1.4. Les facteurs influençant les
décisions de l'orientation :
Reprenons-nous, ici, quelques facteurs influençant la
décision d'orientation, déjà cités plus haut, mais
cette fois-ci nous les mettons un peu plus en exergue. On l'a vu, en plus de la
valeur scolaire de l'élève, généralement
appréciée à travers l'évaluations de ses acquis
d'apprentissage et ramenée à ses notes scolaires, les
décisions d'orientation dépendent à la fois des demandes
de familles (socialement typées) et des instances responsables de
l'orientation au sein de l'établissement scolaire (les enseignants, le
conseil de classe et le directeur) (Duru-Bella, 2002 ; Lannegrand, 2004 ;
Dumora et Lannegrand, 1996 ; Mangard et Channouf, 2007). Ces décisions
sont affectées par un ensemble de biais sociaux. Ce qui fait qu'à
dossier scolaire égal, des élèves peuvent s'orienter
différemment. Pour Nathalie Droyer (2004), ces biais peuvent être
considérés comme étant le résultat des
caractéristiques personnelles - l'élève stratège et
maître de son choix suivant la conception individualiste (Boudon, 1973 ;
Padioleau, 1986 cités dans Droyer, 2004) - ou bien ils peuvent relever
des caractéristiques contextuelles - facteurs objectifs
indépendants de l'élève selon la conception
déterministe (Bourdieu et Passeron, 1964 et 1970 ; Girard et Bastide,
1966 ; Baudelot et Establet, 1971 cités dans Droyer, 2004 ) - ou encore
relever d'une action sociale qui fait que l'élève et sa famille
font des choix d'orientation tout en s'identifiant à un groupe
d'appartenance sociale qu'on cherche souvent à maintenir ou à
consolider (Dubet, 1994 ;
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Dubet et Martuccelli,1996 cités dans Droyer, 2004).
Cette dernière source de biais ne fera pas l'objet de notre
développement.
1.4.1. Influence de l'évaluation sur l'orientation
des élèves:
Parmi les fonctions de l'évaluation, la fonction
d'amener l'élève à cibler davantage son orientation. Par
l'influence de ses notes, l'évaluation l'éclaire sur
lui-même, sur ses capacités, sur ses motivations, ses
intérêts, ses goûts. Elle éclaire le professeur sur
l'élève, affine un profil tout au long de l'année,
dévoile des aptitudes, des compétences comme des lacunes, des
difficultés scolaires. Elle a comme fonction de guider
l'élève et le professeur au travers d'un travail demandé
et exécuté. A ce titre nous pouvons avancer avec Perrenoud (1998)
« qu'il n'y pas d'orientation scolaire sans évaluation » (p.
56). Dans le même registre Cardinet précise que « les
décisions d'orientation devraient se fonder sur une évaluation
essentiellement prédictive, puisque il s'agit de déterminer
quelle filière conviendra le mieux à chaque apprenant, contenu
d'une part de ses goût, de ses intérêts, de ses projets,
d'autres part des ses acquis scolaires, de son âge, de son
développement, de ses aptitudes à apprendre » (cité
dans Perrenoud, 1998). Cependant, la façon avec laquelle sont
organisés les examens scolaires, dans la majorité des
systèmes scolaires, engendre une valeur prédictive contestable
Cardinet (1988). «Tout se passe en effet comme si la performance future
était assimilée à la performance passée. L'examen
porte sur les branches qui étaient au programme avant l'examen, sans que
personne ne semble se demander si ces branches ont une valeur pronostique
quelconque » (ibid., p.156). Cardinet ajoute aussi que la
progression scolaire ne doit pas être assujettie à la
maîtrise des programmes des années précédentes ; il
est connu qu'à chaque cycle d'enseignement on recommence dès le
début surtout à l'université, les programmes
d'enseignement se spécialisent davantage et on ne demande aux
étudiants qu'un tout petit de leur connaissances au Baccalauréat
: « le jeu des compensations permet à des élèves,
même très peu préparés pour une branche d'y
entreprendre des études supérieures. On doit donc admettre que
les examens ne contrôlent pas sérieusement non plus les
prérequis des études ultérieures » (Ibid,
p.158). L'objectif des examens se trouve donc tourné vers le
contrôle des apprentissages passés et non vers la sélection
des élèves les plus capables à apprendre. L'utilité
de ces examens est approuvée, l'erreur comme le souligne Cardinet c'est
: « d'utiliser les mêmes épreuves pour mesurer des aptitudes,
ou contrôler des prérequis. Du fait de leur nature même, ces
examens ne peuvent fonder un pronostic valable » (Ibidem).
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