I.3. ÉTAT DE L'ART
L'importance de la littérature académique sur la
notion du renouvellement urbain d'un quartier, d'un pôle commercial, etc.
est très importante, car aujourd'hui ce concept est inscrit dans les
politiques publiques en termes d'objectifs, de dispositifs législatifs
et opérationnels et il suscite grand nombre de colloques,
séminaires et publications.
La littérature sur le sujet est abondante, et nous
pouvons citer ceux qui ont retenu notre attention :
François-Xavier Roussel (2003) rappelle que « la
ville est en mouvement, qu'elle se fait et se défait, qu'elle est le
fruit de métamorphoses. En fait, la ville se renouvelle constamment,
régulièrement, et il suffirait de travailler sur et pour la ville
pour oeuvrer en termes de renouvellement urbain ». De nos jours,
l'urbanisme se trouve face à de nouveaux enjeux. Repousser
éternellement les limites urbaines et « fabriquer » une ville
nouvelle n'est guère plus possible. Il s'agit au contraire d'intervenir
dans la substance existante, de reprendre et de renouveler l'urbain. C'est
ainsi que l'idée de reprendre et de renouveler le pôle commercial
zando sur lui-même et pour la ville de Kinshasa suffirait pour pallier
aux problèmes et à l'image que ce dernier dégage.
Sylvie Harburger dans sa présentation au
séminaire Gridauh et grale du 26 mars 2002 donne sa vision du
renouvellement et explique : « ...Il s'agit d'un phénomène
global, comme en témoigne l'expression américaine voisine d'urban
renewal. Il est parfois défini comme une nécessité
d'action, sur des secteurs urbains qui réclament des
13 GAUTHIEZ B, Espace public : vocabulaire et
morphologie, Ed : Du patrimoine, Paris, 2003, p 196
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actions coordonnées, par suite d'évolutions
urbaines suscitant des inquiétudes à un titre ou un autre, et
réclamant des actions en retour des pouvoirs publics... ».
Et le pôle commercial zando ne fait pas exception et
nécessite les actions des pouvoirs publics pour sa
réorganisation.
Georges Cavallier (1999), ajoute, en disant que : le
renouvellement urbain intéresse le traitement des quartiers victimes de
processus de dévalorisation urbaine et, il a pour finalité, la
fabrication d'une ville plus équilibrée et dont l'aspect et
l'usage seraient pour chacun plus équitable. Il entend répondre
à une double question :
« 1. La question de la ville qui continue de
s'étendre, fabriquant de nouveaux territoires habités qui, selon
leur localisation, leur occupation spatiale, et plus largement leur
fonctionnalité à l'échelle large de l'ensemble urbain,
pourront contribuer à l'objectif de rééquilibrage
progressif ou aggraver encore des processus de spécialisation et de
marquage.
2. La question du devenir, de la requalification, de la
recomposition de la ville existante, dans le cadre de projets urbains plus ou
moins ambitieux, ainsi que la question de l'amélioration de sa gestion
et de sa maintenance au quotidien ».
Comparativement à notre aire d'étude qui est
victime de dévalorisation urbaine et qui nécessite d'être
rééquilibré, recomposer, améliorer dans le cadre de
projet urbain de renouvellement.
Wilhelm Laurence (1997) dans sa synthèse des
études socio-économiques récentes sur l'approvisionnement
et la distribution alimentaires des villes de l'Afrique francophone montre que
la situation économique compliquée, combinée avec la forte
croissance démographique des grandes villes africaines ces
dernières années, a provoqué une multiplication des petits
métiers et l'expansion du secteur informel. L'effectif des vendeurs dans
les villes a explosé et les autorités, n'ayant pas
anticipé cette nette augmentation, n'ont pas pu répondre à
cette demande. Alors que les vendeurs se faisaient de plus en plus nombreux, le
nombre d'équipements marchands est quant à lui resté
stable. Cette contradiction contribue fortement à l'état actuel
du pôle commercial zando mal renouvelé, victime de la congestion,
de l'insalubrité et de la désorganisation.14
JAGLIN (1995) ajoute que « l'espace urbain est politique
: contrôler, modeler, renouveler l'espace urbain c'est transformer la
société ». Cette assertion veut dire celui qui
contrôle l'espace urbain à le pouvoir sur la
société, car personne ne peut entrer dans la maison d'un homme
fort et impose de loi, de principe s'il ne ligote pas l'homme fort de cet
espace c'est ainsi que dit Michel IZARD ; celui qui maîtrise l'espace
contrôle les hommes. Ceci nous amène à dire que l'aire
qu'occupe le pôle commercial zando est incontrôlable par les
autorités, au lieu que les autorités municipales puissent avoir
la mainmise sur lui, ici c'est le contraire. Nous nous retrouvons ici comme
dans une jungle où chacun fait sa loi.
CROUSSE, Le BRIS, Le ROY (1991) dans leur étude sur
« Espaces disputés en Afrique Noire : pratiques foncières
locales » écrivent que les pratiques foncières visent
à régler le problème de l'appropriation de l'espace
dès lors que l'espace est l'objet
14 Wilhelm Laurence, Les circuits d'approvisionnement
alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et
à Madagascar, p. 14
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d'enjeux sociaux et que son usage doit être
prédéfini en fonction d'affectations qui lui sont reconnues ou
imposées.
Comparativement à notre aire d'étude, certains
espaces ses retrouvent avec d'autres affectations différentes de celles
prédéfinies au départ. Ainsi, nous avons le commerce
ambulant qui envahit la voirie, une confusion entre la voirie et la place du
commerce, etc.
Dans un ouvrage, « Kinshasa, la ville et la cité
» PAIN (1984) dit que la juxtaposition incontrôlée d'un
centre colonial et d'une ville africaine postcoloniale en croissance rapide
pose le problème du centre. En parlant de l'organisation urbaine de
Kinshasa, il démontre le déséquilibre qui s'installe dans
la répartition des équipements socio-économiques entre
l'ancien noyau et ce qu'il appelle les cités africaines. Et aujourd'hui,
les problèmes nés d'une centralisation excessive sont clairement
perçus dans le pôle commercial zando et dans la ville tout
entière.
MPURU et MBULUKU (2007) explorent « La crise de la
planification de la métropole congolaise : Kinshasa ». Ils ont fait
des constats significatifs sur le développement de Kinshasa. Ils
démontrent qu'avant 1960, l'année de l'indépendance, la
croissance de Kinshasa était contrôlée par l'administration
belge. Cependant, la croissance spatiale après 1960 sera assurée
par les chefs coutumiers en lieu et place de l'État devant les multiples
crises politiques. Actuellement, les banlieues de Kinshasa connaissent un fort
dynamisme démographique, mais ces espaces sont confrontés au
manque d'équipements collectifs et la centralité devient ainsi
forte. Ce qui leur permet de conclure que l'impact qui découle d'un tel
développement urbain sans planification nécessite qu'on revisite
la question du schéma de planification spatiale de Kinshasa.
Clara Rubin (2015) dans son étude sur « Les
marchés africains » mentionne que : l'espace qu'occupe le
marché ne se résume pas seulement au bâtiment principal,
mais englobe toute une portion de ville. Les nombreuses boutiques et
installations de vendeurs, qui se sont installés à
l'extérieur du marché, engendrent un espace public urbain qui se
métamorphose constamment. C'est le cas de notre aire d'étude qui
environne le marché central de Kinshasa et qui subit toute forme de
renouvellement urbain anarchique. C'est ainsi que dans l'idéal, le
développement des activités commerciales dans le pôle
commercial zando devrait suivre un plan directeur et non pas s'étendre
chaotiquement.
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