3.2.2. Traitement brut des données
collectées
Cette partie reprend le contenu des entretiens où
figure les points de convergence et de divergence des interviews des
professionnelles d'EHPAD.
- Question N°2 : En demandant aux trois
infirmières de définir la communication, bien que le vocabulaire
employé soit différent, toutes se rejoignent sur l'idée
des points de convergence, qui sont : « l'importance de la communication
dans notre métier » et qu'il s'agit d'une
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« interaction avec une personne ». La divergence des
données compose les types de communication, sur les trois entretiens,
une seule infirmière m'a donné les trois types, les deux autres
m'ont donné la communication verbale et non-verbale.
- Question N°3 : Pour la différence entre
les deux termes, les trois infirmières rejoignent leurs idées sur
les malentendants qui ont peu d'audition et qui ne comprennent pas ce qu'on
leur dit. Elles ont dit que la personne sourde n'entendra rien mais leurs
idées divergent sur les éléments correspondants. L'IDE 1
dit qu'un sourd « aura une communication verbale nulle. » et l'IDE 2
: « il peut avoir des bruits internes, propre à son corps.
»
- Question N°4 : Lors de la question sur la
définition de la surdité et ces différents types, les
réponses divergeaient. L'IDE 1 et 3 se sont retrouvées sur le
terme sur « la surdité est de naissance ou acquise ». L'IDE 2
a dit qu'il s'agit du moment où la personne entend moins bien et que
« c'est la première surdité qui est la plus grave et que la
personne entendra le moins ». Les professionnels ont eu du mal à
formuler une réponse claire et les points de vue divergeaient et aucune
des IDE n'a cité les termes exacts.
- Question N°5 : Pour les conséquences et
les risques sur le quotidien, les trois infirmières ont verbalisé
« l'isolement et la solitude de la personne » ainsi que la personne
ne tentera plus de communiquer avec les autres résidents ou les
soignants car elle ne sera jamais comprise. Pour la suite des données,
les idées divergeaient, mais les trois IDE ont eu des réponses de
représentation et de projection sur la personne de leur
établissement et leurs expériences. L'IDE 1 à rajouter :
« le regard d'autrui va être pesant. La personne peut
développer un syndrome dépressif et devoir parler aux autres peut
la rendre mal à l'aise. Le rôle en tant que soignant est de
veiller à ce que la personne ne s'isole pas et continue de parler. Les
gestes et les attitudes envers la personne vont être importants, car ils
permettent que la personne se sente acceptée. » L'IDE 2 à
dit : « le sentiment d'être perdu et de tristesse. Le refus de soin
du résident car la communication fait 50% du soin » car il risque
d'être surprise lors d'un soin invasif et il sera agressif par peur des
autres soins. L'IDE 3 : « Chaque geste de la vie quotidienne va devenir
compliqué. Elle va vivre dans son monde comme dans une bulle. Elle ne
pourra plus rien demander car elle ne sera jamais comprise. La langue des
signes est peu connue et même si la personne utilise la lecture sur les
lèvres et comprend ce que l'on dit, pour s'exprimer ça va
être difficile. »
- Question N°6 : Concernant l'importance de la
communication, les trois infirmières ont dit qu'elle est primordiale
dans notre métier, elle permet d'instaurer une relation
soignant-soigné et un lien de confiance dans la prise en charge avec les
résidents. L'IDE 1 et 3 ont dit qu'il faut « mettre en place des
stratégies de communication adaptées aux pathologies
rencontrées » ainsi qu'au « caractère » de chaque
résident. La gestuelle et la posture vont être importantes
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ainsi que le sourire. L'IDE 2 et 3 ont rajouter que la
communication permet « l'adhésion aux soins ». Les points
divergents de l'IDE 1 sont : « qu'il y a des jours ON et des jours OFF,
pour tout le monde. Mais arriver dans la chambre d'un résident et ne pas
avoir le sourire du matin et le petit bonjour enjoué, c'est
inconcevable. » De plus, afin d'instaurer un lien plus proche et
créer une confiance, l'IDE 1 elle va « demander l'autorisation
» à certains résidents avec lesquels elle a un lien plus
fort, « de les appeler par leur prénom » au lieu de leur nom
de famille. L'IDE 3 a dit que la communication avec les masques est complexe,
« mais il y a d'autres façons de s'exprimer que la parole.
