CHAPITRE 2
PARTIE THEORIQUE
13
1. Introduction
Les méthodes actives peuvent-elles favoriser
l'entrepreneuriat ?
Il m'a fallu bien peser toutes les implications de cette
question et toutes les sous-questions qui pouvaient en découler, et qui
de fait, ne cessèrent d'apparaître lorsque je tentais de saisir
celui-ci (le sujet).
Et plus je fouillais dans la littérature, les
écrits des pédagogues, l'internet, plus il me semblait qu'il fut
possible d'approfondir à l'infini.
Aussi, toute la difficulté de traiter de l'aspect
théorique ne fût-t-elle pas d'élaborer un texte, mais de
faire des choix, tous plus subjectifs les uns que les autres, et qui, quelque
soit l'angle abordé, me semblaient défigurer et minimiser les
multiples réponses, parfois contradictoires, auxquelles j'arrivais.
Tel était pour moi le défi que
représentait cette partie de mon écrit, que j'espère avoir
rendu intelligible.
En ce qui concerne le sujet lui-même, parfois j'ai eu
l'impression d'être un explorateur et de marcher dans une neige
immaculée, alors qu'à d'autres moments les traces laissées
montraient des signes d'un intense passage.
Les expériences les plus répandues chez nous
pour favoriser l'entrepreneuriat s'inspirent de la pédagogie du projet
et amènent de nombreuses possibilités, avec la création
par les étudiants de mini-entreprises par exemple14.
Toutefois, la plupart des projets de mini-entreprises
relatés dans la littérature parlent de plusieurs mois
d'expérimentation pour arriver à un résultat
pédagogique correcte, temps dont je ne disposais pas.
Il me fallait donc trouver une autre approche.
Mais avant d'aborder ensemble comment j'ai tenté de
répondre à la question, je vous propose en préalable que
nous passions en revue les influences pédagogiques qui m'ont
inspirées tout au long de ma formation et comment j'ai fais le lien avec
mes matières pour enfin en arriver à la méthodologie qui
sera exposée dans mon épreuve intégrée.
14
http://www.lavenir.net/cnt/dmf20140513_00475630,
consulté le 24 mars 2016
14
2. Ce que je m'approprie des courants
pédagogiques et comment je fais le lien avec les sciences
économiques.
Au début de l'ère industrielle, les
nécessités économiques liées aux premières
évolutions technologiques ont, en quelque sorte,
accéléré le temps15 .
Les avancées technologiques ont ainsi, en quelques
décennies à peine, bouleversé totalement notre
référence au savoir et à la connaissance.
Là ou l'expérience transmise par un instituteur
permettait largement à un apprenant d'être adapté au monde
qui l'entoure, là ou l'apprentissage de savoirs généraux
était suffisant pour permettre d'appréhender le monde et de
créer du lien social et professionnel (apprentissage de la langue, des
mathématiques, de la littérature, des sciences traditionnelles),
l'homme se retrouvait soudain contraint de se spécialiser et de
s'adapter rapidement à un nouvel environnement, technocratique et en
mutation constante.
Ce qui prenait une ou deux générations
s'opère maintenant en moins d'une décennie.
Et le temps s'accéléra encore, la plupart des
travailleurs sont maintenant, d'une manière ou d'une autre, dans un
processus de formation continue.
C'est sans doute ce contexte d'évolution forcée
qui pourtant fera la noblesse et la beauté du métier
d'enseignant, cette dualité perpétuelle entre le constat d'un
présent tel qu'il est, sans concession parfois et pour certains, et la
projection vers les possibles futurs ou il doit mener, tant bien que mal, ceux
qui lui sont confiés par la société toute
entière.16
C'est là, presque en qualité de facilitateur du
voyage dans le temps, que l'enseignant en général et l'enseignant
des sciences économiques en particulier, aura une responsabilité
spéciale, comme nous tenterons de le démontrer plus loin.
