WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe 2 : Le respect des critères face à la récurrence du recours à l'option militaire

Bombardements de grande ampleur en Libye (A), reconquête au sol au Mali (B), sécurisation de certaines zones en République centrafricaine, bref le recours répété à l'outil militaire en si peu de temps a de quoi interpeller. Certes, les modes d'interventions mobilisés ou envisagés ont été différents et évalués au cas par cas. La force a néanmoins été présentée chaque fois comme la solution. Les moyens engagés se composent le plus souvent des moyens interarmés, mais sont de nature différente. Tous les engagements récents ont pour point commun une supériorité des Occidentaux, que ce soit la supériorité aérienne, la supériorité de feu, ou encore la supériorité technologique. Dès lors, face à l'arsenal de guerre souvent mobilisé notamment par les forces occidentales, est-il toujours possible de concilier les objectifs militaires et le respect des critères d'intervention (tels que la bonne intention, le dernier recours, la proportionnalité des moyens et des perspectives raisonnables)?

A- Les bombardements de grande ampleur en Libye

La réponse de la Communauté internationale au conflit en Libye repose sur deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ouvrant la voie à de nombreuses mesures politiques, légales, humanitaires et militaires. La résolution 1970,

94Rapport CIISE, op. cit., p. 42.

Réalisé et présenté par Bansopa Linda DARATE Page 29

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

adoptée le 27 février 2011, a imposé un embargo sur les armes, gelé les avoirs à l'étranger des leaders libyens, imposé une interdiction de voyage aux principales figures politiques du pays, et saisi de la situation le procureur de la Cour pénale internationale. La résolution 1973, adoptée le 17 mars 2011, a autorisé « toutes les mesures nécessaires » pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne destinée à protéger les civils des attaques imminentes et faciliter la délivrance de l'aide humanitaire. Le 19 mars 2011, une coalition initiale conduite par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France a été formée afin d'appliquer la résolution 1973. Le 30 mars 2011, l'OTAN prit le contrôle de l'action militaire internationale95 en Libye dans le cadre de l'opération « Unified Protector », afin d'assurer l'embargo sur les armes, la zone d'exclusion aérienne et la protection des civils des attaques ou des menaces d'attaque.

Depuis le début des opérations, jusqu'au 28 mai 2011, les forces aériennes de l'OTAN ont opéré 8729 sorties, dont 3327 sorties de frappe96. Les frappes aériennes de l'OTAN sur les cibles militaires établies à Tripoli et dans d'autres villes du pays ont inévitablement donné lieu à des inquiétudes sur les éventuels « dommages collatéraux ». L'expérience de l'ONU lors de son intervention « humanitaire » au Kosovo dans les années 1990 est un rappel salutaire que la force aérienne n'est pas, à elle seule, un moyen efficace pour mettre un terme à la violence contre la population civile, et qu'elle peut même devenir contre-productive à court terme. De plus, l'action militaire en Libye est perçue comme ayant pris le pas sur les efforts qui auraient pu permettre d'arriver à une résolution politique. Et, au-delà du désir évident de voir l'élimination du régime de Kadhafi, il reste que l'orientation stratégique de la mission demeure floue. Bien que les informations fournies par l'OTAN ne mentionnent pas de frappes aériennes ayant causé des dommages civils, de nombreux articles de presse et des rapports font référence à de tels incidents. Lors de son rapport sur la Libye, HumanRights Watch a annoncé la mort de 72 civils qui ont péri pendant les raids

95 Au 31 mai 2011, la coalition est constituée de plusieurs Etats dont : Belgique, Bulgarie, Canada, Danemark, France, Grèce, Italie, Jordanie, Pays-Bas, Norvège, Qatar, Roumanie, Espagne, Suède, Turquie, Emirats arabes unis, Grande-Bretagne, États-Unis.

961er rapport de la Commission d'enquête internationale chargée d'examiner les allégations de violation du droit international humanitaire et des droits de l'homme, Conseil des droits de l'homme (ONU), juin 2011.

Réalisé et présenté par Bansopa Linda DARATE Page 30

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

militaires de l'OTAN97. Pour Fred Abrahams98, Seules les attaques sur des cibles militaires sont permises par le droit international et dans certains cas, de graves questions restent posées sur la nature réelle des cibles que l'OTAN visait.Le nombre des civils tués dans les raids aériens de l'OTAN en Libye est resté bas compte tenu de l'ampleur des bombardements et de la longueur de la campagne, a souligné HumanRights Watch. Néanmoins, l'absence d'une cible militaire clairement définie dans sept des huit sites visités par Human Rights Watch suscite l'inquiétude quant à la possibilité que les lois de la guerre aient été violées99. Les interventions causent généralement des « dommages collatéraux », non négligeables. Alors qu'on fait valoir l'importance d'apaiser les populations et de vaincre le terrorisme, les suites de ces interventions rappellent qu'il reste très improbable d'imposer la démocratie ou une révolution populaire, et encore moins en bombardant une population. Déstabiliser une région a des conséquences humaines à long terme. Les conséquences sociales et économiques d'un conflit ne sont pas non plus à négliger dans ce calcul. L'agriculture, les infrastructures, le commerce local ne se rebâtissent pas du jour au lendemain et cela vulnérabilise les populations pendant plusieurs années après un conflit.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard