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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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B- La portée des missions

Plusieurs opérations de maintien de la paix ont été chargées de protéger des civils. Il s'agit notamment de la MONUC, la MINUAD, la FINUL II et récemment, de la MINUSMA, de la MINUSCA et de l'intervention militaire menée en Libye sur le fondement de la résolution 1973 du Conseil de sécurité tout comme d'autres, menées par des organisations régionales. En effet, à côté de la croissance des opérations de paix onusiennes et de leurs pans civils, une certaine régionalisation de la sécurité collective s'est imposée dans les années 2000, consacrant l'Union africaine, l'Union européenne ou l'OTAN en tant qu'acteurs du maintien de la paix. En dépit de dissonances certaines au sein de leurs institutions respectives, l'Union européenne et l'Union africaine ont d'ailleurs plébiscité la responsabilité de protéger. L'Acte fondateur123 de l'UA organisait dès 2000 un mécanisme de lutte contre les génocides et autres crimes de masse au sein des États membres de l'Organisation. Certains mandats délivrés par le Conseil de sécurité à des organisations régionales ont ainsi inclus ou consacré des missions de protection, à l'instar de l'opération militaire de l'Union européenne EUFOR Tchad-RCA en 2008-2009 ou de la Mission de l'Union africaine au Soudan (pour le Darfour), à laquelle succédera la mission hybride UN-UA, la MINUAD, en 2008, le Conseil de sécurité a également autorisé le déploiement de la MISCA124 en Centrafrique, et celui de la MISMA125 au Mali (des missions sous conduite africaine).Dans le cadre de ces opérations, cependant, bon nombre de missions de protection ne furent pas encadrées par la responsabilité de protéger. La résolution 1706 votée en 2006 par le Conseil de sécurité invoquait bien la responsabilité de protéger comme l'un des fondements de l'opération, mais celle-ci n'avait pu être déployée face au refus de Khartoum. Il faudra attendre la résolution 1769, votée près d'un an plus tard et dépourvue de référence à la responsabilité de protéger, pour que le déploiement de la MINUAD soit finalement accepté par le gouvernement soudanais.

123 Article 4 « L'Union africaine fonctionne conformément aux principes suivants : [...] h. Le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence, dans certaines circonstances graves, a savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité ».

124 Résolution 2121, CSNU, 10 octobre 2013.

125 Résolution 2085, CSNU, 20 déc. 2012.

Réalisé et présenté par Bansopa Linda DARATE Page 40

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

De manière générale, ces missions de protection humaine demeurent hautement sensibles. Sur le terrain, elles nécessitent un commandement éclairé : pour des soldats de la paix, recourir à l'usage de la force armée, même à un niveau tactique, est une gageure. En effet, comment interpréter en temps voulu des règles d'engagement telles que l'intention hostile ou la menace imminente contre l'intégrité physique de civils, sans pour autant entrer en guerre ou remettre en cause la légitimité de la mission ? Les « retours d'expérience » de la MONUC témoignent de ces difficultés. Au niveau stratégique, les contributions des États membres à l'ONU, via les organisations régionales demeurent soumises à une conditionnalité politique et opérationnelle. Des coopérations ponctuelles et structurelles ont été développées ces dernières années, entre les différents acteurs du maintien de la paix (renforcement des capacités africaines, coordination UE-ONU, par exemple) ; et la construction des capacités occupe une place substantielle au sein de nombreuses opérations, consacrant une stratégie de lutte contre la faillite des États. Néanmoins, les opérations de paix continuent d'être pourvues au cas par cas et selon une logique ad hoc et les missions de protection humaine ne font pas exception à la règle.

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