CHAPITRE 3: Barrières à l'adoption des
techniques de
CES/DRS
La détermination et la description des facteurs
influençant l'adoption des techniques de conservation des eaux et sols
sera l'objet principal de ce chapitre. L'analyse se fera en trois
étapes. La première consistera à décrire les taux
d'adoption des techniques selon les caractéristiques
généraux (région et culture). La deuxième
correspondra à l'analyse descriptive de l'adoption des CES/DRS en
fonction des caractéristiques de l'exploitation agricole et de son
responsable. La dernière consistera à faire ressortir à
travers un modèle dichotomique l'influence de ces
caractéristiques sur le choix d'adoption.
Adoption des techniques de CES/DRS et
caractéristiques généraux
Avant de se pencher sur l'adoption des techniques de
conservation des eaux et sols, il serait nécessaire de décrire la
répartition de la superficie totale emblavée de la zone
sahélienne au cours de la campagne 2015/2016.
Description générale de la superficie
cultivée
La zone sahélienne renferme le quart des exploitations
agricoles burkinabè représentant 24,4% (1.078.226,5 ha) de la
superficie totale emblavée qui est de 5.178.248,9. Cette superficie est
détenue par 24,2% des ménages agricoles burkinabè. La zone
sahélienne, du faite de l'inégalité observée entre
les régions en termes de superficie, présente des
disparités au niveau des superficies emblavées. Le sahel, la
région la plus étendue renferme 45% (484.723,9 ha) de la
superficie emblavée de la zone sahélienne. Elle est suivie de la
région du Nord renfermant 31% de la superficie emblavée de cette
zone (338.014,3 ha).
Aux termes d'une description générale de la
superficie cultivée, l'on peut procéder à une description
du niveau d'adoption de techniques CES/DRS.
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MARAHASA/DPPO-BF
40
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
I.1.1 Profil des régions en termes d'adoption
des CES/DRS
La zone sahélienne burkinabè
représentée par les trois régions, à savoir le
Centre Nord, le Nord et le Sahel abrite plus de 1,34 millions d'exploitants
agricoles. 36,7% de ces exploitants exercent dans le Centre Nord, 34,9% dans le
Nord et 28,4% dans le Sahel.
Sur le plan national, les techniques CES/DRS sont
utilisées sur 13,2% des exploitations agricoles avec une superficie
totale de 818.163,3 ha représentant 15,8% de la superficie totale
cultivée au cours de la campagne 2015/2016. Mais ces proportions
présentent une disparité considérable entre les
régions. En effet, dans certaines régions telles que le Nord
(respectivement le Centre-Nord), les techniques de CES/DRS sont adoptées
par plus de la moitié (respectivement plus du tiers) des exploitants
agricoles. Cependant, 5 régions présentent un taux d'adoption, en
termes de superficie, est en dessous de 10% : il s'agit du Sud-Ouest, des
Cascades, des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Est. La
distribution du taux d'utilisation des CES/DRS dans la zone sahélienne
est indiquée sur le graphique 2.
Graphique 2: taux d'adoption et parts de
superficie sous CES/DRS au niveau des régions
sahéliennes
50%
Nord Centre-Nord Sahel Moyenne
nationale
taux d'adoption part superficie emblavée sous
CES/DRS
49%
31%
36%
22%
29%
13%
16%
Source : construction de l'auteur, EPA
2015/2016
La zone sahélienne, représentée par les
trois régions sur le graphique 2, présente un taux d'adoption
supérieur aux autres zones. En effet, elle renferme 3 des quatre
régions ayant les taux d'adoption les plus importants (Annexe B,
Graphique 8). Le taux global d'adoption des CES/DRS dans cette zone est de
33,4% (450.655 agriculteurs) et la part de la superficie
bénéficiant de cette adoption est de 36,2% (390.317,98 ha). Le
taux d'adoption élevé dans cette zone serait dû à sa
situation
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MARAHASA/DPPO-BF
41
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
géographique favorable à la dégradation
des sols (faible couche végétale, sols peu profonds,
pluviométrie faible). Ainsi, les sites antiérosifs y seront plus
adoptés que dans la zone soudanienne et soudano-sahélienne.
