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Evaluation du processus de management des risques de la direction générale des impôts au Burkina Faso


par Hassane KOUSSOUBE
Université Senghor d'Alexandrie  - Master en Audit et contrôle de gestion basé sur les risques 2021
  

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Chapitre VIII - Conclusion

L'administration fiscale est l'une des administrations les plus exposées aux risques. Il est donc primordial pour elle de mettre en place un processus de management des risques (PMR) et de s'assurer de son bon fonctionnement. Au Burkina Faso, la Direction Générale des Impôts (DGI), a mis en place un processus de management des risques sans n'avoir toutefois jamais procédé à son évaluation. Par conséquent, l'état de fonctionnement du processus reste peu connu.

L'objectif de cette étude était d'apprécier l'état de fonctionnement du processus de management des risquesde la DGIenrépondant aux interrogations suivantes: la culture du risque, reflète-t-elle une intégration suffisante des risques au processus de prise de décision et de fixation des objectifs?La gouvernance des risques,reflète-t-elle une participation suffisante des acteurs de la DGI au processus de management des risques ?Le processus méthodologique de gestion des risques, notamment d'évaluation, de traitement, de suivi et de reporting des risques, est-il pertinent et mis en oeuvre de façon adéquate ?

Pour parvenir à cet objectif, nous avons construit un modèle d'analyseissu de l'adaptationde travaux similaires de l'IIA et de l'ACUA concernant le PMR. Ce modèle d'analyse inclut un modèle de maturitéet un questionnaired'évaluationélaborés sur la base des caractéristiquespropres à tout PMR efficace indépendamment du référentiel utilisé :il s'agit de la culture du risque, de la gouvernance des risques et du processus de gestion des risques.Le questionnaire aborde entre autres la compréhension du management desrisques au sein de l'entité, le soutien de la direction générale à cette démarche, la définition des rôles et responsabilités en la matière, la pertinence de la méthodologie d'évaluationdes risques ou encorele partage d'informations sur les risques. Sont également pris en compte, les spécificités de l'évaluation des risques dans l'administration fiscale comme le recours aux outils de profilage des contribuables ou des opérations en fonctiondu niveau de risque.

Les réponses apportées au questionnaire à travers lesentretienset les analyses documentaires,révèlent que le PMR de la DGI, comporte des insuffisances susceptibles de nuire à son efficacité. En effet, les trois composantes analyséesque sontla culture du risque, la gouvernance des risques et le processus de gestion des risquessont encore en deçà du niveau de maturité souhaitable au regard de la forte expositionau risquedel'administration des impôtset durôle stratégique de la DGI dans mobilisation des recettes de l'État.

De façon détaillée, au niveau de la composante « Culture du risque », on note qu'une proportion significative des acteurs de la DGI, ne disposepas d'une compréhension de base sur le risque. Aussi, le risque est pris en compte dans l'élaboration de la stratégie et dans la planification annuelle des activités et du budget,mais de façon informelle. Également, le mécanisme d'échanges et de diffusion des informations relatifs aux risques demeure informel etl'appétence pour le risque reste non définie. Le risque sembleêtre considéré en fonction des besoins, ce qui peut être jugé insuffisant pour une administration fiscale où la gestion des risques constitue un élément clé. En d'autres termes, l'on peut affirmer quela culture du risque reflète une insuffisante intégration du risque dans le processus de prise de décision et defixation des objectifs.

Au niveau de la composante « Gouvernancedes risques », le soutien de la direction générale dès l'entame du processus à travers l'allocation des ressources et son implication, constitue un point positif. Il en est de même pour la participation des managers aux travaux d'analyses des risques sous l'impulsion de l'audit interne. Toutefois, il subsiste des insuffisances qui ont un impact significatif sur l'efficacité du PMR. En l'occurrence, il s'agit entre autres du défaut de formation de la direction générale à la surveillance du PMR,de la non-définition des rôles et responsabilités en matière de gestion des risques ou encore de l'absence d'un comité de maîtrise des risques. Cette dernière insuffisanceconstitue un frein à l'implication régulière de la direction générale dans le PMR.Pourtant, l'implication régulière de la direction générale est nécessaire en raison de la place centrale du risque dans la mission de la DGI. Finalement, on peut juger que la gouvernance des risques, présente un niveau de maturité en deçà, de ce qui serait attendu d'une administration fiscale comme la DGI.

Au niveau de la composante « Processus de gestion des risques », on peut noter que le processusméthodologique tend à se conformer aux principes établis par les standards tels que le COSO ERM 2017, l'ISO 31000,ainsi qu'auxprincipes d'évaluation des risques fiscaux (OCDE). Cependant,l'absence desuivi permanent des risques (gestion des incidents et indicateurs de suivi de l'évolution des risques) et d'outils de profilage des contribuables et des opérations en fonctiondes risques, constituentdes points faibles du PMR.Aussi, la méthodologie de gestion des risques malgré son caractère commun à l'ensemble de la DGI, reste vulnérable à des incohérences futures à cause de son caractère non-officiel.En plus, l'univers des risquesne prend pas suffisamment en compte les risques d'origine externe(politique, économique, social, technologique, etc.). Également, la périodicité de réalisation des évaluations des risques est assez longue et aléatoire. Finalement, on peut juger que le niveau de maturité duprocessus de gestion des risquesne couvre pas suffisammentles besoins de la DGI en matière de gestion des risques.

Les insuffisancesdu PMR qui ont été relevées par cette étude, n'ont pas un caractère alarmant.Elles sont souvent propres à toutprocessus de management des risques naissant, surtout dans le secteur publique qui essaie tant bien que mal de se mettre à l'heure de la nouvelle gestion publique (NGP). En effet, le management des risques tout comme les autres outils de la NGP,demeure un exercice difficile. Un effort continu dans le temps est nécessairepour une large compréhension des concepts et une mise en oeuvre adéquate : la démarche doit donc être progressive pour l'accession à des paliers supérieurs de maturité.

Afin de remédier aux insuffisances,plusieurs actions ont été proposées parmi lesquelles : la formation de la direction générale à la surveillance du PMR,ainsique celle des collaborateurs au risque ;la mise en place d'outils de profilage des contribuables et des opérations selon le niveau de risque ;l'élaboration d'une politique de gestion des risques ;la mise en place d'un comité de maîtrise des risques, de forums confidentiels de remontée d'informations sur les risquesetd'un mécanisme de suivi permanent des risques.

Pour terminer, nous pensons qu'une fois les insuffisances corrigées, une étude ultérieure pourrait à moyen terme se pencher sur l'efficacité du PMR, c'est-à-dire son impact effectif sur les performances de la DGI.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci