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Les représentations sociales des enseignants à  l’égard de l’orientation de leurs élèves. Cas des enseignants exerà§ant au collège dans la région de Marrakech au Maroc.


par Said MAGOURI
Université de Rouen - Master 2 de recherche à  distance Francophone 2013
  

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1.4.2. Les facteurs relatifs aux caractéristiques personnelles :

a. Effet de l'origine sociale :

L'influence de l'origine sociale (encore appelée socioculturelle ou socioprofessionnelle) sur les décisions d'orientation a été vérifiée par plusieurs sociologues ou psychosociologues (Mangard et Channouf, 2007, Droyer, 2004, Meunier, 2008 ; Landrier et Nakhili, 2010). Pour les uns, l'origine sociale détermine le degré d'accès aux informations et à la compréhension des mêmes renseignements diffusés au près des élèves ; plus on monte dans la hiérarchie sociale plus on est en mesure de comprendre les rouages du système sélectif de l'école et par là de saisir au mieux ses opportunités (Ballion et Oeuvrard, 1991 ; Rufino, 1997 cités dan Droyer, 2004). D'autres, se sont intéressés aux effets des stéréotypes implicites dans les inférences inconscientes établies par les enseignants à partir des informations relatives aux origines socioculturelles (Channouf, 2004, cité par Mangard et Channouf, 2007 ; Channouf, Mangard, Baudry, et Perney, (2005) ; Dumora, Lannegrand,(1996) ; Mangard et Channouf, 2007). Sur ce point, Girard et Clerc avaient déjà constaté en 1964 qu'à dossier scolaire équivalent, les enseignants ont une tendance à orienter plus souvent les élèves du milieu favorisé vers des études longues que les élèves des autres milieux. D'autres ont pu vérifier que l'origine sociale des élèves exerce un impact sur les demandes d'orientation des familles. Cet impact se traduit par une autosélection de telle sorte à ce que les résultats scolaires conditionnent généralement les voeux des familles ; les demandes d'orientation sont ambitieuses ou modeste respectivement quand les résultats scolaires sont bons ou mauvais (Duru-Bellat, 2002 ; Mangard et Channouf, 2007). Cependant, une différence s'observe au niveau des demandes d'orientation pour l'élève moyen ; soit il s'autocensure s'il est d'un milieu socioculturel défavorisé soit il privilégie des filières scolaires prometteuses (filières pour des cycles longs) s'il est d'un milieu socioculturel favorisé (Duru-Bellat et Mingat, 1985 cités dans Mangard et Channouf, 2007 ; Duru-Bellat, 2002).

b. Effet de l'âge et du retard scolaire :

Nombreuses sont les études qui ont conclu que l'âge (ou le retard scolaire) est un critère d'orientation parmi d'autres influençant le cheminement scolaire de l'élève (Girard et Clerc, 1964 ; Duru-Bellat, 2002 ; Droyer, 2004 ; Bressoux, 2006 ; Meunier, 2008). En effet, l'âge joue un rôle informatif : il présente un résumé de la scolarité passée de l'élève et fixe le temps disponible dont dispose la famille et le conseil de classe pour mener à bien sa scolarité (Girard et Clerc, 1964). C'est ainsi que l'âge affecte, d'une part, l'élève âgé en le poussant à s'autosélectionner davantage que l'élève moins âgé (Cardi, 1989 ; Duthoit, 1987, cités dan Droyer, 2004 ; Duru-Bellat, 2002), et d'autre part, le jugement professoral car, toutes choses

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égales par ailleurs, l'élève en retard scolaire est moins bien jugé que les autres et par conséquent il est moins bien satisfait quand il choisi une filière prestigieuse que les autres. Plus nuisible encore, cet élève en retard scolaire est souvent orienté vers des filières de formation professionnelle à courte durée (Girard et Clerc, 1964 ; Bressoux et Pansu, 2003 cités dans Bressoux, 2006). Généralement, la variable âge nous informe partiellement sur le passé scolaire de l'élève et ses difficultés d'apprentissage et « peut intervenir dans le processus d'orientation soit comme inhibiteur, soit comme facilitateur » (Droyer, 2004, p. 4).