I.1.2 Cultures pratiquées et adoption des
CES/DRS
De façon générale, l'agriculture
burkinabè est dominée par les cultures
céréalières qui sont pratiquées comme culture
principale sur environ 3.453.892,02 ha, soit 66,7% de la superficie totale
cultivée durant la campagne 2015/2016. Il s'agit notamment du sorgho
(culture principale sur 27,6% de la superficie totale emblavée), du mil
(21,8%) et du maïs (15,4%). La prépondérance des cultures
céréalières demeure lorsqu'une restriction est faite sur
la zone sahélienne. Dans cette zone, les céréales sont
appliquées comme culture principale par plus de la moitié des
exploitants agricoles sur environ 916.492,4, soit 85% de la superficie totale
emblavée. Cette proportion est dominée par les cultures de Sorgho
et de mil pratiquées sur 81,8% de la superficie totale recouverte par
les cultures céréalières. A présent, quelles sont
les cultures qui bénéficient plus de l'utilisation des techniques
de CES/DRS ?
Nous désignerons le taux d'adoption des CES/DRS, pour
une culture donnée, par la part de la superficie recouverte par cette
culture sous CES/DRS par rapport à la superficie totale qu'elle couvre.
Les trois taux d'adoption les plus élevés sont observés au
niveau de la culture de la patate (96%), du coton BT (95,55%), et de
l'aubergine (93,5%). Cependant, bien qu'elles utilisent fortement les
techniques de CES/DRS, ces cultures ne sont pratiquées que par 10% des
agriculteurs sur 7% de la superficie totale emblavée dans la zone
sahélienne. Par ailleurs, lorsqu'on effectue l'analyse sur la
répartition de la superficie totale sous CES/DRS durant la campagne
2015/2016, on s'aperçoit que sur une superficie de 10 ha, 4 ha sont
occupés par le sorgho et 4 ha sont occupés par le mil. Ces deux
cultures réunies sont donc pratiquées sur 80% de la superficie
totale sous CES/DRS dans la zone sahélienne et au cours de la campagne
2015/2016. De plus, les taux d'adoption pour ces cultures dans la même
période sont respectivement estimés à 45,7 et 33,5%.
L'analyse qui sera effectuée au chapitre suivant sur le
rendement, pour les cultures, se réduira au sorgho et au mil. Par contre
cette restriction ne sera pas prise en compte dans l'analyse des liens entre
adoption et caractéristiques de l'unité de production
agricole.
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MARAHASA/DPPO-BF
42
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Adoption et caractéristiques de l'unité de
production agricole
Les différentes caractéristiques
examinées dans cette partie sont les caractéristiques
sociodémographiques de l'exploitant et les caractéristiques de la
surface cultivée. Nous utiliserons des outils de la statistique
descriptive afin de faire ressortir les éventuels liens existant entre
celles-ci et l'adoption des techniques de CES/DRS.
Caractéristiques sociodémographiques de
l'exploitant
La recherche des éventuelles barrières à
l'adoption des CES/DRS nous conduit à nous intéresser aux
caractéristiques sociodémographiques des exploitants agricoles.
Etant un indicateur de l'expérience acquise par un agriculteur,
l'âge sera la première caractéristique décrite.
II.1.1 Adoption et âge du responsable de
l'exploitation
De façon globale, l'âge des exploitants de la
zone d'étude varie entre 15 et 90 ans avec une disparité moyenne
de 16 ans autour de la moyenne. La moyenne quant à elle est
estimée à 42 ans (avec une marge d'erreur de 1,59%). Par
ailleurs, il ressort des analyses que plus de la moitié des exploitants
agricoles ont un âge en dessous de cette moyenne. Afin de
déterminer d'éventuel liens entre l'âge de l'exploitant et
l'adoption des techniques CES/DRS, il sera considéré trois
classes d'âge. La première classe, qui sera nommée «
classe des exploitants jeunes » est composée des individus ayant un
âge compris entre 15 et 35 ans et elle constitue 49,4% des exploitants
agricoles de la zone sahélienne. Constituant 45,9% des exploitants de
cette zone, nous désignerons par « exploitants en âge
avancé » les exploitants qui ne sont pas jeunes mais dont
l'âge n'atteint pas 62 ans. La troisième classe, celle des «
exploitants âgés », désigne la classe de ceux qui sont
âgés de 62 ans et plus.
