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Les représentations sociales des enseignants à  l’égard de l’orientation de leurs élèves. Cas des enseignants exerà§ant au collège dans la région de Marrakech au Maroc.


par Said MAGOURI
Université de Rouen - Master 2 de recherche à  distance Francophone 2013
  

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2.2.5. Le processus de formation des représentations sociales :

Avant de développer ce processus, signalons que Jodelet (1989) avait soulevé que l'appréhension des représentations sociales peut se faire suivant l'une des deux orientations suivantes :

> la première orientation consiste à considérer ces représentations comme étant un champ structuré et il sera question, en premier lieu, de relever ses éléments constitutifs (informations, images, opinions, valeurs...). Ensuite, déterminer le principe de

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cohérence structurant les champs de la représentation « organisateurs socioculturels, attitudes, modèles normatifs ou encore schémas cognitifs » (p. 72).

> La seconde orientation traite ces représentations en tant que noyau structurant (champ sémantique) dont on doit « dégager les structures élémentaires autour desquelles se cristallisent les systèmes de représentation » (p. 72). C'est selon cette seconde orientation que nous allons appréhender les représentations sociales des enseignants à l'égard de l'orientation de leurs élèves.

Ces deux orientations concernent des représentations déjà constituées, mais en amont il existe des processus qui président à leur formation. Abric (2011) citant le travail de Moscovici (1961) sur la représentation de la psychanalyse avait repéré deux processus :

· Le premier processus est celui de l'objectivation qui conduit l'individu « à retenir de manière sélective une partie de l'information circulant dans la société à propos de la psychanalyse, pour aboutir à un agencement particulier des connaissances concernant cet objet. » (p. 27). Ce processus permet à l'individu, devant un objet complexe comme celui de la théorie de la psychanalyse, d'opérer une schématisation de cette théorie de telle sorte à ce qu'elle lui soit facilement assimilable. Cette schématisation passe par la sélection de quelques éléments concrets afin de créer, sans avoir besoin de tenir compte des règles logico-déductives de type scientifique, un savoir naïf caractérisé « par sa non-distanciation vis-à-vis de l'objet auquel il se rapporte » (Moliner et al., 2002, p. 25). Ceci contribue, au final, à la formation de ce que Moscovici (1976) appelle un modèle figuratif ou noyau figuratif. Les éléments de ce noyau subissent une

décontextualisation et acquièrent une certaine autonomie qui les rend réutilisables dans d'autres contextes qui ne ressemblent pas forcement au contexte initial. Généralement, le processus d'objectivation consiste à « résorber un excès de significations en les matérialisant » (Ibid., p. 52). Ainsi, tout phénomène ou savoirs complexes sera approprié et intégré facilement par les individus qui, au moment de communiquer à propos de ce phénomène ou savoirs, auront le sentiment de le décrire « tel qu'il est réellement et tel qu'il est perçu par les autres » (Moliner et al., 2002, p. 26). Baggio (2006) avait rapporté que ce processus comporte trois phases : * la première phase : trier les informations perçues ou reçues, à travers un filtre culturel et surtout normatif, pour ne retenir que les éléments importants. C'est unephase de « la construction sélective » (Jodelet, 1989, p. 73)

* la deuxième phase : les éléments retenus seront organisés en un noyau figuratif

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« concret, simple, et cohérent avec les normes et la culture dans lesquelles il s'insère. C'est lui qui détermine la signification de la représentation » (p. 102). Plus encore, il « prend pour le sujet un statut d'évidence, il est pour lui la réalité même, il constitue le fondement stable autour duquel va se construire l'ensemble de la représentation. » (Abric, 2011, p. 27). Bref, c'est la phase de la formation d'un modèle ou noyau figuratif encore appelée « schématisation structurante » (Jodelet,

1989, p. 73). Nous y reviendrons plus bas.

* la troisième phase : après avoir attribué aux éléments qui composent la représentation (notamment le noyau figuratif) des propriétés ou des caractéristiques, il peut y avoir des éléments qui restent insaisissables. C'est pourquoi en dernière phase d'objectivation, l'individu est amené à apprivoiser ces éléments restants. Cette action est appelée naturalisation. Pour saisir celle-ci, prenons pour exemple, dans le travail de Moscovici sur la psychanalyse, quelques termes comme inconscient, refoulement, complexe... « revêtent une réalité tangible qui les rend accessibles » (p. 102).

L'objectivation apparaît donc comme un processus mental qui concrétise ce qui est abstrait et rend pratique ce qui est théorique.

Remarquons enfin avec Jodelet (1989) que c'est au niveau des deux premières phases que se manifeste « l'effet de la communication et des contraintes liées à l'appartenance sociale des sujets sur le choix et l'agencement des éléments constitutifs de la représentation. » (p.73).

~ Le second processus est L'ancrage : il « permet d'enraciner la représentation dans le social. » (p. 103). On l'a vu, les représentations dépendent largement d'un ensemble de filtres renvoyant aux croyances, appartenances socioculturelles et expériences des personnes qui les élaborent. Cet ancrage est qualifié de psychologique par Doise (1992 cité par Moliner et al., 2002) car il intervient dès la présence des éléments peu familiers et tente par la suite de les appréhender. Ainsi, tout en ayant une portée utilitaire, il opère les inférences nécessaires pour appréhender l'objet de la représentation (Moliner et al., 2002 citant Moscovici, 1961). Pour Jodelet (1989), ce processus infléchit et le contenu et la structure de la représentation en amont et en aval de sa formation. En amont, le rôle de l'ancrage est capital ; il permet d'enraciner la représentation et son objet dans un système de significations et de valeurs préexistant tout en veillant à l'harmonisation de l'ensemble des éléments. En d'autres termes, l'ancrage invite la mémoire structurée

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suivant un système de pensée socialement établi d'accueillir et d'intégrer, en toute harmonie, de nouveaux éléments reçus ou perçus par l'individu. En aval, l'ancrage s'inscrit sur la même lignée de l'objectivation et contribue, à son tour, à l'instrumentalisation du savoir en le dotant des caractéristiques facilitant l'appréhension de l'environnement de l'individu. Autrement dit, « la structure imageante de la représentation devient guide de la lecture, et, par généralisation fonctionnelle, théorie de référence pour comprendre la réalité » (p. 73). Cela étant, cette relation dialectique entre l'objectivation et l'ancrage fait que ce dernier articule les fonctions de représentation citées ci-dessus. Signalons enfin, que le processus d'ancrage est plus présent dans la phase d'élaboration de la représentation vu qu'à ce stade le discours des individus à propos de l'objet n'est pas encore autonome (Moliner et al., 2002 citant Flament, 1989).

Le processus de formation étant décrit, présentons à présent l'organisation et la structure des représentations sociales.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand