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Barrières et opportunités à  l’adoption des techniques de CES/ DRS au Burkina Faso, dans la zone sahélienne.


par IsraàƒÂ«l SAWADOGO
Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique  - Diplôme d'Ingénieur Statisticien Economiste 2016
  

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II.1.2 La théorie de l'action planifiée

La théorie de l'action planifiée est une extension de la théorie de l'action raisonnée. Elle a été développée par Ajzen (1991). L'apport majeur de cette théorie est la prise en compte des perceptions de l'individu sur les capacités dont il dispose pour atteindre ses objectifs. Selon Ajzen(1991) l'intention d'adoption d'un comportement donné est aussi influencée par la perception du contrôle sur celui-ci. La perception du contrôle sur le comportement regroupe principalement 4 aspects : les ressources disponibles, les capacités personnelles, les opportunités éventuelles, la perception de l'importance des résultats possibles. La notion de perception du contrôle sur le comportement présente des similitudes avec celle de l'auto-efficience développée par Bandoura (1982). En effet, selon cette théorie, la croyance qu'un individu a de sa capacité propre à mener une action influence considérablement la décision d'adoption d'un comportement donné. Ainsi la décision d'un individu d'entreprendre une action va dépendre de trois facteurs : ses croyances, les normes subjectives et la perception du contrôle.

Dans le domaine de la recherche sur les questions d'ordre agricole, les déterminants sociologiques du comportement de l'individu seront combinés avec les déterminants d'ordre économique pour

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étudier la décision d'adoption des techniques de conservation et de défense des eaux et sols prise par les agriculteurs.

Travaux empiriques sur les déterminants du choix d'adoption des CES/DRS

Les théories précédemment évoquées permettent de faire ressortir généralement les déterminants du choix d'un individu de mener une activité donnée. Elles ont donné lieu à plusieurs travaux visant à expliquer les processus de prise de décision des individus dans plusieurs domaines (santé, consommation, psychologie, sociologie, etc.). C'est ainsi que certains travaux se sont intéressés à l'étude des facteurs qui influencent la décision du producteur agricole d'adopter une technique donnée.

Depuis 1980, avec la mise en place des projets de vulgarisation des pratiques de conservation et de défense des eaux et sols, plusieurs études se sont penchées sur les facteurs qui influencent les décisions d'adoption de ces techniques. Généralement, ces études se focalisaient sur les facteurs d'ordre comportemental, sociodémographique, biologique, physique et économique.

Les études menées par Rahm et Huffman (1984) et Barbier (1990) étaient basées sur les facteurs physiques tels que la position de la parcelle cultivée, son degré d'inclinaison et le type de sol qu'on y retrouve. Ces études ont pu faire ressortir l'influence de ces facteurs physiques et environnementaux sur la décision d'adoption des techniques de conservation et de défense des eaux. Par ailleurs, Featherstone et al. (1993) ; Norris et Batie (1987) montrent que l'âge du responsable des activités sur la parcelle affecte considérablement la probabilité que celui-ci adopte une technique de conservation de sol. Ervin (1982) aboutit à la même conclusion avec le niveau d'instruction. D'autres études menées à partir de 1998 ont montré que le niveau d'information de l'agriculteur sur les problèmes d'érosion influence positivement ses intentions d'adopter l'utilisation des techniques de conservation de sol (Traoré et al. 1998 ; Anim 1999 ; Thurow 2000).

Les facteurs économiques et financiers sont examinés par Norris et Batie (1987) et Gould et al. (1989). Ces études ont établi un lien entre l'adoption des techniques de conservation des sols et certains facteurs économiques et financiers tels que les sources de revenu (revenus provenant de l'activité agricole et revenus externes) du producteur agricole et son aversion au risque. Elles montrent que les revenus issus de l'activité agricole influencent positivement la décision d'adoption tandis que les revenus externes l'influencent négativement.

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Francis (1986) a cherché à expliquer les décisions d'adoption des techniques de conservation de sol par les caractéristiques foncières de la terre et les facteurs d'ordre organisationnel et institutionnel. Il s'agit du statut du responsable en termes de détention de la parcelle, de l'appartenance de l'unité de production à un groupement de producteurs et de l'assistance technique. Les analyses ont conclu que l'inefficacité du régime foncier influence négativement et significativement la décision d'adoption des pratiques de conservation (Lee et Stewart, 1983) tandis que l'appartenance à un groupement de producteurs l'influence positivement.