Dans la catégorie des exploitants jeunes, le taux
d'adoption des techniques CES/DRS est estimé à 24%. Au niveau des
exploitants en âge avancé, environ 40,8% des exploitants agricoles
utilisent ces techniques. Quant à la classe des exploitants
âgés, plus de la moitié adopte les techniques de CES/DRS.
Comme on peut l'observer à travers le graphique 3, Le taux d'adoption a
tendance à être plus élevé lorsqu'on est face
à des exploitants plus âgés. La différence entre les
différents groupes d'âge en terme d'adoption des CES/DRS est
jugée significatif (à 5% de risuqe) à l'issu d'un test de
chi 2 (p value nulle). Cette différence s'expliquerait par
l'expérience atteinte par les
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MARAHASA/DPPO-BF
43
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
agriculteurs lorsqu'ils avancent en âge. Les agriculteurs
ayant donc acquis une grande expérience agricole avec l'âge auront
une plus grande propension à adopter les techniques de CES/DRS.
Graphique 3: utilisation des sites
antiérosifs par intervalle d'âge
âgés
âges avancés
jeunes
50.9%
40.8%
24.0%
Source: construction de l'auteur, EPA
2015/2016
II.1.2 Adoption et niveau
d'instruction/formation
En ce qui concerne l'adoption et le niveau d'éducation,
les informations recueillies sur la campagne 2015/2016 nous montrent, de
façon globale, que les exploitants alphabétisés ont
tendance à adopter les techniques de conservation et de défense
des eaux et sols plus que les analphabètes. On estime à 37,9% la
proportion des responsables de parcelles alphabétisés et ayant
adopté ces techniques contre 32,2% dans la catégorie des
analphabètes. Lorsqu'on se place dans la catégorie des
exploitants alphabétisés en langue nationale ou en arabe, le taux
d'adoption est évalué à 46%. Comme le montre les
résultats du test d'indépendant de Pearson (p value nulle
à 5% de risque), Le niveau d'instruction agirait sur l'adoption. Cette
conclusion pourrait s'expliquer par le lien qui existe entre l'instruction et
l'accès à l'information sur les pratiques agricoles.
Les lignes précédentes décrivent le
comportement d'adoption des CES/DRS selon certaines caractéristiques
sociodémographiques des exploitants. D'autres facteurs pouvant
influencer la décision d'adoption sont pourtant liés aux
caractéristiques de la parcelle exploitée.
Adoption des CES/DRS selon les caractéristiques de
la superficie cultivée
Au niveau de l'analyse des facteurs liés à la
terre exploitée, le taux d'adoption désignera la part de la
superficie emblavée sous CES/DRS par rapport à la superficie
totale emblavée.
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MARAHASA/DPPO-BF
44
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
II.2.1 Adoption selon la taille de
l'exploitation
Afin d'obtenir des informations résumées sur la
superficie des exploitations agricoles, il sera distingué trois classes
d'exploitation: les petites exploitations, les exploitations ayant une
superficie cultivée inférieure à 0,2312ha ; les
exploitations moyennes, celles qui ont une superficie cultivée comprise
entre 0,2312 et 1,2518 ha et les grandes exploitations, celles qui ont une
superficie cultivée au-delà de 1,2518 ha. Les exploitations
agricoles de la zone sahélienne sont constituées de 49,4% de
petites exploitations, 41,9% d'exploitations moyennes et de 8,7% de grandes
exploitations. Au cours de la compagne 2015/2016, tel que décrit le
graphique 4, l'on constate que les grandes exploitations adoptent plus les
techniques de CES/DRS par rapports aux plus petites.
Graphique 4:adoption des techniques de CES/DRS
en fonction de la taille de l'exploitation
grandes exploitations
exploitations moyennes
petites exploitations
25%
41%
52%
Source : construction de l'auteur, EPA
2015/2016
II.2.2 Adoption des techniques de CES/DRS et relief de
l'exploitation
Techniquement, l'utilisation d'une technique dans le but
d'éviter l'érosion des sols varie en fonction du type
d'érosion auquel fait face l'exploitation. Le type d'érosion
dépend à son tour du relief de la parcelle exploitée. On
distingue, comme reliefs, les basfonds qui sont des surfaces le plus souvent
à proximité des cours d'eau ou des étendus d'eau, les
plateaux qui sont des surfaces planes et les versants qui sont les surfaces
inclinées reliant les lieux en hauteur aux lieux moins
élevés (fiche de l'enquêteur EPA 2015/2016).
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MARAHASA/DPPO-BF
45
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Le Burkina Faso a de façon générale une
surface plane et cette structure se reflète au niveau des surfaces
cultivées dans la zone sahélienne, au cours de la campagne
agricole 2015/2016. Les parcelles situées sur les plateaux constituent
à 82% (884.145,73 ha) la superficie totale emblavée tandis que
les deux autres types de relief, les basfonds et les versants n'occupent que
respectivement 9,4 (101.353,29 ha) et 8,6% (92727.48 ha) de la superficie
emblavée. Le taux d'adoption est plus élevé au niveau des
terres étant situées, complètement, sur versant (47,7%)
qu'au niveau des terres entièrement situées dans les basfonds
(38,7%) et sur les plateaux (34,8%). Cette structure peut être
expliquée par le fait que les terres situées à flanc de
montagne ou de colline soient fortement exposées à
l'érosion hydrique. Les techniques de CES/DRS étant
appliquées dans l'optique de réduire les effets de
l'érosion, le taux d'adoption aura donc tendance à être
plus élevé au niveau de ces terres.
L'un des aspects d'une exploitation agricole pouvant
influencer le soin apporté à la terre cultivée est le
niveau de sécurisation foncière associée à cette
dernière.
II.2.3 Adoption des techniques CES/DRS et
sécurisation foncière
En ce qui concerne la sécurisation foncière des
terres cultivées dans la zone sahélienne, on estime à 1,8%
(19408,08 ha) la part de la superficie totale emblavée étant sous
sécurisation foncière moderne et à 76,5% (233975,15 ha) la
part sous sécurisation foncière traditionnelle contre 21,7%
(824843.27 ha), la part étant sous aucune sécurisation
foncière. Le taux d'adoption, pour les terres étant
entièrement sous une sécurisation foncière traditionnelle,
est estimé à 37,6%. Au niveau des terres entièrement sous
sécurisation moderne, le taux d'adoption est estimé à
11,7%. Quant aux terres étant sous aucune sécurisation
foncière, le taux d'adoption est de 26%.
L'analyse descriptive a permis de mettre en exergue, a priori,
les liens pouvant exister entre l'adoption de ces techniques et les
caractéristiques de l'unité de production agricole
(caractéristiques de la surface exploitée et de l'exploitant).
Néanmoins, l'influence de ces caractéristiques sur la
probabilité d'adoption serait mieux explicitée à travers
un modèle économétrique dichotomique. La description
générale des variables utilisées et les tests
d'indépendance à la variable adoption sont faits dans les
tableaux suivants :
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
46
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 4: présentation des variables
explicatives qualitatives du modèle logit
variables
|
modalités
|
fréquences
|
Statistique de chi 2
|
P value
|
|
homme
|
58
|
334.21
|
0.00
|
sexe
|
femme
|
42
|
|
|
pas chef de
|
oui
|
28.84
|
468.06
|
0.000
|
ménage
|
non
|
71.16
|
|
|
|
aucun
|
79.97
|
44.3544
|
0.000
|
instruction
|
autres langues
|
10.55
|
|
|
|
français
|
9.48
|
|
|
adhésion OP
|
oui non
|
7.94
92.06
|
63.1298
|
0.000
|
Source : construction de
l'auteur
Tableau 5: présentation des variables
explicatives qualitatives du modèle logit
Variables
