2. Applications des bactériophages
2.1.Phagothérapie
Les phages sont des virus et comme tous virus se reproduisent
aux dépens de cellules vivantes. Un phage ne peut utiliser que les
constituants d'une bactérie, celle-ci appelée
bactérie-hôte. La spécificité d'hôte
caractérise un phage par la reconnaissance d'un groupe restreint de
bactéries (gamme d'hôtes) appartenant à la même
espèce, voire de quelques souches d'une seule espèce, rarement
plusieurs espèces voisines (Dublanchet, 2014).
En 1896, Ernest Hanbury Hankin,
démontrait que les eaux du Gange et de la rivière de Yamuna
contiennent des principes biologiques qui empêchent la croissance de
cultures de bactéries responsables du choléra. Selon lui ces
substances peuvent passer à travers les microfiltres (Hankin,
1896). C'est plus tard en 1915 que les bactériophages ont
été décrits pour la première fois par Frederick
William Twort (bactériologiste) lors de ses travaux sur les virus «
ultra-microscopiques » (Twort, 1925 : Dublanchet et Fruciano,
2008).
2.1.1. Pharmacologie de la phagothérapie
La pharmacologie des phages et ceux des antibiotiques
diffèrent sur trois points principaux :
Les phages ont une grande taille en comparaison aux
molécules d'antibiotiques
La variation d'efficacité des traitements dans des cas
de maladies infectieuses d'origine bactérienne en fonction de la
concentration de phages
La variation de la virulence des phages
La densité joue également un rôle
important dans l'efficacité de la phagothérapie étant
donné qu'elle est tributaire de la diffusion des phages dans
l'organisme. En raison de leur taille, et donc d'une densité
élevée, les phages mettent beaucoup plus de temps à
diffuser au sein de l'organisme hôte. Des modèles
théoriques ont clairement démontré l'importance de la dose
initiale ainsi que du temps d'inoculation sur l'efficacité d'infection
d'une population bactérienne par des phages (Payne et Jansen,
2001).
2.1.2. Intérêts de la
phagothérapie
Un avantage très important concerne la
résistance des bactéries vis-à-vis des
bactériophages. En effet, cette résistance existera toujours mais
à la différence des antibiotiques, les bactériophages sont
des organismes « vivants ». Certes, on peut contester l'appellation
« vivant » concernant ces virus, mais ce ne sont pas de banales
molécules inertes. Les bactériophages évoluent, au
même titre que les bactéries. Les phages changent avec le temps
par des mutations et ils auront toujours la capacité d'infecter les
bactéries, même si ces dernières développent de
nouvelles résistances. Donc les bactéries multi-
Revue bibliographique
résistantes aux antibiotiques continuent à
être attaquées et tuées par les bactériophages
virulents. Il s'agit de processus aussi ancien que la vie sur terre en
constante évolution (Dublanchet et Patey, 2011).
Un argument qui peut peser face aux antibiotiques, est la
diversité des bactériophages. A quelques rares exceptions
près, il existe au moins un bactériophage qui peut infecter une
bactérie (Chambon, 2006). Il ne reste plus qu'à
isoler le ou les phages pour s'attaquer à une infection donnée,
chose très aisée face aux années de recherches qu'implique
la découverte d'une nouvelle famille d'antibiotiques.
L'avantage de l'étroite spécificité des
bactériophages pour leur cible réside dans le fait qu'ils ne se
multiplient qu'au sein de l'infection. Cette particularité les oppose
aux antibiotiques, responsables du déséquilibre des flores,
elles-mêmes à l'origine de troubles digestifs, mycoses et
infections opportunistes secondaires. Il est, en outre, nécessaire
d'administrer les antibiotiques régulièrement pour palier leur
élimination (destruction et/ou excrétion) continue par
l'organisme (Dublanchet et Patey, 2011).
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