3.3.3. Récapitulatif
Tableau 6 : Différences entre les valeurs moyennes des
largeurs mesurées et les valeurs estimées pour les
périodes « non polluées » et « polluées
».
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Largeurs moyennes (1/100e mm)
réelles/estimées
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1932-1966
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1967-1998
|
Différence significative au seuil 95 %
|
Ses
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92.26/80.86
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95.25/75.44
|
Oui (les 2 périodes)
mais dans le sens réel>estimé
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Sal 1
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81.24/79.97
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80.15/81.94
|
non
|
Sal 2
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85.91/81.70
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77.93/80.67
|
non
|
Iso 1
|
71.53/72.05
|
72.65/72.77
|
non
|
Prals
|
116.03/120.5
|
119.67/116.24
|
non
|
Remarque : les différences sont significatives pour des
sous-périodes de la période polluée dans le sens
estimé>réel (populations de Salèse 2 et Prals, cf
§ 3.3.2.) et dans le sens réel>estimé (population de
Prals.
33
4. DISCUSSION
4.1. Les chronologies
Les chronologies du Mercantour présentent un bon
synchronisme visuel confirmé par les tests statistiques. Cela signifie
que les différentes populations réagissent de façon
homogène à un facteur externe commun qui est le climat
régional de la Tinée à la Vésubie. Celui ci semble
donc assez homogène même s'il existe un gradient de
continentalité hydrique du nord-ouest au sud-est.
4.2. Les relations cernes/climat
Les relations cernes-climat fournies par les fonctions de
réponse permettent d'avoir une idée du rôle du climat sur
la croissance des arbres. Mais une relation statistique ne signifie pas
forcement une relation simple de cause à effet : en effet les
différents paramètres climatiques n'ont pas forcément une
action directe et immédiate sur la largeur des cernes. Par exemple, les
précipitations peuvent avoir une action positive sur la croissance des
individus par l'alimentation en eau qu'elles apportent mais aussi par le fait
que, en milieu de montagne, la pluie entraîne une baisse des
températures qui, elles-mêmes, peuvent exercer un effet inverse
sur la croissance des arbres.
Afin d'obtenir une meilleure interprétation des
fonctions de réponse et pour mieux comprendre les mécanismes de
croissance des individus ainsi que l'action spécifique du climat, il est
nécessaire de replacer les différentes populations dans leur
environnement propre et d'y intégrer les connaissances disponibles sur
l'autoécologie et l'écophysiologie de l'essence.
4.2.1. Précipitations et températures
moyennes hivernales
-Les précipitations : Sur la
période octobre t-1-septembre t, la relation est directe entre les
précipitations hivernales et les paramètres largeur totale,
largeur du bois initial et surface des cernes. Cela peut être
interprétée comme une influence positive sur la croissance
radiale des individus, mais différée. En effet, l'arbre entre
progressivement en phase de dormance qui commence à la mi-novembre pour
être complète en décembre. L'arbre est inactif entre
décembre et mars, période pendant laquelle le bilan de CO2 est
quotidiennement négatif (Wieser, 1996).
Les précipitations hivernales ont deux rôles
primordiaux :
> Le premier rôle est de reconstituer les
réserves hydriques du sol utilisées par les arbres lors de la
reprise de l'activité photosynthétique qui aura lieu au cours du
mois d'avril en montagne (Pernin, 1999).
34
> Le deuxième rôle est un rôle de
protection vis à vis de l'arbre (Pernin, 1999). En hiver, les
précipitations tombent essentiellement sous forme de neige et la
couverture neigeuse empêche la température du sol de descendre en
dessous de 0°C (Contini, Lavarelo, 1982). Elle évite donc au sol de
geler et par conséquent évite des dégâts
irrémédiables aux plantes. Les plantes soumises à une
forte dessiccation hivernale (due au vent froid notamment) doivent puiser l'eau
des réserves du sol pour pallier les pertes causées par
l'évapo-transpiration. Le pin cembro possède de nombreuses
adaptations à la vie en conditions extrêmes dont la faculté
de réguler la fermeture des stomates grâce à une
augmentation d'une phytohormone, l'ABA (acide abscissique), dans les aiguilles
(Christmann et al., 1999) pour minimiser les pertes d'eau vers
l'atmosphère. Malgré cela, l'épaisseur de sa cuticule est
mince et entraîne des pertes d'eau importantes qui doivent être
compensées. Si le sol est gelé, l'absorption d'eau du sol et le
transport dans les vaisseaux est interrompu. Les pertes dues à la
transpiration peuvent entraîner des dessèchements mortels. Une
couche de quelques dizaines de centimètres suffit à
protéger le sol contre le gel. De plus la neige, facilement
piégée par les aiguilles groupées par cinq, forme un
volume capable d'isoler l'extrémité de la pousse et les bourgeons
(Tranquilini, 1978).
-Les températures : Les
températures moyennes de décembre et février sont en
relation inverse avec l'épaisseur des cernes, c'est à dire que
plus les températures sont basses (jusqu'à - 2°C) plus les
cernes sont épais.
Des études écophysiologiques montrent que la
dormance dans laquelle l'arbre se trouve en hiver n'est pas sous la dominance
de la photopériode réduite mais serait plutôt d'origine
endogène (Contini, Lavarelo, 1982). Toutefois, le pin cembro peut
continuer à avoir une assimilation notable en hiver dans des conditions
favorables d'ensoleillement (Keller, 1970). Or des températures
élevées en hiver, liées à un fort ensoleillement
peuvent entraîner une hausse de la respiration et de la transpiration qui
mobiliseraient une partie des réserves nécessaires lors de la
période végétative suivante. Cet ensoleillement est
également renforcé par l'action de la couverture neigeuse qui
peut doubler l'énergie reçue (Tranquilini, 1978).
Des températures froides hivernales sont donc
nécessaires à la mise en place du cerne initial au printemps et
agissent comme une véritable « vernalisation ».
Le paramètre largeur du bois final est peu
influencé par les variations inter-annuelles. La largeur du bois final
est en effet très faible par rapport à celle du bois initial et
sa mise en place est rapide ; il est donc difficile de mettre en
évidence d'éventuelles variations inter-annuelles.
35
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