|
Min
|
|
|
|
Statistique
|
P value
|
|
|
Moyenne
|
Max
|
écart type
|
T test
|
|
type de labour
|
|
|
|
|
|
|
Labour attelé
|
0
|
0.1747543
|
1
|
0.3615956
|
0.5219
|
0.6017
|
Labour motorisé
|
0
|
0.3980634
|
1
|
0.9901795
|
-11.8409
|
0.000
|
Labour manuel
|
0
|
0.0091544
|
1
|
0.0903423
|
1.0730
|
0.2833
|
sécurisation
|
|
|
|
|
|
|
Sécurisation moderne
|
0
|
0.0305017
|
1
|
0.1683859
|
5.0678
|
0.0000
|
Sécurisation traditionnelle
|
0
|
0.5291585
|
1
|
0.4924843
|
5.6665
|
0.0000
|
Relief
|
|
|
|
|
|
|
Superficie sur plateau
|
0
|
0.8249325
|
1
|
0.3486735
|
5.6665
|
0.000
|
Superficie dans basfond
|
0
|
0.0978707
|
1
|
0.2677769
|
-3.2603
|
0.0011
|
Superficie collective
|
0
|
0.3296842
|
1
|
0.465048
|
-20.8226
|
0.000
|
Cheptel
|
|
|
|
|
|
|
Grande taille
|
0
|
2.08627
|
108
|
6.010983
|
-9.9415
|
0.000
|
Petite taille
|
0
|
4.927501
|
182
|
10.42442
|
-10.8595
|
0.0000
|
Source : construction de
l'auteur
Barrières à l'adoption des techniques
CES/DRS, modèle dichotomique
L'objectif de ce point est de mettre en exergue les
différents facteurs qui influencent négativement la
décision d'adoption des techniques de CES/DRS, à l'aide d'outils
économétriques. L'analyse sera faite par type de facteurs,
à savoir les caractéristiques sociodémographiques de
l'exploitant, les caractéristiques économiques du responsable et
les caractéristiques de la surface cultivée. L'utilisation des
données sur ces facteurs a permis d'expliquer la décision
d'adoption des techniques CES/DRS au cours de la campagne agricole de 2015/2016
dans la zone sahélienne.
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47
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Choix et validation du modèle
Le test de Hausman a conduit à l'estimation d'un
modèle logit (Annexe B, Tableau 11). Le modèle logit
estimé a par suite été soumis à un contrôle
de qualité. L'aire située en dessous de la courbe ROC est
évaluée à 0,804, le modèle est donc de bonne
qualité (courbe ROC en annexe, Graphique 10). En outre, les tests de
bonne spécification de Pearson et de Hosmer-Lemeshow effectués
acceptent l'hypothèse nulle du bon ajustement du modèle aux
données, à un risque de 5%. L'examen de la matrice de confusion
donne un taux de bon classement de 72,6%. La spécificité et la
sensibilité du modèle quant à elles sont respectivement
évaluées à 74,2% et 68,0%.
Tableau 6: tests de
validation
Tests Statistique p value à 5% de
risque
|
LR Test
Ho : nullité du vecteur des coefficients 1137.53
0,00 Test de Hosmer-Lemeshow
Ho : bon ajustement du modèle aux données
3969,88 1,00 Test de Pearson
Ho : bon ajustement du modèle aux données
4009.66 1,00
Source : estimations, sorties de
logiciel
Les tests statistiques menées et les indicateurs de
qualité examinés nous ont permis de valider le modèle
d'explication du comportement d'adoption des CES/DRS par les trois types de
facteurs définis précédemment. Ainsi, l'on peut donc
procéder à une interprétation de l'influence de ces
facteurs.
Description et interprétation des résultats
Les facteurs sociodémographiques
Le LR test effectué révèle que les
facteurs sociodémographiques déterminent significativement le
choix d'adoption des techniques de CES/DRS (Tableau 4).
Les résultats de l'estimation montrent que la
propension d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,85 fois plus
élevée au niveau des exploitations appartenant à une
organisation paysanne fonctionnelle qu'au niveau de celles qui n'en
n'appartiennent pas. Le fait de ne pas être membre d'une organisation
paysanne constitue donc une barrière à l'adoption des CES/DRS,
cette relation serait due à l'effet du groupe et à l'accès
à l'information. En effet, une organisation paysanne est un cadre de
partage d'expérience, de soutien mutuel, de réception, de
diffusion d'information sur
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48
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
les techniques culturales et d'autres activités
améliorant la gestion de l'exploitation des différents membres.
