IV.2.2. Fluctuation historique et prédictive des
variables climatiques
Cette sous-section discute particulièrement sur les
résultats obtenus relatifs à la fluctuation historique et
prédictive des variables climatiques notamment la température et
les précipitations, dans la zone forestière de Yangambi.
En effet, les principaux résultats relatifs à la
fluctuation historique des précipitations ont attesté une
diminution des précipitations de la première à la
deuxième décennie avec un écart de 46,6mm et, une
augmentation de la deuxième à la troisième décennie
avec un écart de 51,36mm. La fluctuation historique des
précipitations n'est donc pas orientée vers un sens unique,
même si la tendance globale, en considérant les deux
extrémités (la première et la dernière
décennie) serait celle d'une augmentation. A l'échelle
régionale, le même constat, celui d'une tendance marquée
soit par une hausse soit par une baisse des précipitations, est
observée par plusieurs chercheurs.
En effet, Aguilar et al., (2009) observent une tendance
à la hausse des précipitations totales de 31 mm/décennie
entre 1955 et 2006 alors que Mahé, (1993) précise que les plus
fortes baisses des hauteurs de précipitation ont été
observées pendant la décennie 1968-1980 et n'ont pas la
même intensité à travers toute la région. Dans le
sud du Cameroun et au Congo, la baisse des précipitations a
persisté jusqu'en 1990. Par ailleurs, au Gabon et en RCA, on a
observé une hausse respectivement après 1980 et 1985. Au regard
de ces observations historiques, la diminution et/ou l'augmentation des
précipitations dépendrait d'une échelle temporelle
à l'autre et d'une échelle spatiale à l'autre.
Les observations prédictives des précipitations
issues des trois modèles, montrent une tendance générale
à la baisse dans la zone forestière de Yangambi. Les
modèles linéaire et logarithmique montrent des fluctuations un
peu plus rapprochées aux fluctuations historiques analysées,
alors que le modèle exponentiel prédit une forte diminution des
précipitations.
Eu égard à ces résultats, il convient de
mentionner qu'à l'échelle globale, les résultats de
différentes simulations relatives aux précipitations, sont moins
robustes que ceux concernant la
température (Haensler A et al.,2013). Certains
modèles prévoient un accroissement des précipitations
dans la majeure partie du Bassin du Congo, tandis que d'autres modèles
anticipent une diminution des précipitations dans les mêmes
zones.
La fluctuation des précipitations
corrélée à la dynamique forestière dans la zone de
Yangambi, montre l'existence d'une relation (la P- value étant
supérieure à 0).
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Cette relation serait cependant, très faible au vu
d'une faible corrélation (r = 1,3%) comme l'ont montré tous les
modèles et d'une très faible dépendance des
précipitations à la superficie forestière (r2 =
0,02%) comme l'a attesté le modèle linéaire.
Ces mesures statistiques traduisent le fait que la superficie
forestière prise seule, comme variable explicative, serait loin
d'expliquer la variabilité des précipitations dans la zone
forestière de Yangambi. Il s'avère donc nécessaire pour
les recherches futures, de pouvoir ajuster le modèle prédictif
des précipitations en ajoutant d'autres variables pour mieux expliquer
la variabilité des précipitations.
Concernant la fluctuation historique de la température
moyenne, la tendance est celle d'une augmentation d'une décennie
à l'autre avec des écarts d'au moins 0,34°C entre la
première et la deuxième décennie, 0,28°C entre la
deuxième et la troisième décennie. Cette tendance à
la hausse, tend à se confirmer pour la région d'Afrique centrale.
En effet, au Congo, sur la période allant de 1950 à 1998, les
températures ont augmenté de 0,5 à 1°C pendant les
décennies 1980 et 1990 (Samba-Kimbata M.J., 1991). A l'échelle
planétaire, d'après le dernier rapport du Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la température
moyenne mondiale a augmenté de 0,85°C entre 1880 et 2012. Chacune
de trois dernières décennies a été plus chaude que
la précédente et que toutes les autres décennies depuis
1850. Ces augmentations de la température peuvent être
liées à plusieurs causes. A l'échelle locale, dans le
contexte de la zone forestière de Yangambi, l'hypothèse à
soutenir serait la déforestation. En effet, la conversion des
forêts en terres agricoles et autres types d'utilisation du sol
accroît la portion de sol nu exposée aux rayons du soleil et donc
accroît l'albédo, ce qui diminue la radiation solaire
absorbée par la surface, mais par contre, entraine un
réchauffement de la surface.
Niyogi et al (2009) estiment que la
déforestation peut significativement changer l'eau de surface et
l'équilibre énergétique de multiples manières et
donc affecter la température, l'humidité atmosphérique,
aussi bien les processus météorologiques que climatiques.
Les observations prédictives de la température
pour la zone forestière de Yangambi sont plus robustes que celles de
précipitations au vu d'une forte corrélation avec la couverture
forestière (r = 82%) comme l'ont attesté tous les trois
modèles.
En effet, tous les modèles approuvent une tendance
globale d'augmentation. Cette tendance corrobore à celle soutenue par le
GIEC. Les différents modèles simulent une augmentation des
températures (entre 2 et 6°C) à l'horizon 2050-2100 (IPCC,
2013). Cette augmentation simulée varie suivant les régions du
globe et selon les scénarios.
Cette tendance s'accompagne d'une augmentation des chaleurs
extrêmes (par exemple, la température des journées les plus
chaudes a semblé augmenter d'environ 0,25°C par décennie) et
une diminution de la fréquence des vagues de froid (Aguilar E. et al,
2009).
Avec la déforestation accélérée
à l'échelle de la zone forestière de Yangambi, la
quantité de Gaz à effet de serre pourrait augmenter, et entrainer
un réchauffement. Dans ce contexte, une des perspectives serait
d'évaluer la quantité de GES dégagée par surface
forestière perdue à l'échelle de la zone forestière
de Yangambi.
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