Par rapport aux connaissances qu'ont les enseignants des
filières scolaires après la troisième collégiale,
nous avons constaté qu'ils en ont peu. En effet, la majorité des
enquêtés, nous semble-t-il, n'a pas le recul nécessaire
pour répondre à la question portant sur les filières
après la troisième. Certains d'entre eux n'hésitent pas
à afficher clairement leur ignorance et leur méconnaissance des
différentes filières scolaires.
« Euh pour les filières, je ne peux pas vous
dire quelque chose...mais pour la branche de l'éducation physique, j'ai
quelques informations ...» (enseignant d'éducation physique).
« Moi...je ne suis pas tout à fait au courant des
filières après la troisième ... » (enseignant
d'anglais). « A ma connaissance, il y a les lettres et les
sciences...je pense qu'il y a d'autres branches mais euh elles ne me viennent
pas là ... » (enseignant d'arabe).
Pour les uns, cette situation est due à plusieurs
raisons. Ils se justifient, par exemple, en évoquant l'existence d'une
personne responsable de l'orientation des élèves « Je ne
sais pas...euh...je crois qu'il y a une personne qui est responsable de
l'orientation des élèves... l'orienteur...moi je pense que mon
rôle est très limité ... » (enseignant
d'anglais). Pour d'autres, c'est le fait de ne pas enseigner les classes de la
troisième (premier panel d'orientation) qui justifie leur
méconnaissance des filières scolaires « ...je veux
attirer votre attention que je n'ai pas beaucoup de choses à dire dans
ce domaine...car je n'ai pas eu de classe de troisième cela fait plus de
dix années ... » (enseignant d'arabe). Ainsi, ces enseignants
peuvent se sentir exempts de connaître le système d'orientation
scolaire. En revanche, d'autres enseignants, en particulier ceux des
disciplines qualifiantes pour l'orientation littéraire ou scientifique
(cf. tableau n° 2), ont montré un assez bon niveau de connaissance
des filières scolaires. Outre les filières classiques (lettres ou
sciences), ils ont
80
cité les filières techniques (ou
technologiques), certaines filières de la 2ème et la
3ème année du cycle de Baccalauréat et la
formation professionnelle.
Nous avons relevé aussi que la majorité des
enquêtés ne semble pas maîtriser les appellations des
filières et branches scolaires, pourtant adoptées depuis l'an
2006. Cinq enquêtés parmi 12 ont cité l'appellation du
tronc commun quoiqu'avec une précision moins grande «
Après la troisième... il y a le tronc commun ?...
». Aucun enquêté n'a pu citer l'ensemble des quatre
troncs communs qui viennent juste après la troisième
collégiale (scientifique, littéraire, technologie, enseignement
originel) et encore moins les filières du cycle de baccalauréat
ou celles de l'après-bac. La formation professionnelle en tant que
filière de formation parmi d'autres, a été citée
par deux enseignants enquêtés. Il est probable, ici, que la
poursuite des études dans cette formation est considérée
par les autres enquêtés non pas comme une orientation scolaire
mais plutôt comme un échec scolaire.
Globalement, ce sont les enseignants des disciplines dites de
découvertes et ceux qui n'ont pas la classe de troisième qui ont
affiché clairement leur méconnaissance du domaine d'orientation.
Ceci peut être expliqué par leur implication plus au moins forte
dans les décisions d'orientation de fin d'année. Cette
implication est elle-même conditionnée par la position qu'occupent
leurs disciplines consécutives dans la hiérarchie des disciplines
qualifiantes à l'une ou l'autre filière scolaire. Nous avons
relevé aussi que la majorité des enseignants
enquêtés n'ont qu'une connaissance rudimentaire et non
actualisée des filières après la troisième. Ses
filières scolaires sont généralement réduites aux
deux filières dichotomiques ; les lettres et les sciences. Cela
étant, nous pouvons avancer, sans trop de risque, que les enseignants
enquêtés, ne seront pas en mesure d'apporter une aide efficace aux
élèves en matière d'orientation, encore moins prendre des
décisions d'orientation bien fondées. Il est probable donc que
ces décisions seront entachées d'une certaine subjectivité
résultat, pour partie, des représentations sociales que ces
enseignants mettent en oeuvre pour appréhender un objet peu connu (les
filières et branches scolaires après la troisième). Nous
allons explorer dans la section suivante ces représentations en
identifiant principalement les pré-requis retenus et le profil
dressé pour chaque type d'orientation (scientifique et
littéraire).