La condition de travail
Selon une étude comparative, réalisée
dans neuf pays européens, sur le lien entre d'une part, le taux de
mortalité (dans les trente jours qui suivent l'admission d'un patient et
après une opération chirurgicale) et d'autre part, la charge de
travail et le niveau de formation/éducation des infirmiers, le taux de
mortalité varie de 1 % à 7 %. Plus la charge de travail augmente
et plus le niveau de formation des infirmiers baisse, plus le taux de
mortalité augmente (Aiken LH, 2014).
D'autres études d'impact ont établi un lien
entre conditions de travail et sécurité du patient, comme les
résultats de cette étude qui souligne combien le burnout des
soignants est corrélé fortement à un risque
avéré d'erreurs de raisonnement et donc un risque pour la
qualité du soin (Ootim, 2002).
Plusieurs études d'impact explorent le lien entre
conditions de travail et satisfaction des patients. Selon ces dernières,
dès lors que les conditions de travail des soignants
s'améliorent, l'impact est immédiat sur la qualité des
soins et la satisfaction des patients (Mulhern, 2009).
Les patients pris en charge dans des unités
décrites par les soignants comme ayant un effectif suffisant, de bonnes
relations entre médecins et infirmiers et un soutien de l'administration
sont plus du double à déclarer être très satisfaits
des soins par rapport aux patients des autres unités ne remplissant pas
ces critères. Ce
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sont également des services où les soignants
sont moins sujets au burn-out que les autres (Vahey DC, 2004) .
Dans le cas de patients nécessitant l'intervention de
différents spécialistes, des chercheurs australiens ont
montré combien la communication et le travail d'équipe des
soignants ont un impact positif sur la qualité des soins (Hewett,
2009).
De manière globale, il est mis en évidence que
des compétences non techniques, comme le travail d'équipe et la
coopération, sont nécessaires pour améliorer la
satisfaction du patient, son traitement et sa guérison, comme le montre
une étude anglaise qui a filmé durant six mois en continu
l'activité du service Major Trauma Center de l'hôpital londonien
St Mary'sHôpital (Pucher, 2014).
De la même façon, les interruptions dans le
travail peuvent également avoir un effet néfaste sur le soin du
patient (Pedersen , Nurse Administration 2010) ainsi que le fait d'avoir des
horaires de travail irréguliers, comme cela a été
montré dans le cadre d'une étude sur les soignants au Japon
(McGillis Hall, 2010).
D'ailleurs, Cécile Betout et al soulignent combien le
travail de nuit expose les soignants à la fatigue et combien cela peut
avoir un impact sur la qualité des soins, et ce d'autant plus que le
personnel manque (Betout, 2007).
A savoir aussi, les heures supplémentaires et usage de
personnel moins qualité : recourir de manière systématique
aux heures supplémentaires, volontaires ou obligatoires, et à du
personnel moins qualifié afin de compenser le manque infirmière
est associé à une augmentation du risque de morbidité et
de mortalité chez les patients (Marie Alderson, 2005) .
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L'évaluation permet une amélioration continue
des compétences des soignants et participe alors à une
amélioration de la qualité de soins. (Cummings, 2010).
En outre, les soignants ont besoin d'être soutenus face
aux contraintes spécifiques de leur travail, d'être reconnus dans
leur travail. Si l'on revient sur la problématique des erreurs, on
constate que lorsque l'organisation ne tire pas profit des erreurs notamment
mais au contraire sanctionne, s'observe un effet de camouflage des erreurs et
un risque accru pour la sécurité des patients c'est ce que montre
une étude australienne réalisée en 2010 (Lalor, 2015).
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