Je tenterai également d'expliquer pourquoi, à
mes yeux, les méthodes actives répondent aussi, en partie,
à ce besoin d'une prise de conscience sociétale de la
nécessité d'une responsabilité personnelle accrue des
entrepreneurs de demain, mais pas seulement, elles répondent aussi au
besoin de développer la capacité de « transversalisation des
compétences » qui est nécessaire dans un environnement d'une
grande complexité; en proposant par exemple un modèle de
coopération plutôt qu'un modèle de
compétition17.
Cela ne semble pas toujours être une révolution
sur le plan pédagogique car, expérimenté dans le
microcosme de la classe, on n'en mesurera pas nécessairement l'impact
sur la façon qu' auront les étudiants d'appréhender les
problèmes et les solutions « d'entreprises », avec un
véritable changement de paradigme du point de vue de l'entrepreneur.
C'est pourtant cet élément qui change tout dans
l'approche que l'on se fera du marché et de l'économie, si on le
transpose à plus grande échelle.
Si les méthodes actives arrivent à s'imposer
dans l'enseignement des sciences économiques, c'est bel et bien vers une
nouvelle philosophie des échanges économiques que nous pourrions
aller.
15
http://www.internetactu.net/2013/03/19/la-technique-est-elle-responsable-de-lacceleration-du-monde,
consulté le 24 mars 2016
16 Points de vue technocentriques sur l'activité de
l'homme au travail; approche cognitive des instruments contemporains de Pierre
Rabardel Édition Armand Colin, pp.239, 1995
17
https://www.colibris-lemouvement.org/agir/guide-tnt/introduire-la-cooperation-dans-la-pedagogie,
consulté le 24 mars 2016
15
Suite aux nombreuses faillites et leurs conséquences
innombrables, drames familiaux,
surendettement, etc, le législateur a choisi, en
Belgique en tout les cas, d'obliger à une préparation minimale
avant de se lancer dans l'entrepreneuriat.
L'enseignant des sciences-économiques d'aujourd'hui se
doit donc, en plus d'être lui même un technicien (ce qui est le cas
de la plupart des enseignants issus de la filière CAP), d'être le
digne héritier de tous les mouvements pédagogiques qui le
précèdent.
Ainsi, un peu comme dans la pyramide de Maslow, en ce qui
concerne les besoins humains18, il lui faut s'approprier une base
théorique sur laquelle construire sa pratique d'enseignement, et pouvoir
développer la capacité d'enseigner dans la méthode
appropriée, active ou non d'ailleurs, et ce, en regard du contexte et de
la classe.
En cela les méthodes actives ne sont pas en
contradiction avec les méthodes traditionnelles, bien au contraire,
elles les complètent et en sont, d'une certaine manière,
l'aboutissement.
Attention toutefois à ne pas tomber dans un effet de
mode ou à l'inverse, une forme de dogmatisme pédagogique. Il n'y
a bien sûr pas de méthode miracle, qu'elle soit active ou non, et
ceux qui le prétendraient seraient à mon avis très
discutables et discutés.
Le bon enseignant, est et reste selon moi, un professionnel
disposant d'une palette d'outils dont les méthodes actives seront, en
partie, notre sujet dans le présent écrit.
Passons donc brièvement en revue ces courants
pédagogiques, prérequis pour la compréhension de ce que
sont les méthodes actives en général.
C'est aussi un préalable pour comprendre où
elles se situent, car elles traversent plusieurs courants, en apparence parfois
contradictoires.
C'est également indispensable pour expliquer leur
application dans la pratique d'enseignement des sciences-économiques en
particulier et pour permettre plus tard de faire des liens.
C'est enfin nécessaire pour justifier du choix de notre
sujet et permettre déjà d'envisager à la fin de ce
chapitre quelques réflexions.
Je tiens vraiment à préciser ici que je ne fais
pas un exposé théorique pour le plaisir de l'exhibition des
connaissances ou pour débattre avec quiconque 19 sur la
«philosophie des pédagogie», mais que j'explique pourquoi et
comment, j'ai moi-même, au cours de ma pratique, réfléchis
et intégrés ces concepts.
Ce qui m'a semblé être, à minima, le
parcours nécessaire pour mon propre «savoirs-devenir»
(enseignant), si l'on préfère.
