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Recherche de l'impact de la pollution par l'ozone sur la croissance radiale du pin cembro -pinus cembra l. dans le massif du Mercantour Aalpes maritimes, France). approche dendroclimatologique.


par Florent Fournier
Université de Droit, d’Economie et des Sciences d’Aix-Marseille III - DEA (Master 2) 2001
  

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4.3. Quelle influence de la pollution par l'ozone sur la croissance radiale ?

La difficulté est grande d'isoler le facteur pollution par l'ozone des autres facteurs susceptibles d'intervenir sur la croissance radiale annuelle des arbres.

La croissance radiale estimée des cernes étant significativement inférieure à la croissance réelle durant la période « polluée » pour 2 populations sur 5, il semble difficile de relier catégoriquement une éventuelle diminution des largeurs à une augmentation du niveau de pollution atmosphérique (ozone en particulier).

Cette difficulté tient au fait que la croissance des cernes subit les effets de multiples influences :

> L'âge, regroupant des facteurs internes propres à chaque individu. Les mécanismes physiologiques normaux de vieillissement des arbres s'accompagne souvent d'une dégradation de l'état du houppier. (Dalstein, 1999) ;

> La compétition interspécifique (vis à vis du mélèze notamment) ;

> L'environnement local (conditions stationnelles). Le micro-environnement où pousse chaque arbre est plus ou moins favorable à sa croissance, dès sa naissance et tout au long de sa vie. L'état de santé des houppiers pourrait traduire ces différences stationnelles. La pauvreté des sols type Ranker sur un substratum cristallin (carences en éléments nutritifs, tels que magnésium, azote et potassium), pourraient constituer un facteur prédisposant local. Les jaunissements pour les populations étudiées ici sont visibles alors que le substratum est de type cristallin ou gréseux. Tout se passe donc comme si les difficultés d'alimentation jusqu'ici chroniques étaient brusquement mises au grand jour sous l'influence d'un facteur nouveau. Le jaunissement des

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aiguilles serait déclenché et aggravé par des conditions climatiques défavorables de ces dernières années (faibles enneigements hivernaux, enneigements tardifs au printemps, fortes chaleurs et sécheresses estivales), et par les concentrations croissantes d'ozone dans l'atmosphère durant l'été. De plus, les dépôts acides pourraient induire l'apparition de difficultés d'alimentation en magnésium et calcium sur les sols pauvres, extériorisés par les jaunissements.

D'autre part, l'augmentation du taux de CO2 atmosphérique depuis le début de l'ère industrielle pourrait masquer l'effet négatif de l'ozone sur la croissance. Il a été constaté une augmentation significative de la largeur des cernes (pour une même classe d'âge) d'un millimètre par an depuis le milieu du siècle dernier pour une population de pin cembro de l'étage subalpin du Tyrol Autrichien (Nicolussi et al., 1995). De plus, l'augmentation continuelle du CO2 dans l'atmosphère, en entraînant une fermeture partielle des stomates, pourrait limiter l'impact de l'ozone sur les arbres.

Les entrées azotées atmosphériques (nitrates et ions ammonium) contenues dans la pluie ou les dépôts secs azotés, en constante augmentation ces 20-30 dernières années, pourraient également constituer un stimulant de la croissance. (Nicolussi et al., 1995).

Il existe cependant de fortes présomptions pour que les symptômes observés (atteintes des membranes cellulaires des aiguilles) soient dus à l'ozone (Dalstein, 1997). De plus, la diminution de la variabilité inter-annuelle des résidus à partir des années 1970 pour la population Salèse 2 (la plus touchée) pourrait signifier un impact de plus en plus important des taux d'ozone sans cesse croissants. En effet, l'augmentation du taux d'ozone s'est accélérée ces 15-20 dernières années en passant de +1.6 % à + 2.4% par an (Le Cloirec, 1998) (figure 1). En ce qui concerne l'analyse des largeurs des cernes, pour les populations Salèse 2 et Prals, la croissance réelle a été significativement inférieure à la croissance potentielle pour la période 1984-1985 jusqu'en 1992 (Prals) et 1998 (Salèse 2). L'hypothèse forte que l'on peut émettre est qu'il existe une interaction entre les effets du climat et l'impact de l'ozone. Les dépérissements, les défoliations, caractériseraient donc en partie au moins, des « réajustements » parfois brutaux mais normaux en réponse à des stress climatiques. Les effets de l'ozone et des dépôts acides humides, occultes (nuages, etc) et secs entreraient en interaction avec l'influence à moyen terme (quelques années) et à long terme des cycles d'années sèches (puisque l'on a vu l'influence prédominante des précipitations sur la croissance au travers des fonctions de réponse). Les effets de la pollution atmosphérique viendraient s'ajouter à ceux du climat et pourraient même agir comme un déclencheur du dépérissement. Des divergences de croissance entre arbres sains et arbres défoliés existent dans les plus vieux peuplements de Forêt-Noire dès la fin du siècle dernier ce qui peut indiquer que le climat a toujours eu une influence primordiale. On notera ainsi que les années exceptionnelles constatées par exemple dans la figure 22 sont à mettre en relation avec des accidents

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climatiques. La chute spectaculaire de la croissance en 1992 a lieu suite à un mois de juin très froid (inférieur à la moyenne-2 fois l'écart-type) et très pluvieux alors que l'hiver a été très sec (non reconstitution des réserves hydriques du sol). On remarquera l'effet des grandes sécheresses de 1949 et 1976. La chute de croissance de 1954 fait suite à un hiver (mois de janvier et février) plus froid que la normale et à un mois de juin plus chaud.

Cependant, l'étendue et l'intensité du dépérissement des années 1980 et 1990 dépasse celle des phénomènes anciens et appelle la mise en jeu d'un autre facteur perturbateur.

Enfin, une conduite sylvicole ancienne localement négligée peut avoir des conséquences néfastes à long terme. Elle peut induire une compétition très accrue pour l'eau et l'engagement d'un processus d'affaiblissement irréversible, accélérés par les sécheresses de 1959, 1962, 1964 puis 19731976. (Becker et al., 1994).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius