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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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B- La grande divergence des sources d'information

Bien que l'alerte précoce s'est développée et améliorée, le contexte dans lequel elle s'inscrit a évolué au cours de la dernière décennie. Il y a quelques années encore, l'information sur les situations en gestion dans différentes régions du monde était rare et la difficulté consistait à en obtenir davantage. Aujourd'hui, les choses se sont en quelque sorte inversées, en ce sens que l'information disponible est volumineuse et doit être triée, évaluée et intégrée. Mais la prévision des crises demeure une affaire hasardeuse et la communauté internationale est encore, de temps à autre, prise de court, comme ce fut le cas pour les violences ethniquement ciblées qui ont ravagé le sud du Kirghizistan en juin 2010 ou le déclenchement inattendu de la vague de troubles populaires qui a secoué le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord en 2011.

Il paraît donc important de savoir comment une situation donnée peut être qualifiée comme étant un cas réel pour l'application de la R2P.

Le premier pas est évidemment de recueillir des informations fiables et exactes. Plusieurs acteurs contribuent dans cette phase à la collecte des informations. D'une part, il existe des sources indépendantes comme les organismes de la société civile de

184 Rapport CIISE, La responsabilité de protéger, p. 24, par. 3 § 13. 185Rapport CIISE, La responsabilité de protéger, p. 25.

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l'Etat concerné (ou en dehors), les ONG nationales et internationales et d'autre part, des sources officielles et intergouvernementales des États et des organisations régionales et internationales. Au sein de l'ONU, plusieurs organes ou personnes sont chargés de cette question : le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme (HCDH), le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR), les deux conseillers spéciaux du Secrétaire général pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger et, le cas échéant, le représentant ou l'envoyé spécial du Secrétaire général pour une situation spécifique186.

Les informations obtenues sont analysées et permettent d'évaluer et de qualifier la situation sur le terrain. Ces dernières années, l'ONU a essayé d'instaurer un mécanisme d'alerte rapide pour coordonner ces évaluations et avertir les autorités compétentes en cas de situations dangereuses187. De toute façon, ces qualifications constatant les éléments constitutifs des crimes188 constituent une base suffisante pour déclencher la R2P. Donc la qualification explicite d'une situation comme pouvant constituer un tel crime n'est pas nécessaire malgré son importance dans certains cas189.

La question qui se pose en la matière est de savoir quel document invoquer pour justifier l'engagement de la Communauté internationale lorsqu'il existe divers rapports et évaluations parfois contradictoires, venant d'organes et de personnes différentes au sein ou en dehors de l'ONU190 ? Il n'y a pas de réponse définitive. Le défi tient au fait qu'il n'existe pas en droit international d'autorité exclusivement compétente pour faire une évaluation. Pourtant, afin d'éviter tout abus de droit, on peut penser que seules les évaluations officielles de certains organes compétents de l'ONU comme le Secrétaire général et ses deux conseillers spéciaux, le Conseil de sécurité ou le Conseil des droits

186 Pour connaître d'autres organes importants en la matière au sein de l'ONU V. Rap. du SG : Alerte rapide, évaluation et la responsabilité de protéger, Doc. A/64/864, 14 juillet 2010.

187 Cet effort est renforcé surtout par le paragraphe 138 du document de 2005 qui exige la mise en place d'un dispositif d'alerte rapide. Le Secrétaire général propose que si ses deux conseillers spéciaux en la matière, après avoir évalué la situation en tenant compte de toutes les informations fournies au sein de l'Organisation, estiment qu'il y ait un risque de commission des crimes, ils en avertissent, par son intermédiaire, le Conseil de sécurité et d'autres organes compétents. V. son Rap. (Rapport du millénaire du Secrétaire général (SG) : Nous les peuples : le rôle des Nations unies au XXIe siècle, Doc. A/54/2000, 27 mars 2000, p.36), p.8, par.18.

188 Comme par exemple, la torture systématique, prendre délibérément des civils comme cibles, etc.

189 Surtout pour prendre des mesures coercitives. La qualification trop tôt d'une situation comme un crime peut compromettre les efforts diplomatiques déployés afin de résoudre la crise. Au contraire, faire une telle qualification en temps voulu aide à mobiliser la volonté politique requise pour l'action rapide.

190 Le risque est que des situations ne relevant pas de la R2P soient qualifiées comme telles et conduisent donc à une utilisation abusive de cette notion, ou au contraire, qu'on s'abstienne d'agir là où il en est le cas.

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de l'homme doivent être prises en compte pour déclencher une telle responsabilité. Ce qui néanmoins reste critiquable.

Le rapport Brahimi191 recommande à ce sujet, la création d'une unité de gestion de l'information etd'analyse stratégique chargée de satisfaire les besoins du Secrétaire général et desmembres du Conseil exécutif pour la paix et la sécurité en matière d'information etd'analyse. En l'absence d'une unité de ce genre, le Secrétariat restera une institutionà la remorque des événements, incapable de les anticiper, et le Comité exécutif nesera pas en état de remplir le rôle pour lequel il a été créé. En outre, le rapport propose que soit mis sur pied un Secrétariat à l'information età l'analyse stratégique (SIAS) du Comité exécutif pour la paix et la sécurité (CEPS) chargé de créer et de gérer des bases de données intégrées sur les questions relativesà la paix et à la sécurité, d'assurer une diffusion rationnelle de ces données au seindu système des Nations Unies, de produire des analyses axées sur les politiques, deformuler des stratégies à long terme à l'intention du CEPS et de porter les menacesde crises à son attention. Le SIAS pourrait aussi proposer et gérer l'ordre du jour duCEPS, contribuant ainsi à en faire l'organe décisionnel que prévoyaient les réformesinitiales du Secrétaire général192. Une bonne volonté politique est nécessaire pour la réalisation de telles reformes.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard