Para II- L'avenir de la transaction
Quel avenir pour la transaction ? La question semble
risquée car on ne saurait prédire le sort d'une telle
procédure avec certitude compte tenu de l'accueil mitigé dont
elle fait l'objet. Mais bien plus que l'avenir, il s'agit à travers
cette interrogation de se demander si dans la perspective de l'avenir et hors
mis les prédispositions juridiques de notre système de droit,
cette procédure connaîtra le même succès qu'elle
commence à remporter sous d'autres législations. En d'autres
termes le contexte actuel (surtout socioculturel) permettrait-il
l'intégration facile et réussie dans le droit processuel
camerounais ?
Pour que l'application de la transaction soit
véritablement efficace et que les effets attachés à
celle-ci aient toute leur portée, il faudrait pouvoir vaincre un
certains nombres d'obstacles inhérents à notre
société, si jamais elle doit s'y appliquer. Il faudrait
déjà que l'éthique soit de rigueur car l'on constate
qu'elle perd de plus en plus du terrain. Il faudrait alors pouvoir transcender
l'idée selon laquelle le riche est tout puissant et reconnaître
que les humains sont égaux et que chacun a droit au respect. Dans le cas
contraire, on arriverait à une situation où les « plus
riches » enfreindront les lois et violeront les droits des moins nantis
parce que capables de supporter la réparation ou les amendes sans en
courir autres sanctions que celles-ci. Dans une telle situation, la transaction
ne restituerait pas la victime dans sa dignité puisqu'elle se fera avec
mépris et sans respect.
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D'autre part le recul de la corruption
éviterait que certaines personnes ne monnaient pour être «
jugées » par ce mode de règlement de
différend.
Sous réserve de ces remarques il faut dire que
notre contexte social et culturel y est parfaitement favorable. En effet, la
médiation est presque comme une tradition ici. La paix sociale est
privilégiée car la résolution des différends
prenait traditionnellement plus le chemin de la réconciliation que celui
de la répression et celui de la réparation. Il fallait maintenir
la cohésion sociale en favorisant le dialogue. Sur un tout autre plan,
la situation économique est des plus favorables car c'est une justice
à coût réduit tant pour l'Etat que pour le mise en cause
qui sera le plus souvent dispensé des frais de justice.
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