3.2.3. Analyse des données
A partir de notions et de concepts approfondis dans le travail
de recherche, j'ai élaboré un tableau d'analyse (figurant en
annexe N°V) permettant de mettre en lien les points explorés dans
la revue littérature et celle de mes interviews.
La communication est, comme citée dans ma revue
littérature par Vaccaro (2017, p. 1) et lors de mes entretiens,
indispensable et correspond elle-même à un soin. Elle nous permet
« [...] d'échanger en temps réel sur nos faits et
gestes, nos opinions, sensations, émotions » [13]. Sans elle,
on ne pourrait pas s'exprimer ni comprendre de l'autre. Les échanges
n'auraient pas lieu et causeraient des répercussions sur la personne.
Les interviews ont permis de démontrer l'écart des données
sur la connaissance des trois types de communication comme
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dans le livre de Barrier (2019, p. 107) [1], la communication
étant composée du : « verbal, nonverbal et paraverbal.
» Une seule IDE sur trois a cité ces noms cela démontre
que la notion du paraverbal n'est pas connue de tous et aucune des IDE n'a
décrit qu'il s'agissait d'un échange entre un émetteur et
un récepteur comme cité par Vaccaro (2017, p. 1).
Ces concepts ne sont pas connus des IDE certainement parce
qu'elles n'ont pas eu de formations sur les déficiences auditives. La
seule des IDE qui connaissaient les trois types de communication avait
réalisé une formation sur la communication et le positionnement.
Malgré cela, toutes les trois utilisent les trois types de communication
dans leur travail et elles sont dans l'échange entre un émetteur
et un récepteur. Ainsi, même si elles ne connaissent pas les
termes théoriques, elles les appliquent au quotidien avec les
résidents.
Pour les trois IDE, la communication est indispensable et
primordiale car elle instaure un lien de confiance entre soignant et
soigné et permet une meilleure adhésion aux soins, concept du
relationnel cité par Rivaldi. Pour chacune des IDE, il faut mettre en
place des stratégies de communication adaptées aux pathologies
rencontrées et adaptées aussi à la personne
soignée. Cette communication permet le positionnement du soignant par
rapport au soigné avec un lien direct entre eux, comme
préconisé dans le rapport de INPES et CNSA (2012). Les trois
infirmières ont rajouté la notion des troubles cognitifs qui
impacte la communication avec le résident car il ne sera plus en mesure
de comprendre le soignant et on ne peut pas savoir s'il nous a
réellement compris.
Pour la différence entre sourd et malentendant, les IDE
ont des notions personnelles. Leurs conclusions sont presque similaires
à mes recherches documentaires mais traduites avec leurs mots, comme
celles citées dans ma revue littérature par l'UNISSON. Il en
résulte que les sourds n'ont pas d'audition et que les malentendants peu
d'audition, ce qui provoque une mauvaise compréhension entre soignant et
soigné. L'échange entre les deux parties va être
compliqué et sera souvent répété par le soignant.
La définition de l'OMS et les types de surdités cités par
la fondation de recherche médicale n'ont pas été
cité par les trois infirmières. Les déficiences auditives
restent une notion peu abordée dans la profession et les formations,
surtout la notion de « pré ou post linguale » (Lazard
et al., 2018, p.9) [3].
Les résidents d'EHPAD représentent une
population vieillissante qui subit des dégénérescences
sensorielles dues à l'âge dont les déficiences auditives.
Comme cité par Ie site de l'INSERM [20] : « Une personne sur
deux à partir de 75 ans présenterait des troubles de l'audition.
» Dans les EHPAD, la plupart des personnes qui souffrent de ces
déficiences sont devenues sourdes ou malentendantes ce qui cause un
problème au niveau de la communication car elles sont sujettes à
des difficultés pour s'exprimer et comprendre. De plus,
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la plupart des personnes âgées sont
polypathologiques rendant la communication encore plus complexe.
La communication deviendra difficile avec toutes les personnes
car « elle ne peut participer discussions, qui la fatiguent et
l'énervent [...]. Elle se sent mise à l'écart et pense que
les autres parlent d'elle, la critiquent, se moquent ou lui en veulent
» (Fisanne, 2022, p.12). Ces notions ont été
cité par les trois infirmières dans leurs interviews.
Ce problème a été accentué avec le
port du masque, le bas du visage est caché, on ne sait plus qui parle.
Auparavant, le langage labial aidait avec le mouvement des lèvres et on
voyait l'expression du visage. Tout comme l'exemple donné par l'IDE 2
par rapport à sa collègue malentendante ainsi que dans ma revue
littérature.
Les conséquences ont été pour les trois
infirmières : isolement et solitude de la personne. La personne se
sentira mise à l'écart, et va, au fur et à mesure, se
retirer du milieu social En effet, elle ne peut plus communiquer et ne peut
plus comprendre ceux qui veulent communiquer avec elle. Comme le précise
l'IDE 3, chaque geste de la vie quotidienne va être compliqué,
pouvant aller jusqu'au refus de soin. Dans les faits énoncés par
les trois infirmières, on peut remarquer que ce manque de communication
peut aggraver l'état de santé du résident. Elle peut
créer pour la personne de graves troubles, avec de
l'anxiété et un mal-être qui va conduire à un
syndrome dépressif et un isolement. Le résident se sentira dans
une solitude qui peut être totale allant jusqu'au syndrome de glissement.
Tous ces concepts se retrouvent dans ma revue littérature dans la partie
des conséquences et dans l'isolement des EHPAD induit par la
covid-19.
Comme citées dans ma revue littérature par OMS,
les restrictions sanitaires qui ont dû être prises pour lutter
contre la covid, ont accentué rapidement l'aggravation de l'état
de santé de certains résidents. En effet, il a fallu lutter
contre un virus et appliquer très rapidement des gestes barrières
qui ont modifié et énormément diminué la
communication entre soignés et soignants, isolant certains
résidents du monde social. Comme l'explique l'IDE 1, le rôle du
soignant fut d'éviter l'isolement des résidents en utilisant
différentes stratégies afin de garder un minimum de
communication, base indispensable pour l'adhésion aux soins et une
santé mentale.
Il y a des aides et moyens qui sont mis en place dans les
EHPAD afin d'améliorer la communication entre les soignants et les
soignés pour les personnes souffrant de troubles auditifs. Ces moyens
sont cités dans ma revue de littérature par le rapport de INPES
et CNSA (2012). Ils sont repris par les trois infirmières avec notamment
une communication non-verbale (gestuelle, lecture labiale, vibration, ...), des
supports (casques d'augmentation de sons, appareils auditifs, ...) et des aides
extérieures (orthophonistes, prothésistes, associations, ...).
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L'IDE 2 a parlé de sa collègue qui est
malentendante, on peut remarquer que les symptômes décrits par
l'infirmière sont similaires à ceux des résidents. La
covid l'a coupée de la communication, elle ne reconnaissait plus qui
parlait. Elle avait la sensation de moqueries et a eu des moments d'angoisse. A
plusieurs reprises, elle s'est mise dans sa bulle pour s'isoler en coupant ces
appareils.
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