V.3. Spécificités du
management des risques dans le secteur public
V.3.1.
Spécificités du management des risques dans l'administration
publique en général
La gestion des risques dans
l'administration publique est différente de celle du secteur
privé sous plusieurs aspects. À ce propos, le rapport 2019 des
nations unies sur le secteur public (ONU, 2019)qui traite entre autresdu
management des risques dans le secteur public, énoncent les
spécificités suivantes :
- la primauté de l'intérêt collectif sur
les gains financiers ;
- la diversité et l'importance des secteurs de
risque ;
- l'horizon temporel d'analyse et de traitement des
risques ;
- la prise en charge des risques gérés en partie
par d'autres acteurs ;
- et la prise en compte du consensus social dans la gestion
des risques.
À ces spécificités,on peut ajouter une
dernière spécificité relative aux implications et
difficultés propres àsa mise en oeuvre dans le secteur public
commeévoquées par COHEN (2012).
v Primauté de
l'intérêt collectif sur les gains financiers
Contrairement au secteur privé, le management des
risques dans l'administration publique est moins axé sur la maximisation
des gains financiers. C'est plutôt la maximisation de
l'intérêt public et donc des avantages pour tous qui est
recherchée.
En outre, la faible tolérance à l'échec
dans le secteur public entraîne des attitudes à l'égard du
risque qui sont différentes de celles qui prévalent dans le
secteur privé. Dans l'administration publique, les objectifs tels que la
protection, le bien-être et la prospérité des citoyens sont
centraux, ce qui implique un intérêt important pour la gestion
stratégique des risques, y compris la planification d'urgence, la
préparation aux situations d'urgence, ainsi que la gestion des crises et
des catastrophes.
v Diversité et
importance des secteurs de risque
L'administration publique joue un rôle central dans la
gestion des risques dans tous les domaines, en tant que gestionnaire des
risques, régulateur ou dans d'autres rôles.
Généralement,les États gèrent directement une
série de risquesdiversifiés et importants (sanitaires,
financiers, économiques, catastrophes naturelles, sociaux,
géopolitiques, ressources humaines, cybercriminalité, etc.).
v Horizon temporel d'analyse et de traitement des
risques
Plus que le secteur privé, les États peuvent
décider d'analyser les risques et de se préparer à les
affrontersur un horizon temporel éloigné.Par exemple,on peut
analyser des risques sur des décennies, ou se préparer à
des catastrophes susceptibles de se manifesterchaquecent ans.
v Prise en charge des risques gérés en
partie par d'autres acteurs
Les États prennent également en charge une
partie des risques gérés par d'autres acteurs dans un large
éventail d'activités allant de la finance au commerce en passant
par la gestion des catastrophes naturelles. Le rôle del'État en
tant que régulateur lui permet de superviser la gestion des risques dans
pratiquement tous les secteurs comme l'évaluation des risques avant le
lancement d'un produit ou d'un service dans des domaines tels que la
santé publique, la sécurité alimentaire, la gestion des
déchets, l'eau et l'assainissement, et les infrastructures critiques.
v Prise en compte du consensus social dans la gestion
des risques
Les États sont souvent emmenés à prendre
en compte le consensus social dans la gestion des risques notamment le
consensus sur les niveaux tolérables et les meilleurs moyens de faire
face à des risques spécifiques. Ce consensus variant d'un pays
à un autre, les États appréhenderont la gestion des
risques, de différentes manières. Par exemple, la perception et
l'évaluation du risque de séisme au Japon, seradifférente
de celle d'un pays comme le Burkina Fasotrès peu exposé
àce risque.
v Implications et difficultés liées
à la mise en oeuvre du management des risques
La mise en oeuvre réussie de la nouvelle gestion
publique (NGP) nécessite une période de transition en raison des
difficultés liées au changement de mentalités à
opérer ainsi que celles liées à la compréhension
des concepts sous-jacents. Le management des risques qui est l'un des outils de
cette NGP nedevraitpas être épargnépar ces
difficultés. Dans ce sens, la culture du risque devrait être comme
d'ailleurs au secteur privé, l'élément sur lequel un
accent particulier devra être mis dès l'entame de la
démarche.
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