1.4.3. Les facteurs relatifs au contexte :
Généralement, quand on aborde les effets du
contexte, il est question des effets qui se présentent selon trois
niveaux; « l'effet établissement », « l'effet classe
» et « l'effet maître ». Ces trois niveaux, dont les
frontières ne sont pas aussi délimitées, peuvent se
déployer de telle sorte à ce que l'un constitue l'autre. «
L'effet maître » renvoie à « l'effet classe » et
l'agrégation de ce dernier constitue « l'effet établissement
» (Bressoux, 1995). Dans ce qui suit, nous allons développer
particulièrement « l'effet établissement » étant
donné que « l'effet classe » y est inclus et « l'effet
maître » a été déjà traité, pour
partie, en exposant le rôle de l'enseignant dans l'orientation et sera
encore approché un peu plus loin dans le jugement professoral.
De prime à bord, précisons que le concept
contexte scolaire est pris, ici, pour un lieu social fabriqué par ces
acteurs y compris les élèves et ce, parce qu'il constitue un
espace d' « interactions sociales et pédagogiques »
(Duru-Bellat, 2002, p. 96). Un tel lieu produira donc des pratiques
éducatives différenciées en son sein et par rapport
à d'autres contextes (Ibid.). Cette diversité de
pratique concernera tout aussi le processus d'orientation
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des élèves et par conséquent le contexte
scolaire sera en mesure de générer un ensemble de
disparités sociales (Landrier et Nakhili, 2010). Un exemple illustrant
cette disparité nous est fourni par Le Bastard-Landrier (2004
cité par Landrier et Nakhili, 2010). Cet auteur a remarqué que
sur trente-deux lycées constituant son échantillon
d'enquête, environ un quart parmi eux « ont tendance soit à
accroître les différenciations sociales apparues au moment des
voeux d'orientation, soit à en générer de nouvelles »
(p. 30). Dans le même sens d'idées, Duru-Bellat (2002), affirme
que « les différences entre établissements en matière
d'orientation sont très nettes » (p.102). Ces différences
ont été soulevées, entre autres, par Cousin (1998
cité par Duru-Bellat, 2002) lorsqu'il a vérifié
qu'à milieu social identique, les élèves ont une chance ou
non d'accéder à une seconde selon l'établissement
fréquenté. Ce fonctionnement inégalitaire du
système d'orientation est dû, pour partie, à la logique de
contraintes de flux des élèves à gérer et à
répartir entre les différentes filières de scolarisation
et de formation existantes (Berthet et al., 2007 cité par
Landrier et Nakhili, 2010 ; Solaux, 2005). D'une manière
générale, il semble que les pratiques d'orientation dans les
établissements sont conditionnées par leur public majoritaire :
soit on assiste à un certain laxisme dans les décisions
d'orientation et/ou les demandes des élèves sont ambitieuses soit
on se trouve devant des demandes d'orientation qui varient, toutes choses
égales par ailleurs, en fonction, d'une part, du niveau moyen des
demandes enregistrées dans l'établissement (plus il est
élevé plus les demandes sont ambitieuses) (Duru-Bellat, 2002 ;
Meunier, 2008) et, d'autre part, « de la composition sociale et scolaire
du public d'élèves » (Landrier et Nakhili, 2010, p. 30). En
rapport avec les filières de formation ou encore appelées l'offre
de formation; plus celle-ci est abondante et les places sont disponibles dans
un lycée ou dans un environnement proche, plus les élèves
ont tendance à opter pour l'une de ces formations (une
particularité à signaler ici, concerne les élèves
moyens du milieu défavorisé qui choisissent beaucoup plus des
filières professionnelles que des filières
générales), d'autant plus que l'administration du lycée
encourage davantage les élèves à s'inscrire dans ces
filières (Masson, 1997 cité par Duru-Bellat, 2002 ; Duru-Bellat,
2002 ; Landrier et Nakhili, 2010 ; Davaillon, 1998 ; Duru-Bellat et Van Zanten,
1992 ; Langouët et Léger, 1997 cités par Droyer, 2004).
Étant donné que l'offre de formation varie d'un contexte à
l'autre, ceci peut générer des disparités en
matière d'information et delà apparaissent des
inégalités face à l'orientation selon le contexte
fréquenté (Droyer, 2004 ; Landrier et Nakhili, 2010).
Retenons, enfin, que « l'effet établissement
» sur l'orientation se traduit par le fait que des élèves
socialement et scolairement comparables peuvent s'orienter différemment
selon le contexte scolaire fréquenté. Celui-ci est
nécessairement variable vu ses composantes (public
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d'élèves, offre de formation, information,
équipe pédagogique...) elles-mêmes variables d'un
établissement à un autre. Tous ces facteurs, personnels ou
contextuels, concourent à amplifier davantage les
inégalités sociales face à l'orientation.
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