J'ai travaillé pendant près de 5 ans comme
accompagnateur à la création d'entreprises pour un organisme
d'insertion socio - professionnelle financé par la Région
Wallonne et le Fonds Social Européen.
Mon travail consistait à former, coacher et superviser
des personnes sans emplois ayant un projet de création d'entreprises et
de les aider, en partant de rien, à obtenir crédits et
opportunités.
Au delà de mon diplôme de technicien comptable,
j'ai bénéficié de nombreuses formations qualifiantes sur
des sujets divers touchant à la gestion des ressources humaines,
à l'économie, au droit, et aux techniques de formation des chefs
d'entreprises. Ceci autant en Belgique qu'à l'étranger. J'ai
été formé entre autre à l'APCE2 à
Paris et au Collège Seneca3 à Toronto.
Je donne ces précisions pour ceux qui
s'étonneraient de la nature spécialisée de mon travail de
ce moment là et n'y verraient pas d'emblée une cohérence
avec ma formation de base.
Ce qui m'a surtout marqué dans ma profession d'alors,
c'est que les bénéficiaires arrivaient dans nos services avec des
parcours et avec des profils divers quant à leurs
antécédents professionnels et académiques.
Pour la plupart pourtant, et même s'il s'agissait de
personnes ayant une formation touchant à l'économie, la
comptabilité, le droit ou les aspects commerciaux, ils semblaient ne pas
être préparés à réellement démarrer un
projet d'entreprise.
Pour beaucoup il s'agissait toutefois de profils techniciens,
exactement comme les étudiants que j'allais retrouvé dans mon
stage à l'Institut des Techniques Artisanales.
J'avais souvent fait ce constat, mais sans pouvoir y
remédier, car les gens arrivaient avec leur demande en étant
déjà des personnes abouties, en terme de formations et de
parcours personnels.
Aussi les prises, par mon travail, sur leur motivation,
restaient-elles extrêmement réduites, voire même
inexistantes.
Pourtant, pour beaucoup, les dés semblaient
déjà jetés et la tentative vouée à
l'échec avant même d'avoir réellement commencé.
En effet, étonnamment vite parfois, ils se
démotivaient et arrêtaient, comme si la confrontation aux
réalités du travail de l'entrepreneur leur semblait
insupportable.
Souvent je ne comprenais pas les raisons de cet arrêt
subit et je les cherchais dans ma propre pratique de l'accompagnement, testant
des façons d'être plus empathique dans mon entrée en
relation.
Lorsque je posais la question de ces arrêts et de ces
démotivations à mes collègues et responsables, ils me
parlaient alors du «profil type de l'entrepreneur» et l'explication
nous était présentée d'une manière qui me semblait
assez binaire.
2 Agence Pour la Création d'Entreprises. (Formation de
formateur en création d'entreprises).
3 Human Resources Strategy and Technology degree (Études
privées 4 ans).
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«Celle-ci était tout simplement que certains ont le
profil de l'entrepreneur et d'autres pas4». Intuitivement donc,
je percevais que la solution devrait être en amont et que quelque chose
de l'ordre de l'éducatif pourrait être à la fois la cause
et la solution.
Ce travail d'accompagnateur s'étant
arrêté lorsque j'ai décidé de travailler comme
gestionnaire dans le Secteur Social, puis celui de l'Aide à la Jeunesse,
j'en restai là de mes constats.