L'appartenance à une organisation paysanne assurerait donc à
l'agriculteur un accès facile à l'information et à
l'expérience acquise par d'autres agriculteurs. Ce dernier pourrait
être ainsi réceptif aux techniques culturales telles que la
conservation et la défense des eaux et sols. Les résultats
obtenus sur les liens entre l'adhésion à une organisation
paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS sont similaires à ceux
obtenus avec les travaux de Sidibé (2005) et ceux de Kinane (2002) sur
les cordons pierreux, au Burkina Faso, dans le Nord. Le deuxième aspect
intervenant dans la constitution du lien entre l'adhésion à une
organisation paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS désigne le
niveau de responsabilité atteint pour un agriculteur adhérant, un
niveau de responsabilité qui lui permettrait de traiter son exploitation
avec plus de précautions. Ce même aspect permet d'expliquer le
lien entre l'adoption des techniques de CES/DRS et le statut de l'exploitant
agricole dans son ménage.
Le statut de l'exploitant agricole dans son ménage
détermine significativement le choix de l'agriculteur en termes
d'adoption de techniques CES/DRS. Etant donné le fait qu'en
général un agriculteur chef de ménage soit
confronté à plus de responsabilité qu'un agriculteur ne
l'étant pas, l'on devrait s'attendre à un effet positif de ce
statut sur la décision d'adoption. Les résultats montrent que la
propension d'adoption des techniques de CES/DRS est deux fois plus
élevée au niveau des exploitants chefs de ménage qu'au
niveau de ceux qui ne le sont pas. Le lien entre statut du responsable dans le
ménage et l'adoption peut aussi être interprété dans
le sens de la disponibilité de la main d'oeuvre nécessaire
à la construction des sites antiérosifs. La construction de
certains sites tels que le bourrelet de terre, les banquettes et les cordons
pierreux nécessite une main d'oeuvre abondante et disponible. Ainsi, le
chef de ménage, du fait de sa position au niveau du ménage aurait
plus accès à la main d'oeuvre familiale par rapport aux autres
membres du ménage.
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49
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 7: influence des facteurs
sociodémographiques de l'exploitant sur l'adoption de la
CES/DRS
|
|
LR test de significativité globale
|
statistique z?? (??)
= 264,89 P value (5% risque) = 0,000
|
|
Influence
|
P value
|
|
Variables
|
(sur l'adoption)
|
(5% risque)
|
Odd ratio
|
Sexe (référence=femme)
|
+
|
0,000
|
1,84
|
Age au carré
|
-
|
0,000
|
0,99
|
Age
|
+
|
0,000
|
1,13
|
Taille du ménage
|
-
|
0,008
|
0,98
|
adhésion à aucune organisation paysanne
|
-
|
0,000
|
0,35
|
Ne pas être chef de ménage
|
-
|
0,000
|
0,50
|
Niveau d'instruction (référence=non
alphabétisé)
|
|
|
Alphabétisé en français
|
Nulle
|
0,407
|
1,13
|
Alphabétisé en autre langue
|
+
|
0,000
|
2,48
|
Source : estimations, sorties de
logiciel
L'analyse de l'effet de l'âge de l'exploitant sur le
choix d'adoption révèle qu'une variation d'un an contribue
à augmenter la propension à adopter les techniques de CES/DRS de
1,13 pour ce dernier, mais cette augmentation est atténuée
à partir d'un certain seuil comme le montre la significativité de
l'influence du carré de l'âge sur la probabilité d'adoption
(Tableau 5). L'interprétation que l'on peut faire de l'influence de
l'âge sur le choix d'adoption concerne l'expérience acquise par
l'agriculteur avec le temps. L'on devrait donc s'attendre à moins
d'adoption pour les jeunes exploitants, par défaut d'expérience
dans le domaine agricole. L'instruction peut cependant être un moyen pour
corriger le défaut d'expérience lié à la
jeunesse.