La décision de pratiquer les techniques de conservation est expliquée par Foltz (2003) à travers un modèle à choix binaire :

Il pose Y la variable dépendante représentant la décision de l'agriculteur. Y = 1 s'il adopte, 0 sinon. Il considère ??(A, X, H) comme le niveau d'utilité du producteur agricole caractérisé par les paramètres A, X et H. A désigne les actifs agricoles, X représente l'ensemble les facteurs sociodémographiques et H permet de capter les préférences de l'agriculteur. L'objectif de ce modèle est de faire ressortir l'impact des différents facteurs sur la probabilité d'adoption des techniques de conservation en ayant recours à une régression logistique.

Cependant, de tels modèles ne prennent pas en compte l'entretien des sites construit dans le cadre de l'adoption des techniques de conservation des eaux et sols. Néanmoins, Santos et al. (2000) ont tenu compte de cette dernière composante dans l'étude de la décision d'adoption des cordons pierreux en Honduras.

Par ailleurs, certaines études menées sur les techniques agricoles se sont intéressées à l'intensité d'utilisation des techniques de conservation des eaux et sols. C'est ainsi que Baidu-Forso (1999) utilisera un modèle Tobit afin de déterminer l'influence de facteurs d'ordre économique, démographique et physique sur le niveau d'adoption des techniques de conservation des eaux.

Enfin, des études menées récemment se sont focalisées sur l'aspect multinomial des techniques de conservation des eaux et sols. Owombo et Idumah (2015) ont analysé les déterminants de l'adoption à travers 11 variables de diverses natures décrivant un échantillon d'agriculteurs nigérians. Il s'agit des caractéristiques du ménage exploitant, des caractéristiques de la surface cultivée et des caractéristiques socioéconomiques. Ils utilisent un modèle Logit multinomial sur

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trois techniques : le mulching ou paillage, les cultures de couverture et les arbres plantés (pour assurer la protection du champ).

La revue sur les travaux empiriques fait ressortir déjà les facteurs pouvant expliquer la décision d'une unité de production agricole d'adopter les techniques de conservation et défense des eaux et sols. Ces facteurs peuvent être regroupés en 3 principaux groupes : les facteurs liés au ménage exploitant, les facteurs liés à la parcelle cultivée et les facteurs liés au cadre institutionnel et organisationnel de l'activité agricole. Par ailleurs il serait aussi nécessaire d'interroger la littérature sur les avantages liés à l'adoption d'une technique agricole. Il s'agira d'analyser les développements théoriques faits sur l'évaluation de l'efficacité et de la productivité d'une technique utilisée dans un processus de production agricole.

Théorie du producteur et notion de productivité

Dans le cadre de cette étude, plusieurs notions émanant de la microéconomie sont utilisées afin d'analyser les performances des exploitations agricoles. Il est alors convenable de faire un bref développement sur la microéconomie du producteur agricole. L'analyse sur le plan microéconomique est justifiée par le fait que l'étude soit basée sur des ménages agricoles. Un aperçu sur la théorie néoclassique, concernant le comportement de production, permettra de mieux cerner celui du producteur agricole.

La théorie du producteur

La production désigne l'action de combiner des biens et services selon une technologie donnée afin d'obtenir d'autres biens et services. La relation établie entre les quantités de biens incorporés dans le processus et la quantité de biens obtenus à terme est appelée fonction de production. La forme classique de la fonction de production est donnée par Y = ??(x1, ... , x??) où Y désigne la quantité produite à l'issu de l'utilisation des facteurs x1, ... , x??.

On appelle facteurs de production les ressources, matérielles ou non, utilisées dans le processus de production. Ces facteurs peuvent être analysés sous 3 principaux critères.

Lorsqu'on analyse la possibilité de modification quantitative, on distinguera les facteurs fixes des facteurs variables. Les facteurs fixes sont ceux qui ne peuvent varier en quantité tandis que les facteurs variables sont ceux dont la quantité est modifiée selon la quantité produite.

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Lorsqu'on considère le rapport existant entre les facteurs, on parlera de facteurs substituables et facteurs complémentaires. Deux facteurs sont substituables lorsqu'on peut remplacer une quantité déterminée d'un des facteurs par une quantité supplémentaire de l'autre, tout en conservant le même niveau de production. Lorsque ces deux facteurs doivent être combinés selon une proportion donnée de chacun d'entre eux, alors ils sont dits complémentaires.

Plusieurs concepts sont définis pour déterminer les relations entre les intrants et les outputs dans un processus de production.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo