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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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B- Les répercussions sur la protection des civils

Bien que déployés sur les même zones de conflit, militaires et humanitaires ont en effet des logiques d'engagement différentes. Ils ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Les actions civilo-militaires prônées aux États-Unis et en Europe ne servent qu'à créer un environnement favorable à la force ; l'humanitaire n'y est conçu que comme un outil de gestion des crises. Pour les ONG humanitaires en revanche, une séparation claire doit être établie entre l'activité militaire et leurs actions sur le terrain. Cependant, dans le débat qui ne manque pas de les opposer, le militaire l'emporte fatalement sur l'humanitaire. En témoigne, le livre blanc français, publié en 2005, intitulé « Doctrine sur la coopération civilo-militaire » : il distingue le rôle des militaires (pour réduire les menaces) et celui des diplomates et des humanitaires (en termes de soutien à la gouvernance, à la reconstruction et au développement). Il souligne que« l'approche globale, c'est la coordination des efforts de tous les acteurs au profit d'un objectif commun » ; et indique que celle-ci «ne vise pas à militariser les actions humanitaires ». Mais en cas d'urgence, les militaires sont les seuls à disposer des capacités d'intervention spécifiques et rapidement mobilisables. De plus, quand l'action militaire est au premier plan, il revient aux militaires de coordonner l'ensemble des actions sur le terrain.

130ØLibya : UN will only request military support for aid mission «as last resort°, The Guardian, 18 avril 2011. 131Humanitarian Policy Group, « Libye : la possible confusion humanitaire-militaire en question », Humanitaire, [En ligne], URL : http://humanitaire.revues.org/936 (consulté le 27 août 2017 à 17h 24 min).

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Bernard Kouchner132 dans le numéro de janvier-mai 2007 de la revue Inflexions (26-29), prétend, qu'il existe une « convergence » entre humanitaires et militaires. Pour Crouzatier, cette « convergence » n'est pas neutre; elle est au contraire potentiellement dangereuse133. La confusion est dangereuse parce qu'il est difficilement concevable qu'une opération militaire se limite à des objectifs strictement humanitaires ; ce serait un « service minimum humanitaire »134, alors qu'une intervention militaire doit servir à appuyer ou imposer une solution politique. Une puissance qui déclenche une intervention militaire agit systématiquement en fonction d'objectifs politiques et stratégiques qui sont toujours prépondérants par rapport aux mobiles humanitaires proclamés. Et c'est toujours en fonction de ces mobiles prépondérants qu'une action militaire sera menée. Il n'existe pas de « soldats humanitaires » ; il n'y a que des soldats avec une mission... forcément militaire. La confusion est également dangereuse parce que les erreurs qu'elle entraîne, dans l'esprit des populations, sur l'image et les intérêts des ONG va conduire ces dernières, pour ne pas exposer les volontaires internationaux et les équipes locales, à éviter certaines zones et certains pays; on assistera alors à un recul des capacités d'intervention et une réduction de l'aide effectivement apportée aux populations nécessiteuses.

Qualifier une opération militaire d' « humanitaire » signifie implicitement que l'intervenant est humanitaire et celui qui s'y oppose diabolique ; elle conduit naturellement à une discrimination entre les « bonnes » victimes du côté humanitaire, et les « mauvaises » victimes parmi les opposants, comme on l'a constaté hier en Irak, en Libye et ailleurs. Les objectifs déclarés de la mission de l'OTAN, tels que soulignés par le Conseil de sécurité, sont partagés par les humanitaires : protéger la population civile et garantir leur accès à une aide vitale. Les tensions se font sentir au niveau des différentes stratégies et tactiques que les acteurs militaires et humanitaires estiment adaptées pour parvenir à ces fins. La manière dont la mission militaire sera mise en oeuvre pour protéger la population civile, sa chance probable de réussite et la perception de cette situation en Libye et plus généralement dans toute la région

132 Médecin et homme politique français, cofondateur de Médecin sans frontières et de Médecins du monde, ministre de différents gouvernements de Gauche et de Droite. Ministre des Affaires étrangères et européennes de mai 2007 à novembre 2010. Egalement Représentant spécial du SGNU au Kosovo de juillet 1999 à janvier 2001.

133 CROUZATIER Jean-Marie, La responsabilité de protéger : avancée de la solidarité internationale ou ultime avatar de l'impérialisme, in revue aspect n° 2, 2008, p. 27.

134Ibid.

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façonneront le degré de coordination possible entre civils et militaires. Le dialogue est essentiel afin de limiter les risques pour les civils, que ce soit par le partage d'analyses ou la promotion de l'adhésion au droit international humanitaire. De solides efforts de coordination civile et militaire sont nécessaires pour gérer la relation entre les agences militaires et humanitaires, pour faciliter leur entente complémentaire et justifier leur séparation lorsque des motifs tactiques et conceptuels l'exigent. En Libye, tout comme en Afghanistan, en Irak et au Pakistan, toute confusion entre les objectifs humanitaires, militaires et politiques peut avoir de lourdes conséquences sur la population civile, mettant en péril les efforts déployés pour atteindre les objectifs partagés consistant à sauver des vies et fournir de l'aide.

Il est vrai que l'humanitaire seul est quelques fois impuissant ; mais s'il est accompagné de l'intervention militaire, il est forcément dénaturé.

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