La conservation des eaux et sols (CES) consiste à
pratiquer une ou plusieurs techniques au niveau d'une parcelle agricole afin de
protéger le sol contre l'érosion hydrique ou éolienne. Ces
techniques visent en général à contrôler les
facteurs qui favorisent l'érosion (Mahmoudou et Salim, 2011). Les
techniques de défense visent à protéger le sol contre la
dégradation causée par l'eau, le vent et l'action des animaux en
divagation. La restauration est quant à elle utilisée lorsque le
sol a déjà subi une forte dégradation. Il existe
principalement deux types de méthodes de CES/DRS : les méthodes
d'ordre physique et les méthodes d'ordre biologique ou
pédologique. Pour chaque méthode, il est important de faire
ressortir les avantages et les éventuelles limites qui y sont
associés.
Méthodes physiques
Les techniques d'ordre physiques ont pour rôle de
défendre le sol contre les phénomènes physiques
dégradants tels que les forts écoulements d'eaux de pluie,
l'impact des gouttes de pluie, l'action du vent, etc. Les dispositifs mis en
place pour assurer cette défense sont désignés par le
terme « sites antiérosifs » au niveau des Enquêtes
Permanentes Agricoles (EPA).
Les cordons pierreux ou diguettes en
pierres
Les cordons pierreux sont des alignements de pierres ayant un
diamètre d'environ 15 cm placées les unes contre les autres et
disposées selon les courbes de niveau. Ces cordons permettent de
créer une stagnation temporaire des eaux de pluie en freinant leur
écoulement. Ainsi le faible écoulement
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
permettra d'éviter les graves dégradations de
sol. La stagnation quant à elle favorise l'infiltration des eaux et le
dépôt d'éléments nutritifs.
Les digues filtrantes
Les diguettes filtrantes sont des sites antiérosifs
construits le long des courbes de niveau. Elles ont une hauteur allant de 30
à 50 cm et s'étendent sur une largeur égale à deux
ou trois fois la hauteur. Les diguettes filtrantes se distinguent des cordons
pierreux par la taille. Elles sont le plus souvent placées en amont des
cordons pour diminuer la puissance d'écoulement des eaux au niveau des
pentes ou glacis. Les diguettes permettent donc d'éviter la
dégradation excessive des sols cultivés causée par les
forts écoulements (Mahmoudou et al, 2011).
Cependant la construction de digues filtrantes se fait
à un coût relativement élevé car elle
nécessite une main d'oeuvre en quantité et une
disponibilité de moyens de transports.
Le zaï ou cuvettes d'eau
Le zaï est une technique de conservation qui consiste
à creuser, dans une exploitation agricole, des trous de 40 à 50
cm de diamètre dans lesquels seront appliqués les semis. Ces
trous sont séparés les uns des autres par une distance allant de
70 à 80 cm et renouvelés tous les deux ans. C'est une
méthode paysanne redécouverte après la grande
sécheresse de 1973-1974 puis perfectionnée par les divers
intervenants auprès des paysans. La méthode des zaï permet,
pendant la saison sèche, de capter et conserver les
éléments nutritifs apportés par le vent. Pendant la saison
pluvieuse, les trous creusés seront un refuge pour les eaux ruisselantes
et les nutriments transportés par l'eau. En résumé cette
méthode permet de mettre à la disposition de la plante les
quantités d'eau et de nutriments nécessaires à son
développement (Mahmoudou et al, 2011).
Les demi-lunes
Les demi-lunes sont des ouvrages en terre compactée ou
en pierre ayant une forme d'arc avec des ouvertures perpendiculaires au sens
d'écoulement des eaux. Les terres à l'intérieur des
demi-lunes peuvent être enrichies par une fumure organique. L'utilisation
des demi-lunes a pour but la récupération et la restauration des
sols fortement dégradés, dénudés et
encroutés. Cette récupération se fait par la conservation
et la restauration des éléments nutritifs des sols
cultivés à travers la réduction des effets néfastes
du vent et des ruissèlements d'eau. Cependant lorsque la
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Barrières et opportunités à
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masse d'eau déborde des demi-lunes, elle peut causer
des dégâts considérables à l'égard des
plantes.
Les haies vives de ligneux
Les haies vives de ligneux sont des lignes de plantes
ligneuses formant une ou plusieurs rangés et agissant comme une
barrière destinée à protéger la surface
cultivée. Ces plantes sont régulièrement taillées
pour que la barrière formée par la masse de tiges et des branches
reste dense. Les haies vives ont pour principal rôle la défense du
sol contre les animaux en divagation mais aussi elles permettent de
protéger la surface cultivée contre le vent et l'ensablement.
Les techniques précédemment décrites
agissent principalement sur les facteurs érosifs afin d'atténuer
la vitesse de la dégradation des sols. Pour les sols ayant
déjà subi une forte dégradation, ce sont plutôt les
méthodes biologiques ou pédologiques de restauration qui seront
appliquées.
Méthodes biologiques ou
pédologiques
Les méthodes biologiques ou pédologiques sont
utilisées en vue de restaurer la structure minérale et organique
du sol par l'apport d'éléments nutritifs. Cependant l'utilisation
de l'engrais chimique n'est pas considérée comme une
méthode de restauration de sol. Sur les lignes suivantes sont
décrites quelques techniques de restauration.
Le mulching ou paillage
Le paillage est un procédé qui permet
d'améliorer la structure du sol et de conserver sa fertilité en y
déposant une grande quantité de biomasse, paille, feuillage,
branchages hachés, résidus de récolte, déchets
domestiques, etc. Ces diverses matières favoriseront ainsi la
constitution de l'humus (Mahmoudou et Salim, 2011). Le paillage permet
d'obtenir :
? une réduction de l'érosion du sol due à
l'action de la pluie, du vent et du soleil ;
? une protection des racines superficielles des plantes qui sont
souvent endommagées lors du
sarclage ou du binage ;
? une conservation de l'humidité du sol par le biais de
la réduction de l'évaporation de l'eau que
regorge le sol ;
? un apport de matière organique dû à la
décomposition de la paille ;
? une diminution des pertes en éléments nutritifs
de la parcelle agricole.
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Barrières et opportunités à
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La fertilisation organique et engrais
verts
La fertilisation organique consiste à poser un
mélange de matières organiques et minérales
fermentées afin d'améliorer la qualité du sol par rapport
à une culture donnée. Quant aux engrais verts, ce sont des
plantes enfouies dans le sol afin que leur décomposition augmente la
fertilité de ce dernier. Leur principal rôle est donc de rendre la
terre cultivée plus fertile, et par ce canal améliorer son
rendement.
La description des techniques de conservation des eaux et
sols ainsi fait permet de mieux élucider le cadre technique de
l'étude. Il convient à présent de faire une description du
cadre théorique, à savoir l'adoption de ces techniques et les
avantages qui y sont associés.