WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La violence en milieu scolaire: cas du lycée de tigaza


par Estelle FOUDA MENYENG
Institut Universitaire Catholique de Bertoua - Master 2 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2- FORMULATION ET POSITION DU PROBLEME

L'ampleur que prend le phénomène de la violence en milieu scolaire depuis quelques décennies oblige certains établissements scolaires à devenir de véritables postes de police ou de gendarmerie avec pour but de traquer la violence par tous les moyens et à tous les prix elle n'est pas typique du Cameroun ou de l'Afrique. Selon un document publié le mercredi 6 janvier 2016 par la  Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère français de l'Education nationale 79% des incidents déclarés en milieu scolaire au cours de l'année 2014-2015 sont des atteintes aux personnes, parmi lesquelles 42% de violences verbales "dont plus de la moitié à l'encontre des enseignants" et 30% de violences physiques "généralement entre élèves". La consommation de stupéfiants qui fait partie des "atteintes à la sécurité" au même titre que les intrusions serait en hausse de 0,7%. Dans les lycées d'enseignement général et technologique et les lycées polyvalents elle est passée de 4% à 10% en trois ans. Pour tenter d'y remédier la France organisait déjà les 07 et 08 avril 2010 les « Etats généraux de la violence à l'école » qui donnent lieu à la création des Etablissements de Réinsertion Scolaire destinés à « accueillir des collégiens perturbateurs en internat afin de rompre avec leur cadre de vie habituel» ( Hélène Bekmezian, 2011). Toutes les mesures draconiennes prises, allant jusqu'à la sanction des parents d'élèves et en passant par la mise en place des Equipes Mobiles de Sécurité (EMS), n'ont pas eu d'effets positifs. Au Cameroun la fréquence des actes de violence à l'école a amené l'ex-Ministre des Enseignements Secondaires, Louis Bapès Bapès à commettre la lettre circulaire N° 05/06/MINESEC/CAB du 12 janvier 2006 relative à la prévention de la violence en milieu scolaire dans laquelle il invite tous les Chefs d'établissements à « prendre des mesures visant à juguler le phénomène de la violence dans les établissements secondaires du Cameroun. » (cité par Céline Amana, 2011). Le Syndicat National Autonome de l'Education et de la Formation (SNAEF) crée à la suite de cette lettre un comité de non-violence afin de diffuser une culture de paix dans les écoles, projet qui n'a pas eu l'assentiment du MINESEC qui estimait avoir pris toutes les dispositions pour résoudre le problème. La violence a, malgré tout, continué à être de plus en plus présente à l'école installant le règne d'un climat d'insécurité permanente entre élèves et enseignants, entre élèves et administration scolaire. La question que nous nous posons est de savoir qu'est-ce qui peut amener un enfant à s'en prendre à ceux qui sont chargés de l'instruire où à détruire le cadre dans lequel il passe une grande partie de son temps ? Pourquoi est-ce que les établissements scolaires, au lieu d'être des havres de paix, sont-ils les lieux où l'on se sent persécuté et outragé ?

La loi N° 98/004 du14 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun, en son article 5 alinéa 2 stipule que l'éducation a pour objectifs « la formations aux grandes valeurs éthiques universelles que sont la dignité, l'honneur, l'honnêteté et l'intégrité ainsi que le sens de la discipline ». L'alinéa 5 ajoute « l'initiation à la culture et à la pratique de la démocratie, au respect des droits de l'homme et des libertés, de la justice et de la tolérance, au combat contre toutes formes de discrimination, à l'amour de la paix et du dialogue... ». La même loi proscrit, à l'article 35, les sévices corporels et toute autre forme de violence; les discriminations de toute nature, la vente, la distribution et la consommation des boissons alcooliques, du tabac et de la drogue. Toutes choses devant contribuer à une éducation à la paix, à l'amour et à l'intégration sociale harmonieuse des apprenants. Il ressort cependant, au vu de la situation qui prévaut dans les établissements scolaires, que ces objectifs ont du mal à être atteints malgré le grand nombre de circulaires antérieures ou postérieures à cette loi et visant à contrecarrer les comportements déviants au sein de l'école et qui sont entre autres :

- La circulaire N°42/A/371/MINEDUC/DESG/SAP relative à l'organisation de la discipline dans les établissements d'enseignement secondaire. Celle-ci vise à renforcer la concertation et la collaboration entre les responsables administratifs, les professeurs et les élèves dont les droits et obligations sont précisés et insiste sur le fait que la formation des élèves selon les objectifs nationaux de l'éducation doit se faire sans désordres chroniques, injustices effrontées, actes immoraux et arbitraires.

- Les circulaires N°16/B1/1464/MINESEC/DESG/SCP du 20 Avril 1987 relative à la tenue et au comportement des membres de l'administration au sein des établissements scolaires et N°18/B1/1464/MINESEC/ESG/SCP du 16 Juillet 1987 relative à la tenue et au comportement des enseignants au sein des établissements scolaires met l'accent sur la tenue vestimentaire ainsi que sur le comportement des enseignants et des membres de l'administration scolaire en précisant que ces derniers, en tant qu'éducateurs, doivent être des modèles et de bons exemples pour leurs élèves.

- La circulaire N°17/B1/146/MINEDUC/ESG/SCP du 20 Avril 1987 relative à la tenue et au comportement des élèves des établissements scolaires confirme la nécessité d'un code de bonne tenue et de bonnes manières en vue « d'habituer les élèves au respect des principes de la morale et du bon goût ».

- La circulaire N°28/A/94/MINEDUC/SC [illisible] du 19 Mai 1988 relative à la moralisation des comportements des enseignants qui entretiennent des relations coupables avec les élèves filles.

- La circulaire N°2/D/7/MINEDUC/IGP-ESG/IGP-ETP/DESG/DETP du 11 Janvier 1993 relative aux sanctions punitives applicables aux élèves, donne le pouvoir aux Chefs d'établissements ainsi qu'aux conseils de discipline et de classe de décider des sanctions à appliquer aux élèves et différentie les fautes mineures des fautes majeures.

- la circulaire N° 38/B1/1464 du 8 décembre 2000 relative à la lutte contre la violence au sein des établissements scolaires;

- la circulaire N° 005/06/MINESEC/CAB du 13 février 2002 relative à la laïcité des établissements scolaires publics afin de prévenir la stigmatisation de certains groupes religieux et les violences qui en découlent.

- la circulaire N° 10/B1/1464 du 13 mai 2002 relative à l'état de la violence et du vandalisme dans les établissements scolaires ;

- la circulaire N° 19/07 /MINESEC/SG/DRH/SDSSAPPS du Ministre des Enseignements secondaires portant création des clubs antitabac en milieu scolaire consacre les écoles comme des « espaces non fumeurs ».

Malgré toutes ces mesures, la violence en milieu scolaire ne va que s'augmentant. Et, lorsqu'on parle de violence en milieu scolaire, on a tendance à ne voir que les délits et incivilités commis par les élèves, leurs écarts de comportement, leur manque de respect et leur sens peu poussé de la morale et du civisme. Les adultes regrettent que l'école ne soit plus ce lieu qui évite à l'enfant de faire des mauvaises rencontres, un abri contre les fléaux de la société. Mais ils s'interrogent rarement sur les causes profondes de cette escalade de la violence et de l'indiscipline afin de comprendre pourquoi un élève est capable de s'attaquer verbalement ou physiquement, sans peur aucune et sans scrupule, à son encadreur (enseignant ou membre de l'administration), à ses camarades et à tout ce qui a trait à l'école (par exemple en cassant les infrastructures et en salissant les murs et les bancs avec ses selles), de rester passif aux cours ou de les perturber et à la moindre occasion de les déserter pour s'adonner à d'autres pratiques déviantes.

Par ailleurs, le phénomène de la violence en milieu scolaire au Cameroun est peu exploré. La plupart des recherches effectuées portent sur les violences à l'école primaire et surtout sur celles basées sur le genre féminin, comme celles de Aissa Ngatansou Doumara (2011) qui a par exemple publié son expérience sur les violences subies par les filles à l'Extrême-Nord et qui impactent leur insertion scolaire et socioprofessionnelle. Mais il n'existe aucun programme permettant de relever des données fiables quant à la fréquence et à l'intensité de la violence en milieu scolaire, des statistiques n'existent pas, les recherches sont diffuses. Le « Rapport final sur les violences de genre comme facteur de déscolarisation des filles en Afrique subsaharienne francophone » confirme avec regret le fait qu'« il n'existe dans la région aucun système global de signalement des actes de violence qui ont pour cadre le milieu scolaire, rendant l'évaluation du phénomène particulièrement difficile » (Halim Benabdalla, 2010). Seuls les médias semblent plus s'en préoccuper et ainsi les causes réelles de cette montée de la violence en milieu scolaire ne sont pas élucidées ou au contraire, pour céder à la facilité, on se contente de blâmer ces "inconscients" que sont les élèves, qui n'ont plus de valeurs et sont voués à la perdition. Et les résultats sont visibles à travers l'échec massif aux examens officiels mais aussi et surtout les redoublements dans les classes intermédiaires.

Considérant tout ceci, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions nécessaires à la compréhension de ce phénomène assez complexe.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera