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Les représentations sociales des enseignants à  l’égard de l’orientation de leurs élèves. Cas des enseignants exerà§ant au collège dans la région de Marrakech au Maroc.


par Said MAGOURI
Université de Rouen - Master 2 de recherche à  distance Francophone 2013
  

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2.2.6. Processus de structuration des représentations sociales :

Pour étudier les représentations sociales, il faut tout d'abord déterminer le niveau d'observation. S'agit-il du niveau d'une société globale ou du niveau d'un groupe particulier ou du niveau individuel. Chaque niveau d'observation sous-tend un intérêt particulier dans l'étude des représentations sociales. Dans le cadre de notre recherche, nous nous focaliserons sur l'exploration des représentations au niveau d'un groupe particulier en l'occurrence un groupe des enseignants exerçant dans un collège. L'intérêt porté pour l'étude des représentations de ce groupe sera précisément de comprendre la structuration de la représentation (Moliner et al., 2002).

Le groupe que nous allons étudier est pris pour un groupe social car il s'agit « d'un ensemble d'individus interagissant les uns avec les autres et placés dans une position commune vis-à-vis d'un objet social. » (Idem., p. 21). Celui-ci se rapporte, dans le cadre de notre recherche, à l'orientation des élèves. De plus, les enseignants au collège, au travers leurs interactions régulières, semblent occuper une position commune à l'égard de l'orientation de par leurs pratiques comparables ainsi que leurs niveaux d'intérêt et d'implications semblables (Idem.). Dans le groupe social, les représentations sociales se présentent, nous l'avons vu, sous forme « de connaissance, socialement élaborée et partagée» (jodelet, 1989, p. 36). Ces connaissances ou savoirs, dans un groupe social homogène, apparaissent beaucoup moins diversifiés (Moliner et al., 2002) mais pas tout à fait semblables. Sur ce point, Moliner (1993a

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cité par Moliner et al., 2002) affirme que les objets sociaux sont « par nature polymorphes, composites ou complexes » (p. 22). Ceci rend leur appréhension différenciée et génère de ce fait une multitude d'expérience. Il paraît donc qu'en matière de représentation sociale, un objet social est appréhendé par les membres d'un groupe social suivant quelques éléments (informatifs, cognitifs, idéologiques, normatifs, valeurs, attitudes, images, opinions, croyances... (Jodelet, 1989)) saillants qui sont unanimes pour eux et d'autres mais moins importants relevant de l'expérience de chacun. En d'autres termes, il est question d'une part, d'un ensemble réduit d'éléments (qui font consensus dans le groupe et qui forme « sa vision commune » (Moliner et al., 2002) encore appelé noyau central chez Abric (1976, 1987 cité par Abric, 2011), noyau figuratif chez Moscovici (1976) et, d'autre part, un ensemble plus large d'éléments sur lesquels les membres du groupe se départagent (Moliner et al., 2002), et qui correspond aux éléments périphériques de la représentation chez Abric (1976, 1987 cité par Abric, 2011). Mais on se demande avec Moliner et al., (2002), comment les membres du groupe social gardent cette vision commune rien qu'avec un petit nombre d'éléments alors que le grand nombre d'éléments, produit des expériences individuelles variées, est censé départager les membres du groupe. Il nous semble que le petit nombre d'éléments est doté d'un certain pouvoir unificateur, sans pour autant contrarier le grand nombre, et des qualités particulières permettant la définition de l'objet de la représentation (Moliner et al., 2002). En d'autres termes, le petit nombre d'éléments agit sur le grand nombre de telle sorte à rendre la représentation sociale du groupe beaucoup plus stable. Pour Abric (2011), dans sa théorie du noyau central, le petit nombre d'éléments appelé noyau central est le composant fondamental de la représentation, car « c'est lui qui détermine à la fois la signification et l'organisation de la représentation » (Idem., p. 28). Il a deux fonctions :

- Une fonction génératrice ou signifiante (Moliner et al., 2002) : il crée ou transforme la signification des autres éléments pour donner un sens global de l'objet et le partager par les membres du groupe.

- Une fonction organisatrice : en déterminant la nature de la relation logique entre chacun des éléments de la représentation, il est l'élément unificateur et stabilisateur de la représentation.

La variabilité des objets et des situations d'interaction sociale fait que le noyau central se présente selon deux dimensions :

- Une dimension fonctionnelle : là ou les situations ont une finalité opératoire et dont le noyau central de la représentation est constitué des éléments (par exemple des images opératives) sans lesquels on ne peut réaliser la tâche.