c. Effet d'éducation et stratégies familiales :

Les familles ont un rôle essentiel à jouer dans le processus d'orientation de leurs enfants. En effet, au-delà des inégalités socioéconomiques affectant différemment l'implication des familles dans le choix scolaire de leurs enfants (plus les familles sont aisées moins leurs demandes d'orientation sont autosélectionnées (Duru-Bellat et Van Zanten, 1992, cités dans Droyer, 2004)), ce rôle varie d'une famille à une autre selon, d'une part, leur degré d'accès aux informations relatives au fonctionnement du système scolaire (ses enjeux, ses opportunités...)et, d'autre part, leurs pratiques éducatives, particulièrement leur éducation implicite (expression introduite par Pourtois et Desmet, 2007 cités dans Liechti, 2012) se rapportant à un ensemble d'éléments constitutifs de l'identité de l'enfant et de son devenir scolaire et professionnel (valeurs, personnalité, intérêts, autonomie, capacités, exploration ...) (ibid.). Cette éducation est elle-même conditionnée par la structure et les caractéristiques de la famille (type de famille et styles éducatifs, parcours scolaire et professionnel des parents, représentations socioprofessionnelles des parents, aspiration et attitude des parents quant à l'avenir de leur enfant, rôles et positions des membres de la famille, l'environnement familial...) ( Liechti, 2012 ; Reuchlin, 1978 cités par Liechti, 2012). Par ailleurs, il a été démontré que les familles interviennent inégalement pour garder voire créer un contexte favorable au cheminement scolaire de leurs enfants (Duru-Bellat, 2002). Cela s'observe quand les familles développent des comportements stratégiques différenciées quant aux choix d'options et des demandes d'orientation : plus le statut socioprofessionnel des parents est élevé, plus ils sont exigeants et optent souvent pour les voies de scolarité susceptibles de positionner leurs enfants dans les filières les plus élitistes et dans les meilleurs classes (les filières scientifiques, le «choix» de langues et d'options...) (Duru-Bellat et Mingat, 1997 cités dans Landrier et Nakhili, 2010 ; Duru-Bellat, 2002). Ajoutons enfin que plus les résultats scolaires de l'élève sont médiocres moins ses parents seront influents au niveau de l'établissement scolaire (Laforgue, 2005, cité par Meunier, 2008).

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d. Effet de genre :

Tout comme l'origine sociale, le sexe des élèves, selon des études expérimentales, structure lui aussi les décisions d'orientation prises par les enseignants (Duru-Bellat, 2002 ; Mangard et Channouf, 2007 ; Baudelot et Establet, 1992 ; Duru-Bellat 1995 ; Duru-Bellat et Jarousse 1993, 1996 cités par Droyer, 2004). En effet, à dossier scolaire équivalent, les garçons sont orientés deux à trois fois plus que les filles vers les filières scientifiques (Meng, 2002 ; Rossenwald, 2006 cités dans Meunier, 2008 ; Mangard et Channouf, 2007). D'autant plus que, par le mécanisme d'autosélection, les filles optent davantage que les garçons pour les filières littéraires (Caille et Lemaire, 2002 ; Le Bastard-Landrier, 2005 cités par Landrier et Nakhili, 2010 ; Mangard et Channouf, 2007 ; Meunier, 2008) ou généralement pour des filières qui « permettent de s'insérer dans des métiers reflétant les valeurs spécifiques inculquées par la socialisation, ou alors présentant une certaine flexibilité pour concilier vie professionnelle et vie familiale » (Duru-Bellat, 1990 cité par Droyer, 2004, p. 4).

Certes, ces caractéristiques personnelles ont une influence considérable sur le devenir scolaire et professionnel, mais il reste aussi que les facteurs contextuels ont leur part de cette influence. Pour Perrenoud (1984, 1995 cité par Droyer, 2004), les pratiques pédagogiques et l'excellence scolaire incorporent la majorité des biais sociaux qui influencent, entre autres, les décisions d'orientation.

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