Je ne dis pas non plus que ce sont des repères
universels et que tous les enseignants le verraient ainsi, ce sont justes les
points cardinaux de la boussole dont moi j'ai eu besoin pour
réfléchir et concevoir mes leçons, choisir les sujets, me
fixer des objectifs pédagogiques et les réaliser dans la
pratique.
Voici donc une sorte de typologie de l'enseignant des Sciences
Économiques tel que j'ai voulu l'intégrer à mon
modèle d'intervention personnel.
Une sorte de moyen mnémotechnique dit en «je»
pour ne pas oublier les acquis sur lesquels se fonde notre pédagogie et
les qualités qu'il nous faut développer et entretenir pour
enseigner.
- Dans l'idéal je devrais resté en partie
Traditionnel 20 car il y aura toujours, même dans une
leçon ou l'actif est prépondérant, une
nécessité d'être expositif, maïeutique,
démonstratif.
18
http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8,
consulté le 24 mars 2016
19 (Quoique j'aime beaucoup débattre et deviser en bonne
compagnie:)
20 Sans auteur, une résultante de l'évolution des
savoirs ; les grecs, les perses, l'islam, les franciscains, les
lumières...
16
- Dans l'idéal je devrais être Puerocentrique
21, capable d'appréhender le jeune dans tous ses besoins
(spécialement au niveau AESI ou de nombreux ados sont encore de grands
enfants), trouver les centres d'intérêts du jeune, élaborer
des projets qui le motive etc... Quand on n'est plus un jeune soi-même
cela demande un bel effort d'empathie et de créativité.
- Dans l'idéal je devrais être Sociocentrique
22, donner à l'individu des moyens réflexifs et
critiques, lui permettre d'expérimenter, de se tromper, de se corriger,
de coopérer avec ses pairs, de s'auto-gérer et de travailler dans
un groupe capable de s'auto-gérer. Ce qui me plaît
particulièrement dans le courant sociocentrique, c'est de donner
à l'individu la capacité de réfléchir à la
transformation de son milieu social. Celui-ci étant un levier primordial
sur lequel on peut travailler si l'on veut former une classe d'entrepreneurs
responsables, éthiques et citoyens.
- Dans l'idéal je devrais être aussi
Cognitivo-Socio-Constructiviste 23, soit ouvrir la
parenthèse qui permet à l'apprenant d'appréhender, non pas
uniquement ses connaissances propres et théoriques, mais la façon
dont il établit son lien avec elles dans la pratique. La façon
dont il construit sa pensée, le « comment » de sa mise en
mémoire et de son traitement des informations dans son apprentissage.
Comment il se structure et structure ses savoirs, comment il peut
transversaliser et contextualiser ses connaissances anciennes pour qu'elles en
deviennent de nouvelles. Tout cela sera un élément essentiel pour
le futur entrepreneur, qui sera par nature, confronté en permanence
à de nouveaux défis et à l'obligation perpétuelle
de faire des liens entre sa formation et les exigences du monde
économique dans un environnement en mutation constante.
- Dans l'idéal je devrais être
Personnaliste24, à l'image de Rogers
(non-directivité) et comme le dit poétiquement Kalib Gibran dans
le poème intitulé «vos enfants ne sont pas vos
enfants», tiré du livre Le Prophète.
«Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en
arrière, ni ne s'attarde avec hier»25
Ainsi donc, le professeur devrait former des entrepreneurs
compétents et responsables, citoyens26, avec leur
originalité propre, et tout en transmettant des valeurs, éviter
comme une grande malédiction de vouloir les façonner à son
image.
L'apprentissage devrait donc se faire dans le respect le plus
strict de leur personnalité, tout en développant leurs
habilités sociales, leur capacité de coopération et leur
sens critique.
Je ne dis pas que tout les enseignants des sciences
économiques doivent se fixer de tels objectifs, pourtant si l'on lit le
décret «missions» du 24 juillet 1997» on pourrait presque
le soutenir.
Voici quelques objectifs visés dans celui-ci:
- Amener tous les élèves à s'approprier
des savoirs et acquérir des compétences afin de prendre une place
active dans la vie économique et socio-culturelle.
- Préparer les élèves à une
citoyenneté responsable.
- Promouvoir la confiance en soi, en faisant prendre
conscience à chaque élève de son potentiel.
21 Exemple : Rousseau, Montessori, Decroly, étude critique
des grands courant pédagogiques, HEAJ, Namur, 2007
22 Exemple :Freinet, Ferrer, Oury, De Peretti, étude
critique des grands courant pédagogiques, HEAJ, Namur, 2007
23 Exemple :De la Garanderie, Meirieu, Piaget,, étude
critique des grands courant pédagogiques, HEAJ, Namur, 2007
24 Exemple :Neill, Paquette, Rogers, étude critique des
grands courant pédagogiques, HEAJ, Namur, 2007
25
http://www.poesie.net/gibran1.htm,
consulté le 25 mars 2016
26 Paraphrase, décret missions du 24 juillet 1997
17
D'où la nécessité d'organiser, en plus,
ou en parallèle à un enseignement techno-centré, un
enseignement capable de développer ces autres aptitudes.
En risquant de schématiser un peu, je dirais que c'est
le décret mission qui consacre la nécessité d'une approche
plus diversifiée et oblige à chercher des pistes dans tous les
courants pédagogiques.
J'illustrerai ce propos par une formule :Un
«enseignant» qui ne serait qu'orienté technique ne serait pas
un enseignant dans la définition du décret missions et
s'apparenterait tout au plus à un «formateur».
C'est donc l'héritage pédagogique qui fera
l'enseignant et sera l'outil de celui-ci pour atteindre les objectifs
sociétaux qui sont intrinsèquement liés à sa
mission et repris dans les décrets; confiance en soi, appropriation des
savoirs, citoyenneté responsable27 .
Ces mêmes objectifs, dont un formateur en entreprise
n'aura pas à se soucier, car ce n'est pas son métier, sont
justement ce qui consacre le rôle et la responsabilité
plénière de l'enseignant.
En conclusion de ce bref développement, à la
lecture du décret missions on constate que les savoirs-faire ne
suffisent pas, les savoirs-être et surtout les savoirs-devenir sont
devenus indispensables pour évoluer et s'adapter à un monde
professionnel de plus en plus complexe.
C'est devenu vrai pour le travailleur de base, alors que dire
d'un futur chef d'entreprise ?
Autant de question qui vont m'amener plus loin à
définir ce qu'est un candidat entrepreneur et pourquoi ses besoins en
formations sont spécifiques.
Je tenterai de donner à ce propos quelques pistes de
réponses à travers les enjeux pédagogiques qui sont
apparus lors de ma pratique.
Je terminerai d'abord ma réflexion sur les apports
pédagogiques successifs et sur le seul apport que je n'ai pas
abordé dans le détail, l'apport du courant technocentrique, lui
qui est encore si présent aujourd'hui et de toute façon
incontournable.
Il n'y a pas que des désavantages à cette
approche techno-centrée qui a prévalu d'abord. Elle a permis
après tout de fonder un enseignement moderne et spécialisé
28.
Ensuite, les savoirs ont été divisés en
branches d'études et l'évolution a consisté alors à
fixer une définition opérationnelle des objectifs d'acquisition
des compétences. Elle a permis aussi la recherche expérimentale
des moyens (méthodes d'enseignements) et le contrôle
systématique des résultats (évaluation formative et
certificative).29
Enfin, la vision «technocentrique» de
pédagogues tels que Washburne, Dottrens, Skinner, Mager, a permis
«de facto» l'essor et le développement d'une nouvelle classe
de travailleurs, hautement spécialisés.
Il était donc historiquement légitime, et utile,
de recentrer l'apprentissage sur les techniques et de permettre une plus grande
intégration de la pratique dans celui-ci.
Ceci afin de réaliser cette transition
«utilitariste», demandée à grand cris par la
société industrielle et toujours d'actualité dans la
société post-industrielle lancée, quant à elle,
dans une révolution technologique qui touche aujourd'hui au
numérique et à l'automation.
Je vais donc maintenant vous parler de manière plus
spécifique des raisons pour lesquelles le candidat-entrepreneur a besoin
d'une approche plus complète et diversifiée.
27 Décret missions 24 juillet 1997.
28 Marguerite Altet «Les pédagogies de
l'apprentissage», 1998 page 1: Le courant Techno-centriste.
Exemple:"Enseignement programmé"et
"Pédagogie par Objectifs".
29 Étude critique des grands courants pédagogiques,
HEAJ, Namur, 2007.
18
3.Pourquoi développer une approche pédagogique
particulière pour les candidats
entrepreneur ?
|
Les deux spécificités de l'entrepreneur
:
1. Il n'est tout simplement pas possible à
l'entrepreneur d'être spécialisé dans toutes les techniques
nécessaires à la gestion d'entreprises (il ne peut à la
fois être expert-comptable, juriste, psychologue, ingénieur
spécialisé dans son produit ou service, commercial, parler le
chinois et l'anglais, etc...)30.
2- Il n'opère pas en autarcie et est un
représentant incontournable d'un «corpus social» ayant des
responsabilités sociétales importantes (emploi, formation,
santé au travail, plus value sociale, mécénat,
environnement, impôts,...)31
En conclusion, une vision uniquement technocentrique de
l'enseignement serait donc déficitaire, l'entrepreneur ne pouvant pas,
par nature, acquérir complètement la somme des savoirs
nécessaires à son métier, il lui faut bien
développer d'autres aptitudes pour y pallier. 32
Il conviendrait donc d'en passer par les méthodes
actives pour compléter la formation des étudiants en gestion qui
se destinent à entreprendre.33
C'est le postulat que je propose de développer pour
répondre à la question posée, j'en reparlerai plus tard
car pour l'instant, il me semble important d'approfondir encore notre
connaissance de l'entrepreneur de manière à avoir une perception
suffisamment vaste de ses besoins.
Je le propose ici comme un prérequis pour comprendre la
cohérence des chapitres suivants.
Définition de l'entrepreneur
«Un entrepreneur est une personne à l'origine de
la création d'une activité économique».
«Formulé différemment, un entrepreneur est
un chef d'entreprise qui possède les compétences et la motivation
suffisante pour créer une activité économique, se lancer
sur un secteur d'activité, créer des emplois, etc.
Plusieurs éléments caractérisent un
entrepreneur : une implication forte dans son projet, un investissement
matériel et/ou moral important, une personnalité marquée
par un leadership naturel. À la différence d'un homme d'affaires,
l'entrepreneur n'est pas prioritairement attiré par la maximisation des
profits, mais davantage par la pérennisation de son
activité». 34
Je compléterai tout de même cette
définition en ajoutant qu'il existe des entrepreneurs du social, des
entrepreneurs de l'humanitaire, de l'environnemental etc...35
30 Séance d'information aux candidats entrepreneurs,
Job'In Guichet d'entreprises, 2002.
31 Voir Le défi de l'entrepreneur responsable, par Olivier
Marquet, séminaire du 01-03-2008 pour Philosophie et Management asbl.
32 Les hommes et les technologies; approche cognitive des
instruments contemporains, Pierre Rabardel pour Hal, Université de Paris
8. Armand Colin, pp239, 1995.
33 Réflexions autours d'une pédagogie innovante
pour l'accompagnement entrepreneurial, par Loyda Gomez Université de
Lorraine. Paraphrase de la page 6 en introduction.
34 Selon le site :
http://www.journaldunet.com/business/pratique/dictionnaire-economique,
consulté le 26 mars 2016
35 J'en veux pour exemple mon employeur actuel, Pierre-Philippe
Marchand, fondateur de nombreuses institutions liées à l'Aide
à la Jeunesse et qui par incidence a créé près de
80 postes dans la région de Liège. Il a d'ailleurs écrit
un livre à ce sujet « La gestion quotidienne de
l'imprévisible » aux éditions Dricot, Vie et
Santé-Pédagogie, 2010
19
D'ailleurs, l'enseignement, le monde des formations, les
plates formes de travail en réseau, commencent à
s'intéresser à cette catégorie d'entrepreneurs de plus en
plus présente et qui nécessite le développement de
nouvelles approches pédagogiques36.