En ce qui concerne le niveau d'instruction, le fait que le
responsable de l'exploitation agricole ne soit pas instruit diminue la
probabilité que celui-ci adopte les techniques de CES/DRS. La propension
d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,48 fois plus élevée au
niveau des exploitants alphabétisés en une langue
différente du français qu'au niveau des exploitants non
alphabétisés. Cependant, comme le montre les travaux de Kinane
(2002), l'instruction en français, en référence à
l'absence d'instruction, n'influence pas significativement le choix d'adoption
des techniques de CES/DRS. Cela se justifie par le fait que les cultivateurs,
ayant acquis un certain niveau d'instruction, aient une propension plus
élevée à exercer d'autres activités. Les
résultats obtenus sur le lien existant entre niveau d'instruction et
adoption des CES/DRS sont conforment aux travaux antérieurs
(Sidibé, 2005) menés sur l'adoption des cordons pierreux dans la
région du
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Nord. Ayant fait ressortir les caractéristiques
sociodémographiques de l'exploitant pouvant constituées un
obstacle à l'adoption, nous pouvons continuer l'analyse au niveau des
caractéristiques de la surface cultivée.
III.2.2 Caractéristiques de la surface
cultivée
Le test de rapport de vraisemblance effectué sur les
coefficients associés aux caractéristiques de la surface
emblavée a permis de vérifier la significativité globale
de l'impact de ce groupe de facteur sur l'adoption des techniques de CES/DRS
(Tableau 6).
L'estimation du modèle logit a fait ressortir un effet
non significatif (à un risque de 5%) des parts de la superficie
cultivées sous les 3 types de labour (attelé, motorisé et
manuel) sur la probabilité d'adoption des techniques de CES/DRS. Par
contre, cette probabilité est considérablement influencée
par le niveau de sécurisation foncière de l'exploitation agricole
(Tableau 6). En effet, l'augmentation de la part de la surface cultivée
sous sécurisation foncière moderne de 1%, pour une exploitation,
contribue à réduire de 0,07% la probabilité d'adoption des
techniques de CES/DRS pour cette dernière. Cette
élasticité est évaluée à 0,08% pour la
sécurisation traditionnelle. Le niveau de sécurisation peut
apparaitre ici comme un indicateur du niveau de modernisme atteint par
l'agriculteur dans la gestion de son exploitation. Ainsi, les agriculteurs qui
disposent d'une sécurisation foncière plus moderne auraient
tendance à utiliser des techniques agricoles beaucoup plus modernes par
rapport aux techniques de CES/DRS.
Le but principal de l'application d'une technique de
conservation et de défense des eaux et sols est d'atténuer les
effets d'une forme donnée d'érosion sur le terrain
exploité. Par ailleurs, pour ce terrain, l'exposition à
l'érosion dépend du type de relief dans lequel il se situe. Le
type de relief est donc susceptible d'influencer la décision d'adoption.
La confrontation de cette idée aux données nous montre que
l'utilisation des techniques de CES/DRS est moins probable lorsque les parts de
la surface située sur un plateau et dans un basfond sont
élevées (Tableau 6). Cela pourrait s'expliquer par le fait que de
tels types de relief, contrairement aux collines et aux versants, offrent un
cadre plus favorable au développement des plantes à l'abri de
l'érosion.
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 8: influence des caractéristiques
de la surface cultivée sur l'adoption de la CES/DRS
|
LR test de significativité globale
|
statistique z?? (??) = 113.46
P value (5% risque) = 0,000
|
Variable
|
Influence
|
p value
|
Effet marginal
|
Labour
|
|
|
|
Part de surface sous labour attelé
|
Nulle
|
0,252
|
0,0022
|
Part de surface sous labour motorisé
|
Nulle
|
0,057
|
-0,0118
|
Part de surface sous labour manuel
|
Nulle
|
0,089
|
0,0152
|
Sécurisation foncière
|
|
|
|
Part Surface sous sécurisation moderne
|
-
|
0,000
|
-0,0045
|
Part Superficie sous sécurisation traditionnelle
|
-
|
0,006
|
-0,0004
|
Relief de la surface cultivée
|
|
|
|
Part de surface sur plateau
|
-
|
0,000
|
0,0017
|
Part de surface dans basfond
|
-
|
0,003
|
0,0008
|
Part de superficies à gestion
collectives
|
+
|
0,000
|
0,0010
|
Source : estimations, sorties de
logiciel
Le dernier aspect de la surface cultivée analysé
est la part sous gestion collective. La probabilité qu'une exploitation
adopte les techniques CES/DRS augmente de 0,001 pour une variation de 1% de la
part de la surface gérée de façon collective. La gestion
individuelle constitue donc une barrière à l'adoption des
techniques de CES/DRS. En effet, une gestion collective contribuerait à
l'apport de diverses idées de la part du groupe afin d'améliorer
l'exploitation de la terre. La singularité de ces idées dans le
cas d'une gestion individuelle peut donc être un obstacle à
l'adoption des techniques de CES/DRS.
