Paragraphe 2 : L'absence de volonté politique
Le passage de l'alerte rapide à la réaction
rapide ne peut se faire sans une réelle volonté politique des
divers acteurs capables d'intervenir dans la crise. Cependant, cette
volonté étant encore à bâtir, la réaction
rapide (A) et l'impartialité (B) que requièrent les situations de
crises font gravement défaut et constituent par là même les
faiblesses du système d'alerte rapide.
A- Le manque de réaction rapide
Il faut le reconnaître : les alertes précoces
sont abondantes, non seulement dans les services de renseignement mais aussi
dans la presse, chez les chercheurs, ou encore parmi les hommes d'affaires. Ce
qui manque, ce n'est pas l'alerte mais l'attention, la décision,
l'action. C'est ici que les gouvernements ont tendance à passer à
côté :
191 Rapport du Groupe d'étude sur les opérations
de paix de l'ONU (Rapport Brahimi), Doc. A/55/305-S/2000/809, 21 aout 2000.
192Ibid, Création d'une unité
de gestion de l'information et d'analyse stratégique au Siège
(par. 65 à 75)
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l'observation est plus facile, l'attente est plus sûre,
l'inaction est plus prudente, et soudain, le moment propice à l'action
précoce est passé et l'on se trouve en plein milieu d'une crise.
L'alerte précoce n'est utile que si elle débouche sur l'action
précoce. D'après le rapport Brahimi, les six à 12 semaines
qui suivent un cessez-le-feu ou la conclusion d'un accord de paix sont souvent
la période la plus critique pour l'instauration d'une paix stable et la
crédibilité d'une nouvelle opération. Les occasions
perdues durant cette période se représentent rarement. Le Groupe
d'étude recommande que l'Organisation des Nations Unies revoie la
définition de la « capacité de déploiement rapide et
efficace » de façon à entendre par là l'aptitude
à déployer pleinement des opérations de maintien de la
paix de type classique dans un délai de 30 jours à compter de
l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité
créant une telle opération, ou dans un délai de 90 jours
dans le cas d'une opération complexe193.
Par ailleurs, le rapport Brahimi recommande d'élargir
le Système de forces et moyens en attente pour y inclure plusieurs
forces multinationales homogènes de la taille d'une brigade,
dotées des éléments précurseurs nécessaires,
qui seraient établies par des États membres en concertation, de
façon à pouvoir disposer de forces solides pour le maintien de la
paix, comme il l'a préconisé. Il recommande également que
le Secrétariat envoie une équipe sur place pour
déterminer, préalablement au déploiement, si les
États susceptibles de fournir des contingents sont prêts à
répondre aux exigences des opérations de maintien de la paix en
matière de formation et d'équipement. Les unités qui ne
remplissent pas les conditions requises ne doivent pas être
déployées.
Pour faciliter un déploiement rapide et efficace, le
Groupe d'étude recommande l'établissement, dans le cadre du
Système de forces et moyens en attente, d'une liste
régulièrement actualisée de personnels sous astreinte une
centaine d'officiers expérimentés et parfaitement
qualifiés, qui serait soigneusement examinée et approuvée
par le Département des opérations de maintien de la paix. Des
équipes constituées à partir de cette liste, pouvant
être mises à disposition dans les sept jours, seraient
chargées de traduire dans des plans d'opérations concrets et
tactiques, avant le déploiement des contingents, les concepts
stratégiques définis dans leurs grandes
193 Rapport du Groupe d'étude sur les opérations
de paix de l'ONU (Rapport Brahimi), op. cit., Normes de
déploiement rapide et personnel spécialisé sous astreinte
(par. 86 à 91 et 102 à 169).
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lignes au Siège pour les missions et viendraient
renforcer un élément de base du Département des
opérations de maintien de la paix pour faire partie d'une équipe
de démarrage.
Le Groupe d'étude demande également aux
États Membres de constituer des réserves nationales
renforcées de personnel de police civile et d'experts apparentés
désignés à l'avance en vue de leur déploiement pour
des opérations de paix des Nations Unies, pour aider à satisfaire
les besoins importants en services de personnel de police civile et en
spécialistes dans des domaines apparentés (justice pénale
/respect de la loi) dans le cas des opérations en rapport avec un
conflit interne. Le Groupe d'étude exhorte en outre les États
Membres à envisager de mettre en place des programmes et partenariats
régionaux conjoints pour former les membres de leurs réserves
nationales respectives à la doctrine et aux normes des Nations Unies
applicables à la police civile194.
Le Groupe recommande enfin que le Secrétaire
général soit autorisé, avec l'approbation du Comité
consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB),
à engager des dépenses à concurrence de 50 millions de
dollars bien avant l'adoption par le Conseil de sécurité d'une
résolution établissant une opération nouvelle lorsqu'il
est évident que l'opération sera vraisemblablement
créée.
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