B- Les divers systèmes de prévention
sous-régionaux
L'Union africaine est composée de huit (08)
Communautés Economiques Régionales170 (CER ,
considérées comme des acteurs clés travaillant avec
l'Union pour garantir la paix et la stabilité dans leurs régions
respectives. Les CER dans le but de rendre efficace la prévention des
conflits dans leurs régions se sont dotées de mécanismes
de prévention bien organisés en théorie, mais d'une
efficacité parfois douteuse en pratique. Dans le souci d'être
succinct, nous n'étudierons que les mécanismes de
prévention de certaines de ces organisations sous-régionales ;
notamment la CEDEAO, la CEEAC et l'UMA.
La décennie 1990 a été
particulièrement décisive pour l'évolution de la CEDEAO
vers une organisation capable d'interventions diplomatiques mais aussi
militaires en cas de menaces graves à la sécurité d'un
Etat membre et de l'espace communautaire dans son ensemble. La CEDEAO à
travers l'ECOMOG171 a ainsi joué un rôle clé
dans la résolution laborieuse des guerres civiles longues et
dévastatrices au Libéria (1990-1997 et 2003-2007) et en Sierra
Leone (1991-2002). Cependant, c'est en janvier 2008 que la CEDEAO adoptera un
Cadre de prévention des conflits. Ce cadre est composé entre
autres, de deux mécanismes essentiels. Il s'agit : de l'alerte
précoce (organisée par le Département d'alerte
précoce, le Réseau d'intervention ECOWARN172, les
Bureaux zonaux d'alerte précoce) et de la diplomatie préventive
(avec pour acteurs principaux : les Bureaux du Représentant et des
envoyés spéciaux du Président de la CEDEAO, le Conseil des
Sages, le Conseil de médiation et de sécurité, le
Président de la Commission). La CEDEAO a initié de nombreux
processus
170 Le Marché Commun pour l'Afrique de l'Est et
l'Afrique Australe (COMESA), la Communauté de l'Afrique de l'EST (CAE),
la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC),
l'Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD), la
Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO), la Communauté Économique des États de l'Afrique
Centrale (CEEAC), l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et la Communauté des
États Sahélo sahariens (CEN-SAD).
171 ECOWAS Monitoring Group,
172ECOWAS Early Warning and Response Network,
(Mécanisme d'alerte précoce et de réponse urgente aux
conflits : CEWARN).
Réalisé et présenté par Bansopa Linda
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La mise en oeuvre de la responsabilité de
protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali,
Centrafrique, Libye)
de médiation dans la sous-région ouest
africaineavec des succès variables, notamment en Côted'Ivoire, au
Togo, en Guinée, en Guinée-Bissau et au Mali173.
Pour ce qui est de la CEEAC, elle dispose également
d'un mécanisme de prévention des conflits en Afrique centrale ;
il s'agit du COPAX174 (Conseil de paix et de sécurité
de l'Afrique centrale) dont le protocole fut adopté le 24 février
2000 et est entré en vigueur en janvier 2004. Visant entre autres
à développer et intensifier la coopération
sous-régionale en matière de sécurité et de
défense, le COPAX dispose de quatre (04) instruments
opérationnels : la Commission de défense et de
sécurité, le Mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
centrale (MARAC)175, la Force multinationale de l'Afrique centrale
(FOMAC)176, et la Direction des affaires politiques et diplomatiques
(DAPD). Sur la base de ces divers instruments, la CEEAC s'est investie dans la
résolution de la crise en Centrafrique (Etat membre) en organisant
notamment en janvier 2013 des pourparlers de paix avec le Président
congolais Denis Sassou-Nguesso, comme médiateur. Ces pourparlers
aboutiront à la signature des Accords de Libreville177 le 11
janvier 2013. Par ailleurs, à la suite de deux sommets
extraordinaires178 des chefs d'État et de gouvernement de la
CEEAC tenus à N'Djamena, les 3 et 18 avril 2013, Un Comité de
suivi présidé par le médiateur et composé
d'États membres de la CEEAC et de partenaires internationaux est
créé
173 A l'initiative des parties en conflit ou à la
demande de la CEDEAO, le Président burkinabè, Blaise
Compaoré, a conduit plusieurs médiations en Afrique de l'Ouest,
permettant un retour à la paix ou un apaisement des conflits, notamment
au Togo, en Côte d'Ivoire, en Guinée et au Mali.
174 Organe opérationnel de la CEEAC, créé
le 25 février 2000 à Yaoundé, constitue le principal
instrument de la prévention et du règlement des conflits dans la
sous-région.
175 Il s'agit d'un système de collecte, à
l'échelle de chaque pays membre, de l'information tactique et
stratégique sur les risques, les causes et les dynamiques conflictuelles
dans la CEEAC. L'information, traitée par le Centre d'observation et de
surveillance, alimente en principe une banque de données sur la
sous-région et permet de structurer et de mettre en action les
capacités intégrées (négociation, résolution
des problèmes, médiation, facilitation et assistance
technique).
176 C'est le bras armé du COPAX. Elle est une force,
non permanente, constituée de contingents nationaux interarmées,
de polices et de modules civils, en vue d'accomplir, à titre
préventif ou opérationnel, des missions de paix, de
sécurité et d'assistance humanitaire. Elle est mobilisée
à l'issue de la saisine, soit par un État membre, soit par l'ONU
ou l'UA. Son déploiement est géré par les instances
politiques de la COPAX (conférence des chefs d'État et de
gouvernement qui prend toutes les décisions engageant le COPAX, le
conseil des ministres chargé du suivi et de l'exécution des
décisions de la conférence et composé des ministres des
Affaires étrangères ou des Relations extérieures, de la
Défense ou des Forces armées, de l'Intérieur ou de la
Sécurité, ou de tout autre ministre commis par son
État).
177 Ces Accords recouvrent trois (03) documents : une
déclaration de principe sur la résolution de la crise politique
et sécuritaire du pays, un Accord de cessez-le-feu et un Accord
politique.
178 Sommets au cours desquels les chefs d'État de la
Communauté définissent notamment des nouvelles mesures pour la
transition en RCA, et recommandent la création d'un Conseil national de
transition, qui ferait office de parlement du pays.
Réalisé et présenté par Bansopa Linda
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La mise en oeuvre de la responsabilité de
protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali,
Centrafrique, Libye)
pour garantir l'application des accords, ainsi qu'un Groupe de
contact international chargé de mobiliser l'appui de la
communauté internationale.
Au Maghreb, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) créé
le 17 février 1989 par le traité de Marrakech et
réunissant cinq Etats (Tunisie, Algérie, Libye, Mauritanie,
Maroc) fait de la contribution à la préservation de la paix, l'un
de ses objectifs. Mais depuis 1994, cette organisation semble être en
sommeil. L'absence d'une réelle implication de sa part dans la crise
libyenne, par le biais évidemment d'initiative commune et
concrète n'a pas étonné.
Médiation, bons offices, alerte rapide constituent
aujourd'hui des outils précieux dans la prévention des conflits
en Afrique. Cependant, il y a, dans le domaine de la prévention, autant
de succès que d'échecs, en raison de nombreux aléas et
risques qui pèsent souvent sur ces différents
mécanismes.
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