»
- Question N°7 : Concernant les risques et les
conséquences liés à une non communication avec un
résident. Les trois infirmières ont verbalisé que «
le lien de confiance va être perdu ou non créé » et
qu'il n'y aura « plus aucune interaction » avec la personne. L'IDE 1
et 2 ont rajouté « la non-adhérence au soin » conduit
« au refus de soin. » L'IDE 2 a dit en complément « de
l'agressivité de la personne. » L'IDE 3 a divergé dans ces
idées, elle a parlé « des personnes qui possèdent des
appareils auditifs mal réglés, qui n'entendent plus. » On
peut essayer « d'articuler en baissant le masque pour qu'ils essaient de
lire sur les lèvres. Ça engendre de la frustration et de
l'énervement chez nous, chez eux. En tant que soignant on sera
dépassé. » Alors que des techniques tel que : «
écrire gros sur un papier, nettoyer les appareils, déboucher les
oreilles ou un nouvel appareil. »
- Question N°8 : Pour la question relative aux
résidents qui sont en situation d'isolement lié à une
communication déficiente, la réponse est propre à chaque
établissement. Les trois infirmières disent avoir peu de
résidents qui sont dans ce cas et principalement ils ont une pathologie
en cause. L'IDE 1 a verbalisé « on essaie que tous les
résidents se sentent bien et à l'écoute. Même s'ils
ont des troubles de la parole ou de l'aphasie, on mettra des stratégies,
avec des animations, on les promènera. Le but, c'est qu'aucun
résident ne soit seul dans son coin, c'est notre rôle. »
L'IDE 2 : « certains résidents ne supportent pas les appareils, car
ça leur fait mal ou sont habitués au fait de ne pas entendre.
» Il a une personne avec une surdité assez forte ainsi qu'une
démence. « La communication est difficile avec elle donc elle se
sent très seule. Elle sait signer mais nous non et elle lit sur les
lèvres mais c'est compliqué avec la covid. Du coup, elle est un
peu seule donc on va la chercher. » L'IDE 3 a un de ses résidents
qui a eu « un AVC et développé une aphasie de Wernicke.
» Il a des « gestes de colères et de frustration d'être
incompris. Même en tant que soignant, on ne sait pas s'il nous comprend
réellement. » Certains ont « des troubles cognitifs » et
la communication est complexe. Les appareils auditifs ne fonctionnent pas
correctement et la personne sera « frustrée avec des moments
d'agressivité. On essaie de trouver les causes : oreilles
bouchées par des bouchons de cérumen. En tant que soignant, c'est
frustrant et compliqué. On utilise des autres
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approches, avec de la gestuelle ou pour réveiller le
matin, on donne un coup dans le lit pour qu'ils comprennent par la fibration.
»
- Question N°9 : Concernant la prise en charge
de déficience auditive, l'IDE 1 et 3 ont répondu qu'elles ont des
malentendants mais qu'elles n'ont pas rencontré de personnes sourdes.
L'IDE 2 a aussi des résidents malentendants et elle a déjà
eu des sourds. Les trois infirmières ont parlé des
stratégies à mettre en place telles que : « le parler fort,
la gestuelle, lecture labiale et les pictogrammes. L'IDE 1 a dit que pour les
malentendants : « avec l'âge la capacité d'audition de la
personne se détériore et c'est normal. » Certains
résidents « ne supportent pas les appareils et les retire
même si on lui propose de les changer ils refusent, pour autant ils
sortent et ne sont pas isolés. » L'IDE 2 : « Les sourds
qu'elle a rencontrés viennent avec des gens qui signent, ont des
pictogrammes, ou à rigueur lire sur les lèvres. » L'IDE 3 :
« Le déchiffrage des lèvres avec les masques c'est
compliqué. On peut mettre un masque transparent, parler plus lentement
pour la lecture sur les lèvres. »
- Question 10 et 11 : Les trois infirmières
n'ont pas su répondre à la question sur la sensibilisation des
déficiences auditives durant la formation initiale et aucune IDE n'a eu
de formation sur les troubles auditifs dans son établissement. L'IDE 1 a
eu une formation sur la communication en générale et le bon
positionnement. Elle aimerait apprendre la LSF avec son nouveau-né. Les
trois infirmières ont dit qu'elles aimeraient apprendre les mots de
bases du LSF.
