A. Archéologie funéraire.
On a découvert un assez grand nombre de
sépultures d'époque mérovingienne dans la région
boulonnaise, groupées par cimetières d'une centaine de tombes. En
1946, ces cimetières étaient au nombre d'une quarantaine. Les
plus célèbres, les plus importants par la qualité du
matériel funéraire qu'on y a trouvé sont ceux d'Uzelot
(hameau de Leulinghen : arrondissement de Boulogne, canton de Marquise), et de
Nesle-lès-Verlincthun (Boulogne, Samer). On y a trouvé notamment
des armes (épées, lances, "umbos" de boucliers, couteaux, pointes
de flèches, framées, francisques ; des pièces
d'orfèvrerie (colliers, pendants d'oreilles, broches, bagues) ; des
poteries, des objets divers (peignes en os, sceaux, coquilles, dents de
sanglier, pinces à épiler, clefs) ; et même des monnaies,
assez rares d'ailleurs.
Est-il possible de distinguer les cimetières saxons des
cimetières francs ? On a essayé de la faire au moyen des
"scramasaxes Ce sont de longs couteaux de combat, plats, munis d'une rainure
longitudinale, d'environ 0,47 cm de longueur sans la soie ; on les trouve le
plus souvent le long de la cuisse des morts, dans presque toutes les
78 Nous verrons plus loin (p.46) qu'a existé une ancienne
colonie franque au nord de Boulogne, à une date qui n'est pas
fixée. Par ailleurs, la Vita SS. Luglii et Lugliani fratrum
(AA. SS. octobre, t. 10 p. 71-121) nous montre deux Irlandais
convertissant Boulogne au Vllème siècle, puis gagnant
immédiatement Thérouanne, ville capitale d'un royaume franc aux
Vème et VIème siècles. On sait que les Irlandais
n'aimaient pas les Anglo-saxons (pas plus d'ailleurs qu'aujourd'hui...) : "Nous
aimons mieux aller en enfer que les retrouver au paradis"...
79 Certains indices tendent à faire croire qu'elle
avait déjà disparu, ou qu'au moins sa disparition était
bien avancée : voir p.49
80 A. de Loisne, Colonisation saxonne dans le Boulonnais
p. 13 et 14.
23
tombes masculines. Le scramasaxe était, semble-t-il,
utilisé dans le combat corps à corps et dans la défensive
; on a dit qu'il a donné en vieux-français "estramaçon"
(mais ce dernier est une longue et lourde épée, dont le nom peut
venir de l'italien). L'étymologie du mot "scramasaxe" renverrait
à scrama, qui exprime une idée de protection
(suédois skirma, allemand schirmen) et du
vieil-anglais seex : couteau (cf. latin seco).
Dans quelques textes, le scramasaxe est donné comme
spécifiquement saxon81 : il aurait même donné son nom
à ce peuple. Cette étymologie n'est pas sûre ; et
même si c'était le cas, on observe que le scramasaxe est tout
aussi fréquent dans les cimetières francs, si fréquent
qu'on pourrait y voir une arme typiquement franque".
On ne peut guère utiliser les armes pour discriminer
entre Francs et Saxons. En effet, l'industrie guerrière a toujours eu
tendance à uniformiser ses types sur de vastes régions, cela
à cause du grand intérêt des inventions, et aussi à
cause de la disparition des peuples mal armés. Toutes les tribus
germaniques ont à peu près le même armement, et celui des
légions romaines n'en diffère guère. Il est heureusement
une autre dasse de trouvailles utilisables, celle des objets de parure
où s'impose l'influence de la mode. Chaque région, chaque
époque a sa mode qui permet de la reconnaître, chaque
orfèvre même a son style. L'inconvénient, pour nous, c'est
leur petitesse : ce sont des objets qui voyagent. On rencontrerait
donc sans difficulté des objets saxons chez les Francs, et
réciproquement. Les objets de facture saxonne sont heureusement nombreux
dans notre région.
On a trouvé en particulier des colliers d'ambre, ou du
moins composés par parties égales de grains d'ambre et de
morceaux de verre multicolores, et même de pièces de monnaie.