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- Une dimension normative : prenne forme dans les situations où intervient directement le socio-affectif, l'idéologique ou le sociale.

Quant au grand nombre d'éléments, il constitue les éléments périphériques (l'essentiel de la représentation) qui gravitent autour du noyau central. Celui-ci détermine leurs valeurs, leurs pondérations et leurs présences. Ces éléments se positionnent à l'interface entre le noyau central et le monde extérieur dont lequel fonctionne ou s'élabore la représentation. De ce fait, ils sont les plus accessibles, les plus concrets et les plus vivants. C'est à leur niveau que les informations sont « retenues, sélectionnées et interprétées, des jugements formulés à propos de l'objet, et de son environnement, des stéréotypes et des croyances. » (Abric, 2011, p. 33). Ces éléments périphériques répondent à trois fonctions essentielles :

- La fonction concrétisation : ils matérialisent l'ancrage de la représentation à travers l'intégration des éléments de la situation dans laquelle se forme cette représentation. « ils disent le présents et le vécu des sujets » (p. 33)

- La fonction régulation : les éléments périphériques, de par leur caractère souple, arrivent à adapter la représentation aux évolutions de l'environnement. Ainsi, ils peuvent intégrer de nouvelles informations même celles qui risquent de déstabiliser le fondement de la représentation et ce, en minimisant leurs statuts ou en rapprochant leurs sens à la signification centrale ou en leur traitant en tant qu'exceptionnelles.

- La fonction défense : comme un « pare-chocs » (Flament, 1987 cité par Abric, 2011), ils arrivent à sauvegarder l'intégrité de la représentation. Etant donné que le noyau central est généralement stable, c'est à leur niveau que s'opèrent les éventuels changements de la représentation.

Au-delà de ces fonctions, Flament (1987, 1988, 2011 cité par Abric, 2011) indique que ces éléments périphériques, en tant que schèmes organisés par le noyau central, ont un rôle important dans le fonctionnement de la représentation. Pour lui, ces schèmes constituent « une grille de décryptage d'une situation » (Flament, 1989 cité par Abric, 2011, p. 34-35) et leur importance résulte de trois fonctions :

- Ils sont prescripteurs des comportements (des prises de position pour Abric (2011) du sujet. ils lui permettent de réagir instantanément aux stimuli, sans avoir recours aux significations centrales, suivant deux formes de comportement dichotomiques (normal ou pas normal).

- Modulation personnalisée des représentations et des conduites qui leur sont associées. C'est dire qu'une représentation, bien qu'elle possède un noyau central

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unique, peut se manifester différemment à travers l'appropriation du système périphérique qui diffère d'un individu à un autre. Toutefois, ces différences deviennent possibles à condition qu'elles « soient compatibles avec un même noyau central » (p. 35)

- Ils protègent, si besoin est, le noyau central. C'est la fonction de défense relative aux éléments périphériques. Cependant, Flament (1987 cité par Abric, 2011) rajoute une particularité à cette fonction. Pour lui, lorsqu'une représentation est sévèrement atteinte et donc la stabilité de son noyau dur est menacée, les schèmes prescrivant le normal de ce qui ne l'est pas se transforment en schèmes étranges. Ceux-ci sont définis par quatre composantes : « le rappel du normal, la désignation de l'élément étranger, l'affirmation d'une contradiction entre ces deux termes, l'appropriation d'une certaine rationalisation permettant de supporter (pour un temps) la contradiction » (Flament, 1987 cité par Abric, 2011, p. 35).

Au terme de cet exposé sur la théorie des représentations sociales, nous pouvons retenir d'abord, que c'est une théorie qui a vocation de comprendre et d'expliquer, d'une part, la façon avec laquelle un groupe de personnes arrive à se construire une vision commune de son environnement social et, d'autre part, comment cette vision même constitue, pour partie, l'arrière plan du système d'interprétation que chaque individu de ce groupe s'y réfère pour saisir la réalité dont il évolue et interagir avec son monde social.

A la lumière de ce cadrage théorique, nous allons, dans la partie suivante, présenter l'approche méthodologique adoptée afin d'apporter des éléments de réponse à nos questions de recherche:

> Comment les enseignants se représentent-ils la notion de l'orientation scolaire ?

> Pensent-ils qu'ils ont un rôle à jouer dans l'orientation scolaire de leurs élèves ? Et comment ce rôle se décline au niveau de leur pratique professionnelle?

> Comment se représentent-ils les différentes filières scolaires après la troisième collégiale ?

> Quelles sont les critères/indices que les enseignants ont tendance à utiliser pour se prononcer sur l'orientation de tel ou tel élève ?

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