- Question 12 : Plusieurs moyens similaires ont
été donnés : la lecture labiale, les pictogrammes, la
gestuelle, l'articulation, le parler fort, les casques d'augmentation le son,
l'écriture et le nettoyage des appareilles auditifs. Elles baissaient le
masque, dans le respect des distanciations et l'accord des famille, pour la
lecture labiale de certains résidents en difficulté de
compréhension. Elles ont essayé le masque transparent mais ce ne
fut pas concluant dû à la buée. Les trois
infirmières travaillent en partenariat avec des prothésistes,
ainsi qu'une orthophoniste. Les IDE m'ont dit que l'on peut utiliser la LSF
mais aucune ne connait d'association régionale ou de personnes qui
savent signer et ni des numéros de téléphone
d'interprètes. L'IDE 1 a décrit la technique de la « maladie
de Charcot, avec les yeux, on peut écrire sur une tablette. » L'IDE
3 : « On essaie d'attirer l'attention de la personne avant de lui parler
(ex : coup sur le meuble pour faire de la vibration). » Elle nettoie les
appareils elle-même et elle débouche les bouchons de
cérumen des oreilles avec un otoscope.
- Question 13 : Les besoins des IDE pour
répondre aux difficultés de communication avec les personnes
malentendantes. Elles aimeraient avoir des formations sur les
déficiences auditives ou sur la LSF, ainsi que des informations sur les
associations ou les interprètes. Elles ont dit qu'il existe toujours
« des solutions pour communiquer avec les personnes, peu importe la
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pathologie, il suffit de montrer que l'on essaye des
techniques afin de trouver la bonne. » L'IDE 1 aimerai avoir d'autres
casques pour augmenter le son de la télé. Ainsi que du
professionnel formé et des prothésistes et des orthophonistes
supplémentaires. L'IDE 2 : « Je pense que le jour où l'on
est face à ces personnes sourdes, on est bloqué autant eux, que
nous. Car on communique, avec eux différemment. Donc qui communique
normalement ? »
- Question 14 : Dans la dernière question, sur
l'induction d'isolement supplémentaire des résidents avec un
handicap auditif avec la covid-19, les trois infirmières ont
convergé leurs propos. Il a apporté « du stress et de
l'anxiété pour les résidents et pour eux ». Ce ne fut
pas uniquement « les résidents en déficience auditif »
qui furent toucher par l'isolement. « L'ensemble des résidents ont
compris rapidement ce qui se passait mais le plus dur fut au début avec
le port du masque car ils ne voyaient plus notre visage ». Même si
« le masque a été une barrière à la
communication », les résidents et les professionnels ont «
réussi à s'adapter. Les établissements ont acheté
des tablettes pour faire des visio avec les familles, c'est bien pour les
entendants mais les malentendants c'est plus complexe. » Tous « les
salons des visites ont été réaménagé avec
des vitres » et des masques disponibles pour les familles avec du gel
hydroalcoolique à l'entrée. Principalement, elles ont «
séparé les secteurs de soins afin que les résidents »
soient libres de bouger et voir du monde en les protégeant. Les
résidents ont été vacciné et les professionnels
aussi. Les trois infirmières ont décrit « le syndrome de
glissement » est le risque principal de l'isolement des résidents
pendant la covid. Elles ont fait « attention au repérage des signes
» et ont mis des actions : « contact humain, passage régulier,
lien des familles, visites des proches, promenades, animations, visio, attentif
au besoin. Pour l'IDE 2 qui a sa collègue malentendante, elle a dit que
la covid l'a coupée de la communication comme beaucoup de
résidents car elle ne reconnaissait plus qui parlait. Elle pensait que
souvent on se moquait d'elle. Elle a eu des moments d'angoisse et elle s'est
isolée à plusieurs reprises en coupant ces appareils. Elle
était dans une bulle de barrière d'isolement.
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