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Les sociétés anonymes dans la législation haïtienne. Entre favoritisme et rigorisme.


par Maniela SEJOUR
Université d'Etat d'Haiti - Licence en droit 2012
  

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3- Pour une fiscalité plus souple et équitable

Un adage courant énonce que : « Trop d'impôts tue l'impôt ».Cette formule a été théorisée par Arthur Laffer, économiste américain de l'école de l'offre. Cet auteur de la courbe de Laffer qui modélise les rentrées fiscales en fonction du taux d'imposition, estime qu'au-delà d'un certain niveau d'imposition, l'optimum, les recettes fiscales diminuent car la baisse d'activité ne compense plus l'augmentation d'imposition (ces recettes étant nulles pour les taux d'imposition 0

1- ALESINA, Alberto, et PEROTTI, Roberto: Fiscal Adjustments in OECD Countries: Composition and Macroeconomic

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ou 100 %). Lorsque la pression fiscale augmente trop, les acteurs économiques cherchent des moyens de la compenser :

a) En cherchant dans la complexité des règles du système fiscal des dispositifs fiscaux plus favorables à leur cas ;

b) En émigrant vers des pays où la fiscalité est moindre (comme les paradis fiscaux) : c'est l'évasion fiscale ;

c) En fraudant (par exemple en falsifiant leur comptabilité ou par des fausses déclarations définitive d'impôt) ;

d) En réduisant leur activité pour payer moins d'impôt, ou en l'augmentant pour garder le même niveau de vie malgré l'impôt.

Florin Aftalion en donne une illustration au début des années 2000 aux États-Unis : la réduction des taux d'imposition des plus-values et des dividendes appliquée en 2003 est allée de pair avec une hausse des recettes fiscales de 8 % en 2004 puis 9% en 20051.Tout cela pour dire qu'en faveur des sociétés anonymes, l'Etat Haïtien peut adopter une politique fiscale en adéquation avec ses velléités de développement. Il s'agit d'articuler une politique qui inclurait dérogation, justice et neutralité fiscales.

Une niche fiscale, ou dérogation fiscale, ou abri fiscal, peut être, soit une disposition fiscale qui permet de payer moins d'impôts lorsque certaines conditions sont réunies, soit une lacune ou un vide législatif permettant d'échapper à une catégorie d'impôt de nuisance sans être en infraction avec la loi. Elle peut concerner les revenus les plus faibles qui sont alors exonérés, certaines corporations, en compensation d'obligations pour soutenir l'activité ou sous la contrainte des pressions catégorielles ; une incitation à investir dans tel ou tel secteur économique. On veut parler des dispositions fiscales et non des lacunes législatives. Cette alternative serait en adéquation avec un régime fiscal plus favorable pour les sociétés anonymes qui sont très discriminées par rapport au fisc.

La justice fiscale ou le principe d'équité demande le même effort à tous les contribuables. Il peut prendre deux formes : l'équité verticale et l'équité horizontale. L'équité verticale module

1- FLORIN, Aftalion : L'Economie de l'offre se porte bien, Economica, Paris 2005

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l'imposition en fonction de la « capacité contributive », exigeant un impôt plus important aux personnes les plus aisées. Il motive l'impôt progressif . L'équité horizontale impose un traitement équivalent à une situation équivalente. Il s'oppose aux exonérations catégorielles. A défaut d'attribuer le même régime fiscal à toutes les sociétés commerciales (ce serait trop facile !), le législateur peut appliquer le principe d'équité en matière d'imposition. Les sociétés anonymes en seraient soulagées.

La neutralité fiscale suggère l'idée que l'Etat ne devrait pas avoir d'état d'âme en matière d'impôt. Son objectif premier étant de se doter de mesures et de politiques fiscales qui attireront les investissements et provoqueront à coup sûr le développement économique. C'est vrai que l'impôt doit influencer le comportement des acteurs économiques en les dissuadant ou en les encourageant, mais c'est également vrai que le pays a besoin d'investisseurs haïtiens et étrangers pour contribuer à son développement. Et cela, seule la neutralité fiscale peut porter l'Etat à se départir de ses préjugés pour accueillir convenablement les futures sociétés anonymes d'Haïti ou qui seront implantées en Haïti.

Ce chapitre montre une fois de plus, une fois de trop, que la législation haïtienne en vigueur sur les sociétés anonymes a un double visage. Il accorde quelques privilèges fiscaux et douaniers (franchises, exonérations, dispenses) mais, simultanément, elle s'empresse de réduire les libertés en consacrant des rigueurs opposables uniquement aux sociétés anonymes (double imposition, tarif d'imposition...). C'est à croire que la législation concède des particularités pour tout ce qui a trait aux sociétés anonyme. Pourtant, il suffirait de moderniser et d'harmoniser les mesures et politiques applicables aux sociétés anonymes pour durcir ou adoucir le ton.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera