à la recherche et au développement via l'investissement qui s'effectue pour créer de l'innovation. Et tout ceci se fait grâce au capital humain disponible. Ce quifaitquenotredernièrehypothèsestipulantquede1989à2019,Lesinvestissementsen

matière d'équipements technologiques au niveau des entreprises sont trop faibles à pouvoir impacter significativement la croissance économique d'Haïti a été confirmée puisque d'une part, son impact, après l'avoir testé sur notre équation, est de 0.002 sur la croissance économique d'Haïti. Un point de pourcentage estimé non significatif suivant le résultat du test statistique. Et d'autre part, le test de corrélation indique qu'il y a une positivité entre les deux variables (PIB réel et Investissement fait dans le secteur des TIC) aussi le test de GRANGER montre qu'entre l'investissement et le PIB réel il y a un lien causal à quelques points de pourcentage ce qui a d'ailleurs été le cas du travail de recherche de Gilbert CETTE, Jacques MAIRESSE et Yusuf KOCOGLU en 2001. Toutefois, dans le travail de ces auteurs, le PGF (résultat de R&D) représentait le plus grand pourcentage causant leur variable expliquée tandis que notre travail n'arrivait pas à prendre en compte celle-ci par faute de donnée non disponible. Même si nous avons tenté de l'expliquer par un proxy qui est le capital humain.

Tout compte fait, le présent travail de recherche nous fait comprendre que l'impact global de l'évolution technologique est généralement tributaire du contexte c'est-à dire qu'il ne suffit pas d'être présent dans une économie pour avoir son effet immédiat sur la croissance économique mais devant répondre à certaines exigences, et varie selon les pays, les secteurs et les professions. En général selon le capital humain qui est prêt à s'en servir. Il dépend du cadre institutionnel, qui influe sur la faisabilité financière, sur la capacité de la main-d'oeuvre à s'adapter au nouvel environnement de travail numérisé et mécanisé, ainsi que sur le potentiel de mobilité interprofessionnelle et géographique destravailleurs.

Un pays utilisant la technologie pour la fabrication, la transformation de produits désirants est plus apte à avoir une croissance significative que celui qui n'en fait usage que pour diffuser de l'information alors que même le secteur de service n'est pasrégulé.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius