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Les représentations sociales des enseignants à  l’égard de l’orientation de leurs élèves. Cas des enseignants exerà§ant au collège dans la région de Marrakech au Maroc.


par Said MAGOURI
Université de Rouen - Master 2 de recherche à  distance Francophone 2013
  

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PARTIE I : CADRE

PROBLEMATIQUE GENERAL

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Chapitre I. Émergence de l'objet de recherche :

1.1. Rôle des représentations sociales dans les processus d'orientation des jeunes :

D'après les conseils d'orientation auxquels nous avons assisté, nous avons constaté que les décisions d'orientation se basent principalement sur l'évaluation scolaire des élèves, en l'occurrence la note scolaire. Ceci nous a interpelé pour mener une recherche en Master 1 sur l'influence de l'évaluation, telle quelle est pratiquée à l'école, sur l'orientation des élèves. Les résultats de cette recherche nous ont permis de relever un constat premier : cette évaluation ne permet pas à tous les élèves de faire des choix d'orientation pertinents. En tenant compte de cet état de fait, nous avons envisagé de poursuivre notre recherche en Master 2 sur la même thématique mais en explorant davantage les différentes possibilités permettant l'amélioration de l'évaluation scolaire pour qu'elle soit beaucoup plus au service de l'orientation des élèves. Cependant, et après une longue réflexion, il est apparu qu'il serait judicieux de travailler sur les représentations sociales et leur influence sur les décisions d'orientation. En effet, les propositions d'orientation données par les enseignants se basent effectivement sur la note scolaire, mais elles la dépassent à un niveau beaucoup plus subjectif, notamment celui des représentations que ces enseignants ont sur le devenir de l'élève. Bien que l'intérêt porté aux représentations sociales dans le champ éducatif a commencé depuis les années soixante-dix, nous avons estimé que traiter la problématique de l'orientation sous l'angle des représentations sociales des enseignants constitue un objet de recherche à portée heuristique. Ajoutons aussi que la question de l'orientation se joue, en partie, au niveau de la relation maître-élève. Plusieurs recherches ont confirmé que les élèves, surtout au collège, considèrent le professeur comme étant l'acteur privilégié en matière d'orientation (Conseil supérieur de l'éducation, 1995). En effet, l'enseignant a un rôle central dans le développement de certaines compétences psychosociales chez les élèves, notamment les compétences à s'orienter. Dans bien des cas, il est le modèle à suivre. L'enseignant, conscient ou pas de ce rôle, pratique de l'orientation et influence, de ce fait, le choix de l'élève. Du point de vue institutionnel, l'enseignant est membre du conseil d'orientation (seule instance responsable des décisions d'orientation) où il est amené à se prononcer sur les choix d'orientation de ses élèves. En amont, l'enseignant est appelé à évaluer les performances de l'élève, et nous savons à quel point cette évaluation est décisive dans le choix de l'orientation. En effet, selon les résultats

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de notre recherche en Master 1), la majorité des enseignants enquêtés1 croit que les résultats scolaires permettent de juger les capacités et les aptitudes des élèves. 63,4% parmi eux estiment que l'orientation vers le tronc commun scientifique doit se baser uniquement sur les résultats scolaires. Ils déclarent même qu'ils sont incapables de se prononcer sur les capacités de l'élève hors ses résultats scolaires. Ils signalent aussi, qu'ils se sentent influencés à des degrés différents par la perception globale qu'ils ont de l'élève lors des conseils d'orientation. Nous constatons donc, le poids des résultats scolaires sur les décisions d'orientation.

Pour ces raisons nous avons envisagé d'explorer davantage la pratique enseignante en matière d'orientation nous intéressant à l'influence des représentations sur ces pratiques. Faudrait-il signaler aussi que très peu d'études ont pu explorer certaines facettes des représentations que les enseignants se construisent autour de la problématique de l'orientation. En effet, des chercheurs, tels Duru-Bellat (1986, 2002) Channouf (2004), Mangard et Channouf (2007), Dumora et Lannegrand (1996), Bourdieu et Passeron (1964), Baudelot et Establet (1971), Boudon (1973) ...), se sont penchés principalement sur le rôle des déterminants socioculturels, les résultats scolaires, l'appartenance socioprofessionnelle, le sexe, les stéréotypes... dans les choix d'orientation. Par ailleurs, et sans vouloir remettre en cause le rôle des enseignants dans l'orientation des élèves, il nous semble légitime de nous demander si les enseignants eux-mêmes sont en mesure d'identifier le profil de l'élève susceptible de suivre avec succès sa scolarisation dans une filière donnée. D'autant plus que les enseignants au collège, au Maroc, n'ont jamais enseigné en secondaire qualifiant et n'ont pas suivi au préalable des formations dans le domaine de l'orientation. Comment peuvent-ils se prononcer sur l'orientation d'un élève en ignorant, ou du moins avec des informations éparses, les exigences de la poursuite des études dans une filière ou dans une autre ? Il nous semble, que dans de telle situation, l'enseignant mobilise des connaissances, des idées autour d'une filière donnée et qu'il s'est construit au travers de son histoire personnelle, des personnes rencontrées et de son contexte d'exercice. Ce processus de construction fait appel aux représentations sociales, à des théories subjectives élaborées par les enseignants pour appréhender l'objet complexe qui est dans notre cas l'orientation (Dann, Schlee et Wahl, 1982,1984 cités dans Anadon et Minier, 1996). On pourrait se demander aussi si les professeurs qui ont suivi une formation continue de deux jours dans le domaine de l'orientation ou ceux qui se sont engagés dans l'expérimentation du guide des activités de l'aide à l'orientation ont pu développer certaine position à l'égard de l'orientation. Leurs

1 47 enseignants des matières dites de qualification pour le tronc commun scientifique (matières scientifiques et le français)

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représentations dans ce domaine, sont-elles restées inchangées ? Ou bien ont-elles connu une évolution ? Sur ce point, Vergès (1997) affirme que les représentations ne se modifient que lentement, et lorsque des adultes suivent une formation de quelques jours, voire de quelques semaines, ces représentations se complexifient et peuvent ne pas changer.

Certes, les enseignants peuvent avoir des attentes différenciées envers leurs élèves selon leur sexe, leur environnement socioculturel, l'appartenance socioprofessionnelle de leurs parents, leurs résultats scolaires... Ceci peut engendrer une pratique professionnelle différenciée touchant, au sein des établissements scolaires, les différents aspects de l'action éducative y compris les décisions d'orientation :

[...les enseignants ayant tendance à soutenir davantage les demandes plus ambitieuses des jeunes de milieu favorisé, même avec un niveau de réussite moyen, alors que la prudence domine face aux choix des jeunes de milieu plus populaire [...] les attentes sont fondées sur les représentations, nécessairement stéréotypées comme toute représentation, de l'élève idéal, des élèves censés réussir ou échouer et donc, sur toute une théorie explicative implicite de l'échec scolaire, probablement étayée par la vulgarisation des travaux sociologiques eux-mêmes.] (Duru-Bellat, 2003, p. 57).

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