B. L'insuffisance des allocations de prise en charge
des détenus
Malgré la mise en oeuvre du Programme National de la
Modernisation de la Justice et du Plan d'appui d'urgence au secteur
pénitentiaire, les résultats de la prise en charge des droits
socio-économiques des détenus sont toujours mitigés. En
effet, le budget de fonctionnement alloué à l'administration
pénitentiaire est très dérisoire et ne permet pas
d'améliorer les conditions de détention des
détenus93.
Ainsi, le manque de moyens financiers et le manque de
volonté politique sont à l'origine des risques de violation de la
plupart des droits humains, surtout les droits à l'alimentation, l'eau,
les vêtements, les soins de santé et un minimum d'espace pour une
existence digne et humaine. L'environnement carcéral togolais constitue
donc un terrain fertile pour les violations des droits humains, de
l'intégrité et de la dignité personnelle.
Pour Me Maître Véronique LAMONTAGNE : «
La réforme du système pénitentiaire est souvent
l'enfant pauvre de réforme de la justice. On observe une
réticence fréquente des gouvernements et partenaires financiers
à agir dans ce secteur et ce malgré, les grands
92Gouvernement des Etats-Unis, 40e
Rapport sur la situation des droits humains au Togo, avril 2016.
93Les lignes budgétaires pour l'alimentation
des détenus des 12 prisons civiles du Togo pour les quatre
dernières années sont de : 380.000.000 (année 2013) ;
400.000.000 (année 2014) ; 300.000.000 (année 2015) et
300.000.000 (année 2016). Source : Direction de l'administration
pénitentiaire du Togo.
50
défis94.
» Selon l'ONUDC, il existe cinq failles dans le système
pénitentiaire en Afrique de l'Ouest : « surpeuplement; absence
de prisons et centres de détention conformes à l'ensemble des
règles minimales des Nations Unies pour le traitement des détenus
et d'autres normes internationales pertinentes; manque de systèmes de
gestion des données; manque de personnel pénitentiaire
formé aux normes et règles pertinentes; manque de programmes de
réadaptation des détenus, de formation professionnelle et de
possibilités de s'instruire en
prison.95 »
En effet le constat fait par l'ONUDC n'épargne pas le
Togo. Très peu de succès ont été enregistrés
dans l'amélioration des conditions de détention
préventive. La surpopulation imposante dans les établissements
pénitentiaires affecte l'accessibilité de ressources
matérielles et humaines. Elle a toujours entraîné des
effets néfastes pour la société et sur la vie des
détenus.
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