IV.2.3. Les moteurs de déforestation
Cette sous-section discute sur les résultats obtenus
relatifs aux facteurs de déforestation dans la zone forestière de
Yangambi.
La déforestation a pour corollaire la disparition de la
diversité animale et végétale. Les causes de cette
déforestation ne font pas l'unanimité parmi les chercheurs. Selon
UICN-PC (2014), certains chercheurs blâment la croissance
démographique (Allen et Barnes, 1985 ; Amelung et Diehl, 1992 ; Cropper
et Griffiths, 1994 ; Ehrhardt-Martinez, 1998 ; Mather et Needle, 2000) et
l'agriculture itinérante sur brulis par les petits paysans (Amelung et
Diehl, 1992 ; Myers, 1993 ; Ranjan et Upadhyay, 1999). D'autres, par contre,
affirment que plusieurs causes interagissent et entraînent la disparition
des forêts tropicales (Rudel et Roper, 1996 ; Bawa et Daynmandan, 1997 ;
Mather et al., 1998 ; Angelsen et Kaimowitz, 1999). Enfin d'autres se
concentrent sur les politiques mal inspirées des gouvernements et sur
les activités des grandes sociétés ou des grands
propriétaires terriens. Les forêts subissent différentes
pressions qui aboutissent soit à leur disparition (déforestation)
soit à une modification profonde de leur physionomie
(dégradation).
La présente recherche, à travers une
pré-enquête, a pu identifier 3 principaux facteurs de
déforestation dans la zone forestière de Yangambi. Il s'agit de
l'agriculture itinérante sur brûlis, de l'exploitation artisanale
de bois énergie et enfin, de l'exploitation artisanale de bois d'oeuvre.
La figure 36, présente la pondération des facteurs de
déforestation aux enquêtés. On peut cependant observer une
forte prédominance de l'agriculture itinérante sur brûlis.
La grande partie de la population est dépendante des produits issus de
l'agriculture. Dans la zone forestière de Yangambi, le Manioc, le Riz,
le Haricots sont les principaux produits cultivés.
A l'échelle d'une année, un agriculteur dans la
zone forestière de Yangambi transforme en moyenne 1ha des forêts
à des espaces agricoles, et coupe en moyenne 2 champs (tableau 17). La
durée moyenne de jachère en cette zone est très
réduite. Elle estimée à 3 ans (tableau 17).
En effet, l'agriculture dans cette zone est
caractérisée par l'usage de variétés non
améliorées et une mauvaise gestion de la fertilité du sol
(Mpoyi et al., 2013) cités par (S. Katembera Ciza et
al.,2015).
Dans ce contexte de faible productivité, la conversion
des terres forestières à l'agriculture s'accélère
et la durée de jachère diminue, les distances aux champs ne font
qu'augmenter (figure 35), ce qui entraine de plus en plus la régression
des agrégats forestiers.
En plus des activités agricoles, c'est l'exploitation
de bois énergie (bois de chauffage, charbon de bois) qui exerce la plus
forte pression sur ces forêts (figure 34). En moyenne, cette
activité entraine une perte annuelle de 0,019ha pour un exploitant
artisanal (tableau 16). Elle plus réalisée dans les forêts
primaires que n'importe quel autre type forestier (figure 36).
Dans les pays du bassin du Congo, plus de 90 % du volume total
de bois récolté sert de bois de chauffage (Marien, 2009). Dans la
zone forestière de Yangambi, la collecte de bois de chauffage est
destinée à la consommation locale et non à l'exportation.
Les principaux facteurs qui favorisent son utilisation sont sa capacité
à cuire rapidement les aliments et sa disponibilité sur place. La
population considère le bois de chauffage comme gratuit et, par
conséquent, accessible par tous. Toutefois, l'impact de ce
prélèvement reste faible et il est compensé par la
régénération naturelle. Le charbon de bois produit dans la
zone forestière de Yangambi est exporté vers Kisangani (90
km).
Enfin, on enregistre une pression assez faible de
l'exploitation artisanale de bois d'oeuvre dans la zone forestière de
Yangambi. Le tableau 26 atteste une perte moyenne annuelle estimée
à 0,012ha pour un exploitant. Les produits issus de cette
activité sont généralement consommés au niveau
local. Il s'agit souvent des pirogues, des mortiers à bois, des chaises,
des tables...
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