CONCLUSION
La femme de la province du Nord-Kivu en général
et celle du territoire de Rutshuru en particulier devra se battre
méthodiquement pour arriver à faire valoir sa place dans tout
processus de réconciliation et consolidation de la paix et
mériter (arracher) sa participation à tous les niveaux des
instances tant locales, nationales et le cas échéant
internationales qui militent pour la consolidation de la paix (reconstruction
post-conflit) dans des zones post-conflit. C'est dans ce cadre que cette
étude intitulée : « Etude sur la participation de la femme
dans le processus de réconciliation et consolidation de la paix dans le
territoire de Rutshuru » a été menée pour essayer de
comprendre/déterminer le niveau d'implication de la femme dans le
processus de réconciliation et de la consolidation de la paix dans la
zone post-conflit, cas du territoire de Rutshuru.
Notons que cette étude a soulevé quelques questions
de recherche notamment :
- Quel est le niveau de participation de la femme dans le
processus de réconciliation et de consolidation de la paix en territoire
de Rutshuru ?
- Quelles sont les grandes contraintes auxquelles les femmes
de Rutshuru font face vis-à-
vis de la participation dans le processus de
réconciliation et de consolidation de la paix ? - Quelles sont les
stratégies d'intervention pour améliorer la participation de la
femme
dans la consolidation de la paix ?
En outre, quelques hypothèses ont été
soulevées il s'est agi de :
1. Le niveau de participation de femmes dans le processus de
réconciliation et de consolidation de paix dans le territoire de
Rutshuru serait faible : présence physique, dynamisme, motivation,
etc.
2. Les contraintes auxquelles les femmes font face dans le
processus de réconciliation et consolidation de la paix seraient d'ordre
culturelle (coutumes, normes sociales, tribalisme/linguistique,
géopolitique, etc.) et éducatif (analphabétisme, faible
niveau d'étude).
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3. Les stratégies d'intervention pour améliorer
la participation de la femme dans la réconciliation et la consolidation
de la paix seraient le respect de la loi numéro 15 /013 portant
modalité de droit de la femme et de la parité de son chapitre 2
à son article 10 et le respect de l'article 14 de la constitution de la
République démocratique du Congo qui stipule que : « les
pouvoirs publics veillent à l'élimination de toutes forme de
discrimination à l'égard de la femme et assurent la protection et
la promotion de ses droits, la mise en application de la résolution 1325
des nations unies », organisations des cours , les campagnes de formation
des femmes et des campagnes de sensibilisations. Intensification des
écoles
des leadership féminin à tous les niveau pour
qu' elle puisse assumer les responsabilités par rapport à la
consolidation de la paix.
La vérification de ces hypothèses a
été effectuée par les méthodes ayant trait à
l'approche mixte : approche qualitative et l'approche quantitative, et des
techniques telles que l'observation directe, l'étude documentaire,
l'enquête, l'histoire de vie et la technique de complément des
phrases ; et ainsi, au terme de cette étape nous avons constaté
ce qui suit :
1. Le niveau de participation de la femme dans le processus
de réconciliation et de la consolidation de la paix dans le territoire
de Rutshuru reste toujours faible et cela en dépit des efforts fournis
par certaines institutions et organisations en l'occurrence des ONGi,
associations locales, nationales, société civile, certaines
institutions étatiques, etc.
2. Les contraintes auxquelles les femmes de Rutshuru font
face sont de multiples natures notamment les barrières culturelles (us
et coutumes), barrière psychologique (crise de confiance en soi),
l'impunité, le niveau d'instruction (relativement faible) et mauvais
encadrement (de la part des gestionnaires de certains mouvements
associatifs).
3. Les stratégies d'intervention pour améliorer
la participation de la femme dans le processus de réconciliation et de
la consolidation de la paix par rapport au le respect de la loi numéro
15 /013 portant modalité de droit de la femme et de la parité de
son chapitre 2 à son article 10 et le respect de l'article 14 de la
constitution de la République démocratique du Congo n'ont jusque
là pas permis l'application effective
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de cette loi en dépit de quelques interventions
sporadiques mais non efficaces de la part des acteurs concernés sur le
terrain.
Au regard de cette conclusion, nous recommandons des
stratégies suivantes :
Le niveau d'implication de la femme dans le processus de paix
implique plusieurs points notamment l'aspect paritaire et la compétence
(dynamisme). De ce fait, pour ramener les femmes à être
impliquées à un degré supérieur dans le processus
de reconstruction de paix dans les zones post-conflit, une stratégie de
tenue de dialogues regroupant uniquement des femmes peut être
appliquée avec la mise sur pied des comités de suivi
constitués uniquement des femmes (barza des femmes) . Cela peut se
justifier par le fait que, les femmes en général et celles des
milieux ruraux en particulier son plus souples à s'exprimer librement
sur un sujet donné lorsqu'elles sont entre elles qu'avec les hommes.
De surcroît, de manière empirique, il serait
impérieux d'organiser pour les femmes du territoire de Rutshuru des
voyages d'étude et d'échange d'expériences vers d'autres
provinces du pays ou dans des pays étrangers où cette
problématique commence à trouver des réponses
satisfaisantes. Ainsi, grâce aux épreuves ou évidences de
(s) l'expérience (s) des autres, elles pourront y procéder par
l'observation, l'induction, la déduction, l'essai (test) et en fin
l'évaluation (comme démarche empirique) de leur apprentissage.
Grâce à cette approche, les femmes pourront avoir la
possibilité d'apprendre en agissant à partir des faits
résultant des expériences des autres femmes vivant sous d'autres
cieux.
Concevoir un plan stratégique qui facilite la
fédération des associations féminines du territoire de
Rutshuru dans des plates-formes ou caucus des femmes et la mise en place des
mécanismes et/ou politiques avec des effets au niveau communautaire,
sociétal et institutionnel d'une part, et avec des effets au niveau
international de l'autre part. Pour que les actions de ces regroupements aient
de l'envergure, il sera nécessaire de maintenir la collaboration et les
échanges d'informations et expériences entre eux, ainsi que le
soutien mutuel des actions des uns et des uns autres car militant pour la
même cause.
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Organiser des séances de dialogues impliquant des
couches de populations les plus vulnérables (pauvres)
c'est-à-dire les populations souvent oubliées lors de la tenue de
ce genre d'activités [les cultivateurs (trices), éleveurs
(veures), vendeurs (ses) des divers produits manufacturés ou non, les
jeunes désoeuvrés (ées), les ex-combattants (es), les
déplacés (ées) internes, les retournés
(ées), les victimes de violences sexuelles et basées sur le
genre, les professionnelles du sexe, etc.] et monter des plans d'actions qui
ouvrent la voie et facilitent l'accroissement de la participation intelligente
des femmes dans les processus de réconciliation et consolidation de la
paix.
Cette approche inclusive suit une démarche
tridimensionnelle, elle touche en premier lieu l'individu, la communauté
puis la société et ainsi, va du bas vers le haut (trickle up)
c'est-à-dire qu'elle vise l'adhésion massive des couches des
populations pauvres (vulnérables) à la base à travers les
plans d'action élaborés pour ce faire, et ainsi rendre leur cette
lutte efficace.
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