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INTRODUCTION GENERALE
La loi N°98/004 du 04 avril 1998 portant organisation de
l'éducation au Cameroun précise en son article 2 que
l'éducation est une grande priorité nationale et
à l'article 4, elle assigne à l'Education sa mission
générale qui est la formation de l'enfant en vue de son
épanouissement et de son insertion harmonieuse dans la
société en clarifiant en son article 5 que son objectif est
la formation aux grandes valeurs éthiques universelles ainsi que le
sens de la discipline. Pour mener à bien cette mission si noble, le
législateur interdit dans l'article 35 l'usage de la violence sous
quelques formes que ce soit. Des circulaires ministérielles
reprécisent régulièrement ces missions en insistant sur le
comportement tant des élèves que des enseignants au sein de
l'école. Cependant, l'on semble être loin de cet idéal. En
effet, la violence en milieu scolaire est un phénomène de plus en
plus présent dans les discours populaires et dans les médias. Les
titres sensationnels dans la presse écrite, à la
télévision et même sur Internet parlent de son escalade
à l'école. Au regard de ce qui en est dit, l'école n'est
plus cet îlot de paix au milieu des guerres diverses auxquels la
société et en particulier le Cameroun doit faire face. La
violence y a élu domicile. Les enseignants disent ne plus être en
sécurité dans l'exercice de leurs fonctions, ils se plaignent des
élèves qui ne respectent plus rien, qui n'ont aucune valeur et
aucun sens du respect des aînés. Ils sont dépravés
et sèment la terreur dans les salles de classe. Dans les lycées
de la ville de Bertoua et au lycée de Tigaza en particulier, il est
rare, voire impossible de passer une journée sans recenser un cas de
violence tant entre élèves qu'entre élèves et
enseignants.
Notre recherche dans le domaine de la violence en milieu
scolaire part du constat que les médias, les responsables en
matière d'Education et même les chercheurs ne s'appesantissent pas
sur ses causes profondes et se contentent de mettre en exergue les
manifestations de la violence des élèves et quelque fois celle
des enseignants ainsi que les conséquences immédiates telles que
les blessures, le décès, les dégâts
matériels, etc. Aucune visibilité n'est faite dans la relation
entre la violence des élèves tant décriée, les
attitudes des enseignants, les méthodes de l'institution scolaire ainsi
que l'environnement socioéconomique dans lequel l'apprenant
évolue sans oublier les priorités réelles des pouvoirs
publics.
En effet, Jean Bergeret(1994) pense que la violence est un
instinct naturel, l'essence de l'homme, celle sans laquelle il ne peut exister
et qui se manifeste face à un sentiment d'injustice, de perte de sa
dignité, de son identité et même de sa liberté. Pour
lui, la violence est fondamentale et peut être dominée et
utilisée positivement par l'éducation. Cependant, Pierre
Bourdieu, dans sa théorie de la violence symbolique pense qu'avec la
démocratisation et la massification de l'école les
inégalités sociales se renforcent d'avantage avec
l'inégalité des chances de réussir ainsi que
l'inégalité des places même au niveau de l'insertion
professionnelle. Il se développe au sein de l'institution scolaire des
frustrations liées à l'imposition sournoise des
représentations et des normes auxquelles les élèves
réagissent soit en se soumettant, et ceci pour un court temps, soit en
se révoltant de façon violente.
C'est partant de ces théories, nous
énonçons, au cours de notre étude intitulée
« La violence en milieu scolaire : cas du Lycée de Tigaza
à l'Est-Cameroun », l'hypothèse selon laquelle le
contexte scolaire contribue à la montée de la violence en milieu
scolaire. Cette hypothèse a généré deux autres
hypothèses de recherche :
HR1 : Le fonctionnement de l'institution scolaire
contribue à la montée de la violence en milieu scolaire.
HR2 : L'environnement socio-économique contribue
à la violence en milieu scolaire.
Pour vérifier ces hypothèses nous nous
appuierons sur la méthode de recherche qualitative basée sur
l'observation des acteurs du milieu scolaire (évènements
quotidiens, cours, activités scolaires), les entretiens avec les
élèves et les enseignants ainsi que l'analyse des documents
internes du lycée de Tigaza.
L'étude est répartie en cinq chapitres: Le
Chapitre I s'intéresse à la problématique de la violence,
aux hypothèses, aux différents intérêts de
l'étude, à sa pertinence ainsi qu'à sa délimitation
scientifique, thématique et géographique. La définition
des concepts clés clôturera ce chapitre. Le Chapitre II est
consacré à la Revue de la littérature et à
l'insertion théorique. Le Chapitre III présente la
Méthodologie de la recherche utilisée ainsi que le site de
l'étude et les techniques de collectes des données. Au Chapitre
IV nous présenterons et analyserons les résultats obtenus
et le Chapitre V nous servira à Interpréter ces
résultats, à les discuter et à faire des recommandations.
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE
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