La littérature économique distingue plusieurs
leviers susceptibles de faire accroitre la productivité agricole parmi
lesquels nous distinguons la recherche, la formation, la qualité des
ressources (main d'oeuvre, terres, outils), les infrastructures, l'innovation
technique, etc.
D'un point de vue théorique, l'innovation technique et
organisationnelle a un effet positif sur la productivité des
exploitations agricoles (Mounier 1992). L'innovation à son tour
dépend non seulement du niveau de diffusion des techniques agricoles
à travers les formations dans le milieu rural, mais aussi de la
capacité des agriculteurs à les assimiler (niveau d'instruction,
expérience, etc) et à les mettre en pratique (facteurs financiers
et économiques). Dans l'histoire de l'agriculture, une relation directe
entre innovation technique et productivité a également
été mise en exergue.
Les deux révolutions agricoles qu'a connues l'Europe
au XVIIIème et au XIXème siècle, en
raison des fortes croissances de la productivité qui y ont
été enregistrés, permettent de mieux saisir l'ampleur de
la contribution de l'innovation technique à la croissance de la
productivité agricole. La première, survenue en Angleterre, a
été conditionnée par l'adoption des cultures
fourragères et les pratiques de restauration des sols (Bairoch, 1989).
La seconde intervient dans un contexte de recherche et développement
dans le domaine agricole. Ces recherches ont favorisé la mise en oeuvre
de nouvelles pratiques agricoles: semences performantes, mécanisation,
utilisation d'intrants chimiques, etc. Entre 1800 et 1850, en Europe, le
rendement du blé passe de 8 quintaux par ha à 8,8 quintaux par
ha, soit un accroissement annuel de 0,2% (Bairoch, 1989). Entre 1850 et 1910
l'Europe a enregistré un taux de croissance annuelle du rendement
d'environ 0,4%.
Au XXème siècle, il est plutôt
question de la révolution verte qui a démarrée en Inde en
1966 pour ensuite se propager dans plusieurs régions du continent
asiatique et américain. Cette révolution,
caractérisée par une intensification de l'agriculture, a
entrainé une augmentation considérable de la production (Charles,
2004). Cependant une dégradation et un appauvrissement des terres
s'en
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
sont suivis. Afin de maintenir le niveau de la production
stable, en 1994, les dirigeants de la Commission de la Recherche Agricole
Internationale (CRAI) définirent des axes de résolution du
problème de décroissance du rendement. Parmi ces axes
apparaissaient l'adoption de techniques agricoles visant à restaurer la
fertilité du sol par l'utilisation des matières organiques, la
conservation de l'humidité des sols et la gestion des ressources en
eau.
La productivité décrit une relation entre
outputs obtenus et inputs utilisés dans un processus de production.
Cependant, cet indicateur ne tient pas compte de l'environnement dans lequel a
lieu ce processus. L'environnement désigne ici l'ensemble des
éléments susceptibles d'influencer le niveau de production sans
faire partie des facteurs de production (exemple : aléas climatiques,
organisation du travail, cadre social et institutionnel, etc). C'est en cela
que la notion d'efficacité devient indispensable pour une analyse
complète du processus de production.
Les notions d'efficacité économique,
technique et allocative
Dans cette partie, nous développerons les
différents éléments nécessaires à l'analyse
de l'efficacité économique. Il s'agira de définir a priori
les notions d'efficacité économique, technique et allocative et
ensuite de faire ressortir les différents développements
théoriques et empiriques faits sur les déterminants de
l'efficacité dans le domaine de l'agriculture.
Développement théorique sur
l'efficacité VII.1.1 Définitions
Les premiers développements sur la notion
d'efficacité économique ont été faits par Koopmans
(1951). De façon générale, elle mesure la capacité
d'une entreprise à utiliser une technologie donnée de
manière adéquate afin d'obtenir les résultats
souhaités. L'efficacité économique se compose de deux
types d'efficacité : une efficacité allocative et une
efficacité technique.
Selon Koopmans (1951) un plan de production choisi par une
firme est techniquement efficace : « si l'augmentation de n'importe
quel output requiert la diminution d'au moins un autre output ou
l'accroissement d'au moins un input, et si une réduction de n'importe
quel input requiert l'élévation d'au moins un autre input ou la
réduction d'au moins un output.». Cette définition
rejoint d'une part la théorie parétienne2, d'où
le terme « efficacité Pareto-Koopmans » donné par
2 Notion d'équilibre de Pareto
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
certains auteurs (Thanassoulis, 2001 et Ray, 2004).
L'efficacité technique permet de mesurer la capacité d'une
entreprise à pouvoir atteindre un niveau maximal de production,
étant donné une quantité d'input, sans tenir compte du
marché des facteurs de production.
Quant à l'efficience allocative, elle mesure les
compétences du producteur dans le choix des combinaisons d'inputs
optimales en fonction de la situation du marché des facteurs de
production. La question qui se pose à ce niveau est la manière
dont ces indicateurs doivent être déterminés lorsque nous
sommes face à des données empiriques.