L'ambre est recueilli sur les rives de la mer Baltique, en particulier dans la
péninsule de Samland. Les Romains le connaissaient et l'utilisaient,
mais il restait pour eux une substance rare, d'un prix élevé,
recherché à l'égal des pierres précieuses". Dans le
Boulonnais, par contre, on en trouve dans plus du tiers des tombes
féminines, ce qui paraît dénoter un commerce actif,
probablement par voie maritime, avec son pays d'origine, sinon une importation
directe par les immigrants saxons. Dans les tombes franques du Pas-de-Calais,
en revanche - dans les vastes et nombreux cimetières mérovingiens
de l'arrondissement d'Arras - l'ambre est très rare. Il y a bien
sûr des colliers, mais ils sont composés de perles de verre de
toutes formes et de toutes couleurs ainsi que de billes de terre
émaillées. Pour avoir recours à cette dernière
substance, il faut n'avoir pas d'ambre, ou avoir bien du mal à s'en
81 Witikind, De gestis saxonis, I : "cultelli enim nostra
lingua salis dicuntur, ideoque Saxones nuncupa-tos". Et Godefroy de
Viterbe XV, p. 313 :
"Ipse brevis gladius apud illos saxo vocatur "onde sibi saxo
nomen perperisse notatur".
Enfin, dans le Glossarium de Du Cange, V, art. "Saxo" :
"Saxones longis cultellis pugnasse auctor est enim continuator Florentii
Vigorniensis anno 1138". Indeque genti datum nomen".
82 Ehmer, Siichsische Siedlungen p. 50.
83 Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités
gréco-romaines II, p. 534.
24
procurer.
A côté des colliers d'ambre on trouve
également des bracelets de type anglais ; l'un de ces types est
particulièrement frappant tant son aspect est inhabituel sur le
continent. Il s'agit d'un bracelet trouvé à
Nesle-lès-Verlincthun, formé d'un barreau d'argent cylindrique
étiré et aminci, en respectant néanmoins les deux
extrémités, recourbé ensuite de façon à
fournir d'un côté deux faces circulaires affrontées, de
l'autre un fil métallique, d'un diamètre égal au quart du
barreau primitif.
La trouvaille la plus intéressante est peut-être
une broche découverte à Harden-thun. Elle est en argent, et
présente la particularité de porter un grenat en son centre. Il
se trouve que l'usage de placer un grenat au milieu d'une matière
blanche quelconque est un usage anglais et plus particulièrement
kentient. C'est une mode du Vlème siècle dans le Kent. Ou cette
broche est venue du Kent, ou les rapports ente ces deux régions
étaient si étroits au Vlème siècle que la technique
d'orfèvrerie y était la même. En dehors du Boulonnais
proprement dit, on a retrouvé des objets de facture saxonne dans les
cimetières de Waben près de Verton (Montreuil, Montreuil) et de
Mareuil (Arras, Dainville). Ce sont deux broches que Roeder dit venues
d'Angleterre, car elles appartiennent à une espèce de "broches
composées" d'origine saxonne.
J'ai trié les objets dont l'exemple est le plus net. Ce
qui ne paraît pas dans ces descriptions, c'est l'air de famille entre les
sépultures boulonnaises et les sépultures anglaises. Cette
similitude est si forte, qu'elle a fait dire à un observateur du
XIXème siècle, lequel ignorait l'ancienne immigration saxonne et
prenait les cimetières boulonnais pour des cimetières francs : "A
défaut de toute autre preuve historique, l'identité de race entre
les hommes dont les sépultures se découvrent ainsi, sur l'un
comme sur l'autre bord du détroit, en ressortirait nette, vive,
indiscutable"".
A feuilleter à la fois les planches de
l'Archaeologia cantiana, et celles des Mémoires de la
Société Académique de Boulogne, on ne peut trouver de
différence entre toutes ces reproductions, et l'on en arriverait
à ne plus savoir ce qui provient du sol anglais ou du sol
français. Quant à la disposition des sépultures, elle est
partout la même : les tombes sont alignées par longues
rangées, les corps sont inhumés (les incinérations sont
exceptionnelles, on n'en a trouvé qu'à Olincthun (hameau de
Wimille, Boulogne, Boulogne Nord-Est) ; les corps étaient sans suaire,
dans un cercueil de bois (sans sarcophage de pierre), orientés la
tête à l'ouest et les pieds à l'est.