Interrogeons nous maintenant sur les raisons pour lesquelles
la priorité doit être données aux compétences et
pourquoi les méthodes utilisées doivent permettre leur
mobilisation en situation complexe.
Devenir entrepreneur c'est avoir 4 métiers, ah
bon ? 37
1. L'entrepreneur est d'abord un
«Technicien».
La première compétence nécessaire afin
d'entreprendre est effectivement une compétence technique.
Exemple: L'électricien qui désire fonder sa
propre entreprise a tout intérêt à bien maîtriser son
métier de base et à être expérimenté, il en
est de même pour le maçon, le plombier, le boulanger,
l'informaticien, etc...Il s'agit ici de ce que les anglo-saxons qualifient de
«core business», il faut avoir un métier de base duquel partir
pour construire son projet d'entreprise.
Un savoir spécialisé est donc nécessaire
au départ, il pourra y avoir diversification ensuite, soit grâce
à l'acquisition de nouvelles compétences par l'entrepreneur
lui-même, soit par sa capacité à s'adjoindre l'aide de
spécialistes rémunérés, soit par l'engagement de
personnel lui-même hautement spécialisé.
Nous pourrions ergoté que nous connaissons tous des
gens qui n'ont pas une formation de spécialiste et qui se sont
lancé dans l'entrepreneuriat malgré tout.
On parlera alors plus d'homme ou de femme d'affaires et de
toute façon, il y aura besoin, même dans ce cas, d'investir dans
un partenariat ou des salariés qui eux possèdent le savoir
spécialisé nécessaire pour lancer le projet et en assurer
la pérennité, ce n'est donc qu'une question de
sémantique.
Il peut même arriver que le porteur d'un projet ne soit
pas actif lui-même dans son projet, on parlera alors simplement d'un
investisseur.
Il en va donc ainsi, quelque soit le secteur d'activité
dans lequel on souhaite se lancer.
Un dealer automobile par exemple doit avoir une bonne
maîtrise des savoirs techniques liés à son secteur et ce
même s'il se contentait de vendre des véhicules tout en faisant
sous-traiter les aspects mécaniques.
Terminons notre série d'exemple par un comptable qui
se lance dans la création d'une fiduciaire. Il est également un
entrepreneur dés lors que sa volonté rencontre celle de la
définition qui précède, et qu'il vise à
pérenniser son affaire et à développer une
clientèle.
2. L'entrepreneur est ensuite un
«commercial».
Savoir faire c'est bien, savoir dire ce qu'on sait faire c'est
mieux, savoir vendre ce que l'on sait faire en le disant bien, c'est le secret
du succès !
Je ne pourrais vous dire ou j'ai entendu cette citation mais
je l'ai retenue tant je trouvais qu'elle résumait bien la
problématique rencontrée par beaucoup de candidats
entrepreneurs.
A savoir, qu'au début de leur parcours, ils sont
d'excellents techniciens, ayant souvent des années
36
http://www.academie-es.ulg.ac.be,
consulté le 27 mars 2016
37 Références : Séance d'information aux
candidats entrepreneurs, Job'In Guichet d'Entreprise, 2002. Séance
inspirée par des formations de l'APCE (Agence Pour la Création
d'Entreprises, Paris)
20
d'expérience en tant que salariés mais aucune
idée de ce que veut dire «vendre» !
Cela signifie également qu'il leur faudra
développer quelques autres «qualités»; la
sociabilité, l'empathie et l'écoute nécessaire afin de se
placer du point de vue du client et de comprendre ses besoins, la
capacité à établir des relations de confiance avec autrui,
la capacité de développer et d'entretenir un réseau
relationnel, etc...
Sans compter que cette « confrontation » avec la
partie commerciale se révélera souvent être un
problème avant même le démarrage de l'entreprise; les
aspects commerciaux devant absolument être abordés dans la phase
de préparation du projet de l'entrepreneur.
J'y reviendrai et cela établira également la
cohérence avec le travail que je propose aux élèves.
J'irai plus loin, ce sont les aspects commerciaux qui
décideront de valider ou d'invalider la viabilité du projet, et
ce dés la phase d'analyse préalable.
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