Partant d'un rapport analysant l'éducation au Maroc,
publié par l'UNESCO en 2010, nous pouvons relever que le système
éducatif marocain a connu une évolution qui s'est
influencée, à des périodes différentes, par la
situation politique et économique qui régnait dans le pays :
La période coloniale (1912-1956) et son faible
héritage de l'éducation :
Outre son caractère ségrégatif, le
système éducatif hérité de la période
coloniale française et espagnole avait marginalisé l'enseignement
musulman traditionnel et avait laissé, en 1956, un taux
d'analphabétisme des adultes estimé à 82% avec un faible
accès à l'éducation de base (environ 187 000
élèves étaient inscrits dans les écoles coloniales,
23 000 dans les écoles « libres » nationalistes, et 2 500 dans
les institutions traditionnelles d'éducation).
Elargissement de l'accès (1960/1970)
:
Après l'indépendance (1956), la politique
éducative du pays avait accordé une importance première
à la généralisation de l'enseignement primaire. Ainsi, sur
une période de dix années, le taux d'accès à
l'enseignement primaire est passé de 18% à 53%. C'est
après cette décennie qu'on a commencé à
s'intéresser à l'enseignement secondaire. De même,
l'enseignement privé a été encouragé dans un but
d'alléger les dépenses publiques. On signale aussi qu'à
cette époque l'enseignement marocain était un tremplin pour tout
un chacun souhaitant une ascension sociale. On peut dire qu'à cette
période, le Maroc s'est frayé son chemin vers la modernité
et la cohésion nationale.
La déscolarisation des années 1980
:
La crise de 1980 associée aux changements
économiques à l'échelle mondiale avait contraint les
autorités marocaines d'adopter des politiques d'ajustement structurel.
Ces politiques se sont répercutées sur les performances du
système éducatif marocain réalisées jusqu'à
l'heure. Bien que le taux d'accès continu d'augmenter dans
l'enseignement secondaire, l'enseignement primaire, quant à lui, a connu
une régression importante surtout au niveau de la scolarisation en monde
rurale.
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La quasi généralisation du primaire depuis
1997 :
Cette situation de régression n'a duré qu'une
seule décennie. Et c'est grâce à la relance
économique des années 90 que le taux de scolarisation au primaire
a commencé de grimper à nouveau, d'autant plus qu'un gouvernement
socialiste vient d'être établit en 1997. Ce dernier avait
fixé l'objectif, qualifié d'historique, de la
généralisation de l'enseignement primaire et la réduction
des disparités entre les régions et les sexes. Cet objectif est
actuellement totalement atteint.
La crise de la qualité de l'éducation
:
Après avoir réalisé des progrès
importants en matière de généralisation de la
scolarité, les autorités marocaines ont changé de
perspective passant d'une préoccupation d'ordre quantitative à
une autre d'ordre qualitative. En effet, des taux élevés
d'abandons et de redoublements, touchant presque tous les niveaux de
scolarisation, continuent d'être enregistrés. De surcroît,
le système scolaire actuel souffre d'une faiblesse en matière des
acquis scolaires et une inadéquation entre les outputs du système
et les besoins du marché du travail. Il s'agit, en fait, d'une crise de
la qualité de l'éducation qui continue de peser sur les
politiques éducatives dans le pays.
La Charte Nationale de l'Education et de la Formation
(2000) :
C'est en 1999 que la Commission Spéciale d'Education
et de Formation (COSEF) a pu établir un diagnostic alarmant de la crise
de l'éducation au Maroc. Suite à cela, le Maroc avait
lancé une profonde réforme de son système éducatif.
Une réforme qui a trouvé appui sur une Charte Nationale de
l'Education et de la Formation (CNEF) articulant une nouvelle vision à
l'horizon 2020. On commençait alors à sentir des
améliorations sur plusieurs niveaux : la disparité relative au
genre et au milieu de résidence, des curricula, gestion du
système...
La réforme de l'enseignement supérieur
:
La réforme lancée en 2000 ne se limitait pas
l'enseignement scolaire, l'enseignement supérieur a connu lui aussi une
réforme. On assistait alors à la mise en place du système
Licence-Master-Doctorat (LMD).
Le Plan d'Urgence (2009-2012) :
Après une décennie de réforme
lancée à la suite de la CNEF, le système éducatif
marocain continue d'afficher de faibles indices de scolarité sur tous
les niveaux. Ceci avait
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alerté les responsables et les avait poussé vers
le lancement d'un Plan d'Urgence (P.U) pour la période 2009-2012. Ce
plan avait pour objectif de donner un nouveau souffle à la
réforme entamée. Sous le gouvernement actuellement en place, on
affiche une fois de plus l'échec de la majorité des projets
lancés dans le cadre du P.U. Un autre plan d'action étalé
sur la période 2012-2015 est lancé dans une tentative
d'opérer les réajustements nécessaires afin
d'améliorer le rendement du système éducatif (c'est en
quelque sorte, un second souffle de la réforme éducative).
Retenons donc, comme nous l'avons signalé au
départ, que les politiques éducatives, à chaque moment de
l'histoire du Maroc, ne semblent pas avoir été fondées sur
une réflexion scientifique et méthodologique permettant d'assoir
un système éducatif sur des bases solides. Ces politiques,
sembleraient, plutôt tributaires des conjonctures économiques et
sociales traversant le pays.