2.1.2. Les théories implicites de la
personnalité :
Nous présenteront, ici, brièvement la notion des
théories implicites de la personnalité vu qu'elles entretiennent
un rapport étroit d'une part avec le jugement professoral et d'autre
part avec la perception sociale et la représentation sociale. En effet,
plusieurs auteurs ont pu constater que, le plus souvent, les jugements
quotidiens portent particulièrement sur la personnalité des
autres ou de soi-même (Beauvois, 1984, 2011 ; Leyens, 1997 ; Skowronski,
Carlston et Hartnett, 2008 cités par Schiffler, 2012). En d'autres
termes, il est rare de porter un jugement sur une personne rien qu'en se basant
sur les seules informations observables (Ibid.) et ce, car les gens
peuvent se faire une idée également sur des « manifestations
bien plus impalpables tels que des désirs, des besoins, des
émotions, le tout d'une façon plus ou moins directe » (Fritz
Heider, 1958 cité par Fiske, Susan T, 2008, p. 107). L'homme de la rue,
par exemple, a tendance à opérer des inférences à
partir d'une information qui lui est donnée pour en produire d'autres
(Beauvois, 1982 ; Leyens, 1983 ; Monteil, 1985 ; Bruner, 1957 cité par
Schiffler, 2012). On entendra par exemple des adjectifs (ou traits de
personnalités pour les chercheurs) tels que : « timide »,
« dépressif », « scrupuleux », « intelligent
», « épanoui », « têtu », «
paresseux »... pour décrire la personnalité des autres ou de
soi-même. Dès qu'on
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formule un premier trait, on fait appel à un autre, les
deux premiers font appel un troisième et ainsi de suite comme une sorte
de « matrice de corrélation de traits»; parle-t-on, par
exemple, de la qualité d'un artiste, d'autres traits lui seront
attribués tels que générosité, excentrisme...
(Leyens, 1983). « Nous regardons une personne et, immédiatement,
une impression à propos de sa personnalité se forme en nous
» (Asch, 1946, cité par Schiffler, 2012). Peut-être «
sommes-nous tous des psychologues ? » s'interroge Leyens (1983) en titrant
son ouvrage. Sans y faire attention, nos jugements relèvent en principe
de notre perception sociale elle-même dépendante « du
rôle des protagonistes et de la situation observée »
(Ibid., p. 8). Il est donc nécessaire, pour interagir
aisément avec autrui, d'opérer une simplification qui rend la
situation d'interaction moins complexe et ce, à travers une
représentation générale de cet autrui et de son mode de
pensé (Ibid.). Cette représentation constitue «
notre connaissance d'autrui et la façon dont nous l'utilisons pour faire
des inférences- souvent fausses- à propos de la
personnalité de quelqu'un. » (Monteil, 1985, p. 52). Ces
inférences sont souvent fausses car quand on décrit la
personnalité d'autrui, on se réfère plus à nos
« propres théories implicites qu'à la traduction d'une
consistance du comportement de la personne ainsi décrite »
(Idem, p. 54)
Précisant enfin que l'expression des implicites de la
personnalité (TIP) a été formulée par Bruner,
Shapiro et Tagiuri ? (1958, cités dans Monteil, 1985) et correspond
« à des croyances générales que nous entretenons
à propos de l'espèce humaine, notamment en ce qui concerne la
fréquence et la variabilité d'un trait de caractère dans
la population » (Leyens, 1982, p. 38). Qu'en est-il du jugement des
enseignants sur les élèves ?
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