Je n'ai pas parlé des monnaies, qui
s'échelonnent depuis Constance (337-361) jusqu'à un
monétaire du VlIème siède, Charemundus : elles ne sont pas
saxonnes. En revanche, elles peuvent aider à la datation de l'invasion.
C'est sous cette rubrique
84 Brown, The Arts en Early England IV, p. 544.
85 Roeder, Die silchsische Siedlungen in der
Vôlkerwanderungszeit p. 24.
86 V. Vaillant- Le cimetière de
Nesle-lès-Verlincthun. Bulletin de la Commission des
Antiquités Départementales du Pas-de-Calais VI, p. 103.
25
que nous les aborderons (ci-dessous, chap. III).
B. L'anthropologie de la région boulonnaise.
(Cette discipline ayant beaucoup évolué, on
trouvera ci-dessous un texte très différent de celui de 1946. A
la fin du présent mémoire, j'ajoute de surcroît un
complément sous la forme d'un « Epilogue »).
Il n'est guère possible de comparer les populations
actuelles, tant du Jutland que de Grande-Bretagne ou du Boulonnais. On observe
en effet une évolution des caractères physiques au cours des
siècles qui nous séparent des grandes invasions. La taille a
varié, et il en est de même de l'indice céphalique
horizontal, lequel sert à diviser les gens en
"dolichocéphales" (à tête longue) et
"brachycéphales" (à tête large). Assez bas à
l'époque des invasions, l'indice céphalique s'est
élevé progressivement au cours du Moyen-Age, au point qu'à
l'heure actuelle les "dolichocéphales" ne sont plus qu'une
minorité, alors qu'à l'origine ils étaient les plus
nombreux.
Tout au plus peut-on remarquer que les habitants actuels du
Jutland sont un peu moins grands que leurs voisins d'Allemagne du Nord, et
qu'en Grande Bretagne la stature est plus faible à l'est qu'à
l'ouest de la grande île (c'est à l'ouest de l'Ecosse qu'on trouve
les plus grands des Européens). Les Britanniques de l'est sont aussi
plus souvent blonds que ceux de l'ouest. Tout cela donne, peut-être, une
idée de l'allure éventuelle des pirates saxons (?). Ce qui pour
nous est fâcheux, c'est qu'on n'observe guère de différence
entre les Boulonnais et les autres habitants du Nord de la France.
L'étude des squelettes qui proviennent des
cimetières d'époque mérovingienne aurait pu être
plus instructive. Ceux du Boulonnais ont été trouvés pour
la plupart aux confins du XlXème et du XXème siècle, et
l'on sait que les fouilleurs de cette époque ne prêtaient
guère d'attention aux squelettes qu'ils exhumaient. L'un de ces
cimetières fait exception, celui d'Hardenthun, qui a été
publié par E.T. Hamy", accompagné d'une étude
anthropologique ; celle-ci comporte des mensurations, des statistiques, et
aussi des comparaisons avec des crânes provenant d'autres stations de la
même époque dans le Boulonnais. Cet auteur a mesuré 9
crânes féminins et 13 crânes masculins, ce qui n'est pas une
base statistique bien considérable. Il observe néanmoins
d'importantes différences entre ces deux catégories. Les premiers
présentent selon lui un aspect relativement moderne, avec des traits
adoucis et, toujours selon lui, des signes de métissage. Les
crânes masculins ont, dit-il, un aspect "barbare", avec des contours
"brutaux", une bosse occipitale forte, des arcades sourcilières
saillantes, une face volumineuse et très haute, un menton puissant.
Femmes et hommes sont 'dolichocéphales" , avec un indice
céphalique de 75,9 pour les premières, de 73,06 pour les seconds.
L'un de ces derniers est hyperdolichocéphale, avec un indice
crânien de 64,2, ce qui serait un record d'Europe. Cela pour le
cimetière
87 I (indice céphalique) = L*100/1, L étant la
longueur de la tête, et 1 sa largeur.
88 E. T. Hamy, 1893 - Crânes mérovingiens et
carolingiens du Pas-de-Calais. L'Anthropologie IV, p. 513-538
26
d'Hardenthun. Dans l'ensemble du Boulonnais, l'indice
céphalique masculin était, paraît-il, de 74,21 pour les
femmes, et de 73,80 pour les hommes. Avons-nous affaire à un
échantillon non trié de l'ancienne population d'Hardenthun ?
Venus par mer, les hommes étaient-ils arrivés en
célibataires, et auraient-ils pris femmes dans la population
préexistante ? - le cimetière d'Hardenthun paraît pourtant
relativement récent (ci-dessus, p27). Seraient-ils, plus que leurs
compagnes, les représentants d'une classe supérieure
conquérante, leurs épouses représentant mieux le fond de
la population ? Peut-être...
4. Divers...
L'onomastique devrait nous apporter quelque chose. Grâce
à l'abbaye de Saint-Bertin dont on a le cartulaire, on connaît un
grand nombre de noms de personnes du Xème et du Xlème
siècle, quelques-uns même du Vllème et du VIIIème
siècle. La plupart sont germaniques ; mais, selon Mansion", on ne trouve
que très peu d'in-guéonismes dans le cartulaire de Saint-Bertin :
personnellement, je n'en ai pas rencontré. Par conséquent, tous
ces noms peuvent parfaitement être franciques. Le suffixe -bert
(latin bertus : Adalbertus, Rodbertus, etc.) est très
fréquent. Le suffixe saxon correspondant est -beort, le e
se brisant devant r appuyé. On rencontre d'autres suffixes
analogues, comme -bern, non fracturés, et, dans
l'intérieur des mots, de nombreux cas de fracture où celle-ci n'a
pas eu lieu. Il semblerait donc que la colonie saxonne soit disparue au
IXème siècle, du moins en grande partie.
Cette preuve, à mon sens, n'est pas définitive.
En effet, si un scribe flamand entend Adelbeort, ne comprendra-t-il pas,
n'écrira-t-il pas Adelbert ? Etant donné la position de l'abbaye
de Saint-Bertin, on peut présumer que ses moines se recrutaient surtout
parmi des gens de langue franque. Il y eut pourtant un évêque de
Thérouanne, ville franque, qui a porté un nom, paraît-il,
purement saxon : Saint Bein ("Baginas")90 - dont on retrouve semble-t-il le nom
dans celui du village de Baincthun.
Plus féconde aurait pu être la linguistique. Le
dialecte picard a en effet un vocabulaire assez germanisé.
Malheureusement, les mots francs et les mots saxons se ressemblaient trop, pour
qu'une fois passés dans le système phonétique picard ils
puissent rester faciles à distinguer. On observe bien dans le patois
boulonnais des mots d'allure anglaise ("neque" pour cou : "neck"
en anglais... mais aussi "nek" en néerlandais) ; que tirer de ce
genre de ressemblances ?
Quant à trouver des usages saxons dans la
région, la chose est difficile. Tel qu'il nous est parvenu, le droit
saxon d'Angleterre est le résultat d'une évolution assez longue,
il est à la fois germanique et insulaire. De son côté, le
Boulonnais a été romanisé par des populations qui
étaient passées par la langue et par les coutumes
89 J. Mansion, 1926 - Le problème saxon, p.
12.
90 Rodière, 1896 - Dans Les Noms de Lieux de
l'Arrondissement de Boulogne. Etudes toponymiques. , articles "Bayenghem"
et "Baincthun".
27
franques, cela avant que nous puissions étudier ses
institutions. On ne constate pas de différence nette entre l'ancien
droit coutumier de Boulogne et celui d'Arras. Il est impossible d'affirmer en
Boulonnais l'existence d'usages spécifiquement saxons, tel que le
folcland (une variété de tenure foncière), ou
l'importance politique des communautés de villages. Il a pourtant
été noté que le plan de la ville de Bergues (chef-lieu de
canton, près de Dunkerque), assez singulier, affecterait la forme d'un
"ring" saxon...
Nous avons trouvé des traces saxonnes indiscutables
dans la région boulonnaise, surtout dans la toponymie, mais aussi dans
l'archéologie et peut-être l'anthropologie. D'autres sciences,
dont on aurait pu attendre des informations, ne nous ont rien apporté.
Il faut sans doute en accuser l'ancienneté des établissements
anglo-saxons dans notre région. Peut-on préciser cette
ancienneté ?
28
III. Date et origine de l'invasion saxonne
Il est nécessaire de préciser d'emblée
que nos envahisseurs ne sont ni des Saxons continentaux déportés
par Charlemagne91, ni des Frisons arrivés en suivant la
côte. Les noms de lieux en -incthun et en -inghem
renvoient directement à l'Angleterre ; il en est de même des
fractures syllabiques de type vieil-anglais, telle que celle du toponyme
Diorwaldingatun, et des pièces d'orfèvrerie d'aspect
kentien.
Le problème de la date de l'invasion saxonne est
inséparable de celui de l'origine des envahisseurs. Les auteurs qui ont
écrit sur cette question se partagent en trois positions distinctes :
Les uns croient notre région saxonisée
dès le Vème siècle, voire dès le IIlème
siècle, avant même la Grande-Bretagne. Elle aurait partiellement
servi de tremplin aux Anglo-Saxons pour la conquête de celle-ci. D'autres
envisagent au contraire une époque tardive, manifestant une invasion
venue de l'autre côté du détroit (fin du Vlème
siècle, éventuellement Vllème, voire début du
VIIIème siècle). D'autres enfin ont apparemment dans l'esprit une
seule invasion, qui serait venue du Jutland et de l'Allemagne du Nord et qui
aurait déferlé simultanément des deux côtés
du Pas-de-Calais. Ils ne l'ont pas exprimée explicitement et a
fortiori ne l'ont pas systématisée.
1. Arrivée ancienne.
Au XIXème siècle, l'abbé Haigneré,
ignorant la philologie saxonne, avait eu néanmoins le mérite de
reconnaître l'originalité des noms de lieux boulonnais en
-thun et leur ressemblance avec les noms anglais en -ton. Il
se demandait s'ils n'étaient pas "antérieurs à la rupture
de l'isthme par lequel l'Angleterre se trouvait autrefois réunie au
continent européen"92. Sans remonter aussi loin, on peut citer F. Lot
qui, se basant sur l'ancienneté de la romanisation du Boulonnais, en
concluait que les Saxons y étaient établis "avant l'époque
mérovingienne, et même antérieurement aux Francs"93. Citons
aussi A. Longnon qui, avant sa découverte des noms de lieux saxons dans
le Boulonnais, faisait remonter les Saxons de Bayeux à l'époque
du littus saxoni-cum9-' ; ainsi que A. de Loisne, qui partage cette
opinion en ce qui concerne les Saxons du Boulonnais95 ; enfin J. Mansion qui,
contre Lot lui-même, faisait valoir que le littus saxonicurn ne
devait pas être désert de colonies saxonnes puisque la Notitia
Dignita-tum signale, dans la région boulonnaise un nom germanique,
Marcae96.
91 F. Lot (Les migrations saxonnes en Gaule et en
Grande-Bretagne, p. 24) a pris la peine de réfuter cette opinion,
en faisant valoir que Charlemagne aurait disséminé ses Saxons par
petits paquets, et non en un bloc compact. Ajoutons que les Saxons continentaux
sont à l'origine des actuelles populations bas-allemandes, et non
anglo-frisonnes : ils n'auraient pas laissé les mêmes traces
linguistiques
92 Dictionnaire historique et archéologique du
Pas-de-Calais t. II, p. 298.
93 Op. cit. p. 24.
94 A. Longnon 1878 - Géographie de la Gaule au
VIème siècle
95 A. de Loisne 1906 - La colonisation saxonne du Boulonnais,
p. 3.
96 J. Mansion, 1926 - Le problème saxon p. 12.
29
Les principaux défenseurs d'une arrivée ancienne
des Saxons ont été G. Kurth et J. Hoops.
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