Historique des accords de paix dans le territoire de
Rutshuru
Les différentes dynamiques des conflits
observées dans les deux chefferies du territoire de Rutshuru conduisent
depuis toujours aux conflits récurrents qui écument cette zone.
Des efforts ont été entrepris par certains acteurs issus de
divers milieux (associatifs, politiques, société civile, etc)
pour essayer de réfléchir sur des pistes de sortie de ce cercle
vicieux. Par
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ailleurs, sur un autre chapitre, le cycle de violences
continuent à s'y observer et à prendre de l'ampleur. Cette
situation bipolaire a poussé certains acteurs à creuser
profondément dans le processus de recherche de la stabilité et
ont abouti sur des dialogues/pourparlers sanctionnés par des accords
entre les participants.
Plusieurs séances des dialogues ont été
tenus regroupant divers protagonistes (qui sont constitués d'une part,
soit des communautés ethniques, des groupes armés trop souvent
à connotation ethnique, et de l'autre part soit par des autorités
politico-administratives, la société civile et les ONG) qui ont
abouti à la conclusion des divers accords pour tenter de trouver des
réponses à certaines dynamiques de ces conflits.
De ce fait, voici deux cas qui mettent en exergue ces efforts
dont l'un porte sur « le protocole concernant le zonage du Domaine de
chasse de Rutshuru à Kahunga en vue de la protection des cultures et de
la faune46 » et l'autre concerne « La déclaration
finale réunissant des notables locaux et des chefs des groupes
armés dans le Bwito, Lubero et le nord-Walikale dans la province du
Nord-Kivu/RDC47 ». En outre, il existe d'autres cas reprenant
des accords passés entre différents protagonistes dans cette zone
et dont malheureusement nos efforts s'étaient avérés vains
pour nous procurer des copies attestant leur effectivité et/ou
matérialité. Pour ce faire, nous allons seulement nous limiter
à les citer, il s'agit des accords qui sont supposés viser le
renforcement de la cohabitation pacifique et la cohésion sociale entre
diverses communautés et ethnies localisées dans cette
contrée, en l'occurrence :
? Les accords de paix signés entre les
représentants des ethnies hutu et nande en 2015 à
Nyamilima/territoire de Rutshuru ;
? Les accords de paix signés entre les twa
(pygmées) et les ethnies tutsi et hutu à Bunagana/territoire de
Rutshuru
? Etc.
46 Le secrétariat administratif de la chefferie
de Bwisha/Territoire de Rutshuru/Province du Nord-Kivu/RDC
47 Le secrétariat administratif de la chefferie
de Bwito/Territoire de Rutshuru/Province du Nord-Kivu/RDC
Par l'entremise de ces travaux, les participants cherchaient
à trouver une voie de sortie de la crise qui sévissait dans ces
zones et mettant en mal la cohabitation pacifique entre les
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Pour ce qui concerne le premier cas c'est-à-dire «
le protocole concernant le zonage du Domaine de chasse de Rutshuru à
Kahunga en vue de la protection des cultures et de la faune », il s'est
agi d'une situation de conflit qui a longtemps opposé l'ICCN et les
populations riveraines du PNVi et articulée autour
d'intérêts des uns et des autres. Ces populations déclarent
être victimes des agissements de l'ICCN qui ne prend pas en compte leurs
intérêts c'est-à-dire ne profitent pas pleinement des
dividendes générés par le parc, mais aussi les prive
d'exercer leurs activités agropastorales soubassement fondamental de
leur survie et de l'autre côté,
l'ICCN estime que ces populations ont violé les limites
préalablement établies du parc en y exerçant leurs
activités agropastorales mettant ainsi en danger la vie des
bêtes.
Cette situation a longtemps été sujet à
débat entre les deux parties et qui a conduit à la signature de
plusieurs protocoles d'accords entre elles mais jusque là le conflit
persiste car chaque partie s'estime être lésée d'une
manière ou d'une autre. Le protocole susmentionné a réuni
autour d'une même table la chefferie de Bwisha représentée
par son grand chef le coutumier (mwami ou roi) et l'ICCN, ce dialogue a abouti
sur la signature faisant référence à l'engagement des deux
parties à respecter les causes de ce dernier.
Le deuxième cas, celui de la « déclaration
finale » a concerné des travaux portant sur les échanges
entre les acteurs issus de diverses provenances : société civile,
ONG, autorités politico-administratives et coutumières, des
services de sécurité, etc. de la chefferie de Bwito et des
territoires de Walikale et Lubero dans la province du Nord-Kivu. Ces travaux
avaient été initiés par la Caritas diocésaine de
Goma, de l'association Homme de Dieu et des églises avec l'appui de la
Monusco. Ces travaux ont réuni autour d'une même table des
notables en provenance des milieux susmentionnés et représentant
des communautés ethniques hutu, nande, nyanga et hunde ; mais
également des chefs des différents groupes armés
opérant dans ces milieux y avaient pris part.
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membres des communautés ci-haut citées. Par une
approche historique, les participants ont passé en revue les histoires
de succès et d'échec de tous les efforts entrepris par le
passé dans le cadre de recherche de la paix entre ces communautés
et à l'issue de laquelle des recommandations avaient été
formulées vis-à-vis de ces différents groupes des
participants notamment, ils devraient tous travailler pour promouvoir la paix
et la cohabitation pacifique et s'efforcer d'évoluer vers le
vivre-ensemble dans un milieu sans conflit et violence.
De ce qui précède, il ressort clairement le
souci et l'intérêt manifesté par les uns et les autres pour
tenter de fédérés la vision et perception de tous les
acteurs impliqués de près ou de loin dans des conflits violents
et récurrents, caractérisant ces contrées. En scrutant
profondément ces efforts, quatre situations se dégagent :
1. Aucune séance de travail (table ronde) n'a
été faite clairement sous l'initiative des femmes de ces
contrées
2. Le rôle des femmes dans ces séances de
travail ne pas clairement défini ou mieux, mis en évidence
3. La participation des femmes dans le cercle des
décideurs laisse à désirer
4. Aucune allusion faite quant à l'attribution aux
femmes d'un rôle au premier plan et/ou stratégique dans le
processus de maintien et de la consolidation de la paix.
Ce cliché donne l'image des perceptions
négatives et ahurissantes qui continuent à être
véhiculées dans ces contrées contre la femme,
considérée comme étant un être « faible »
et incapable. Néanmoins, cette situation alarmante vis-à-vis de
la femme devrait être positivée par cette dernière, en la
considérant comme un stimulus qui la pousse à explorer ses
potentialités pour afin bien asseoir son influence au sein de la
communauté et cesser de se victimiser tout le temps. La femme de cette
zone devrait plutôt travailler, batailler durement pour mériter le
respect et considération dont elle a besoin et qui lui reviennent de
jure, au lieu d'attendre que ça soit les autres qui les fassent à
sa place pourtant, elle est la seule qui sent et qui connait le mieux ses
intérêts et besoins.
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C'est ainsi que les femmes de Rutshuru pourront rentrer en
harmonie et faire leur, ce que nous avons appelé « l'accroissement
de la participation intelligente » dans les processus de
réconciliation et de consolidation de la paix.
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