C- Les déterminants des prix agricoles
Plusieurs facteurs expliquent les fluctuations des prix
agricoles. Il existe un point sur lequel les économistes s'accordent en
ce qui concerne l'origine des fluctuations : il
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s'agit du problème de l'inélasticité de
la demande.
La demande des produits agricoles est inélastique par
rapport aux prix de ces derniers. S'agissant des produits de base comme le
maïs, quelques soit le niveau de leurs prix, les demandeurs sont toujours
disposés à s'en procurer. Les prix de ces produits étant
obtenus librement par l'intersection de la courbe de l'offre et de la courbe de
la demande, les variations de l'offre provoquent une forte fluctuation du prix
puisque la demande, elle, change très peu par rapport au prix.
L'inélasticité de la demande conduit à amplifier de
faibles mouvements de l'offre, provoquant ainsi d'énormes variations des
prix (Boussard, 2010).
En effet, les économistes sont divisés en ce qui
concerne l'origine des fluctuations de l'offre. Les premiers soutiennent qu'il
existe des fluctuations exogènes ou aléatoires. L'offre des
produits agricoles est selon eux soumis aux évènements
extérieurs aux marchés tels que les accidents climatiques surtout
et les coûts de transactions élevés etc. La production
agricole est fortement dépendante de la pluviométrie qui elle est
un évènement hors du contrôle des producteurs. Les
périodes pluvieuses ou de sécheresse induisent donc soit une
forte offre ou une faible offre, qui assurément est responsable de la
variation des prix car la demande sur le marché est rigide.
Les autres économistes évoquent des fluctuations
endogènes. Cette théorie repose sur une vision évolutive
des marchés et expliquent les fluctuations de l'offre par le
fonctionnement même du marché. L'économiste Ezekiel (1938)
met en exergue les erreurs d'anticipation des producteurs. Ces erreurs
conduisent à des alternances entre sur-production et sous-production.
Dans ces situations, les mouvements de prix sont donc périodiques,
divergents ou convergents, qui ne correspondent en rien à la
réalité. Ces erreurs d'anticipation donnent lieu à des
fluctuations endogènes des prix agricoles. Sur la problématique
de notre étude, plusieurs auteurs ont effectué des travaux de
recherche sur la volatilité des prix agricoles.
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D- Synthèse de quelques travaux
antérieurs
Peu de travaux ont été effectués sur les
déterminants du prix des céréales notamment au
Bénin. Néanmoins certains auteurs se sont penchés sur la
thématique.
o Dans leur étude intitulée « Analyse des
déterminants de la hausse des prix des céréales au
Burkina, Mali et Niger à l'issue de la campagne agricole 2000/2001
», Traoré et al. (2002) ont essayé de comprendre les causes
de l'évolution des prix comme objectif premier de leur recherche.
D'après leur étude, les prix observés
sur les marchés au cours de la période allant de Sept. 2001
à Février voire mars 2002 dépendent largement de la
production 2000/2001.
Ils soulignent l'importance de la prise en compte de
l'interrelation prix-production, la
production nationale ou sous-régionale étant un
déterminant majeur de l'évolution des prix auquel d'autres
facteurs se combinent pour modifier les mouvements saisonnier
ainsi que leurs amplitudes en terme de période et de
niveau. De leur analyse, il ressort que les déterminants majeurs sont
aussi bien au niveau national que sous régional ; ces
déterminants sont les productions des deux dernières
années consécutives. L'année n-1 ayant un impact plus
déterminant sur les prix de la soudure à la fin des
récoltes (septembre à décembre environ) ; tandis que la
production de l'année en cours déterminera l'amplitude des
baisses post récoltes et leurs durées.
Enfin, ils ont identifié d'autres facteurs plus ou
moins externes qui amplifient ou atténuent l'offre et la demande et, par
conséquent l'évolution des prix ; il s'agit de l'état de
la production et du marché sous-régional, des demandes
conjoncturelles dues aux appels d'offres et offres publiques d'achat, ...
o Steven Ohana & Jean-Noël Depeyrot (2017), dans un
travail de recherche intitulé Les chocs de prix des matières
premières agricoles : déterminants et
anticipations, se sont intéressés aux
déterminants des fluctuations des prix des matières
premières agricoles en mettant en avant le rôle
des biocarburants. Dans l'optique d'identifier l'origine des fluctuations des
prix agricoles, les auteurs ont mis en relation
ces derniers aux Etats-Unis avec les coûts de production
sur une longue période (engrais, coût d'opportunité des
terres, etc.). De 1975 jusqu'en 2004, les prix du blé, du maïs
et
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du soja restaient diriger par les coûts mais ceux-ci ne
peuvent expliquer les variations brutales récentes. Selon les auteurs,
c'est donc une hausse brutale de la demande, et non pas une hausse des
coûts qui peut expliquer le changement structurel en 2006/2007. En ce qui
concerne le maïs, cette période coïncide avec celle de la
montée en puissance des biocarburants : de 10% en 2005, la part de la
production américain de maïs consacrée à la
production d'éthanol est passée à 40% aujourd'hui. Cette
analyse leur a permis de mettre en évidence un net couplage entre les
prix du maïs et de l'éthanol à partir de 2007.
Ainsi soutiennent-ils l'hypothèse selon laquelle les
politiques de soutien aux biocarburants et le choc de demande venu de la
bio-industrie auraient été la principale cause de la rupture dans
les prix et de leur brutale hausse à partir de 2007.
O L. Temple, et al. (2009) ont également
réalisé une étude sur Les déterminants
de l'instabilité des prix alimentaires au Cameroun :
une analyse institutionnelle de résultats économétriques.
De leur travail il ressort que conceptuellement, deux types de
déterminants sont à distingués dans le cadre d'analyse
standard de l'équilibre des marchés (loi de l'offre et de la
demande).
- les déterminants endogènes : anticipations des
offreurs sur les prix ; et
- les déterminants exogènes : les variations
climatiques, la périssabilité des cultures, les politiques
publiques, le coût du transport, festivités de fin d'année,
les changements intervenus dans la sous-région d'Afrique centrale.
En effet à partir de l'estimation des indices
d'instabilité des prix réels ils montrent que les prix
réels de certains produits périssables (tomate fraîche,
manioc frais) sont plus instables que ceux de leurs substituts stockables
(tomate en conserve, farine de manioc). Ensuite grâce aux
régressions économiques de la formation des prix, elles
soulignent l'existence d'un effet significatif mais relativement moyen des
anticipations des offreurs sur l'état des marchés urbains, une
contribution déterminante des coûts de transport, les rôles
respectivement mitigés et relatifs des diverses mesures
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gouvernementales et des régimes de changements survenus
dans la sous-région d'Afrique Centrale.
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