III.2.3 Caractéristiques économiques de
l'exploitant et de l'exploitation
Les caractéristiques économiques retenues dans
le cadre de l'analyse des techniques de CES/DRS ont globalement un effet
significatif sur le choix d'adoption de ces techniques (test de
significativité globale des facteurs économiques, Tableau 7). Au
niveau de ces caractéristiques, on note une influence significative et
négative des autres activités exercées par le responsable
d'une exploitation agricole sur l'adoption des techniques de conservation et de
défense des eaux et sols. La propension à adopter ces techniques
est en effet 1,81 fois plus élevée chez les agriculteurs
n'exerçant aucune activité non agricole qu'au niveau de ceux qui
en exerce. En réalité, un
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52
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
exploitant agricole exerçant d'autres activités
aurait tendance à moins s'appliquer dans la gestion de son exploitation,
cela pourrait contribuer à réduire les soins apportés
à la terre cultivée.
L'analyse menée sur le type de main d'oeuvre
utilisée sur l'exploitation a mis en exergue des effets jugés
significatifs. Lorsqu'elle est rémunérée, en
référence à l'entraide, la probabilité d'adoption
des CES/DRS diminue de 0,05 (Tableau 13, annexe). Cet effet serait dû au
coût supplémentaire supporté lorsqu'on a recours à
une main d'oeuvre rémunérée qu'à celle issue de
l'entraide. Ainsi, pour la construction d'un site antiérosif
nécessitant une importante quantité de main d'oeuvre, le
coût de réalisation pourrait décourager la volonté
de l'agriculteur.
Tableau 9: effet des facteurs économiques
sur l'adoption de la CES/DRS
|
LR test de significativité globale
|
Statistique z?? (??) = 31,31
P value (5% risque) = 0,000
|
Variables
|
Influence
|
Odd ratio
|
P value
|
Autres activités
|
-
|
0,56
|
0,000
|
Cheptel- animaux de grande taille
|
Nulle
|
0,99
|
0,233
|
Cheptel-animaux de petite taille
|
Nulle
|
1,01
|
0,248
|
Main d'oeuvre rémunérée
|
-
|
0,70
|
0,019
|
Source : calcul de l'auteur
III.2.4 Synthèse
Au terme de l'analyse des déterminants de l'adoption
des techniques de CES/DRS, nous avons pu exhiber les facteurs
considérés comme barrières à l'adoption. La
défaillance du cadre organisationnel (organisation paysanne), le faible
accès à l'information et à l'éduction, le faible
niveau d'expérience lié à la jeunesse et le statut (dans
le ménage) du responsable de l'exploitation agricole constituent les
principales barrières sociodémographiques à l'adoption de
ces techniques. L'hypothèse Ho émise au début de
l'étude est donc vérifiée par les résultats.
L'hypothèse H1 émise sur les liens entre caractéristiques
économiques et adoption de la CES/DRS est aussi confirmée par les
résultats. En effet, bien que le patrimoine animal n'influence pas
considérablement la décision d'adoption, l'utilisation de la main
d'oeuvre rémunérée et les activités non agricoles
menées par l'agriculteur contribuent à la non adoption des
techniques de CES/DRS.
L'information dont nous disposons à la fin de cette
étape de notre étude constitue les facteurs expliquant la non
adoption des techniques CES/DRS dans la zone sahélienne, une zone qui
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
pourtant présente un environnement vulnérable
à l'érosion. Le caractère antiérosif de ces
techniques devrait permettre aux agriculteurs de cette zone de tirer des
avantages significatifs dans la conservation et la défense des eaux et
sols, des avantages qui seront considérés comme des
opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS.
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
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