I.3. Problématique
Dans la dynamique globale des réformes sociopolitiques
et macroéconomiques engagées depuis le début des
années 1990, la décentralisation est perçue, dans le
contexte africain, comme une avenue par laquelle passeront
l'élargissement et la consolidation du processus démocratique
naissant ; et également comme une voie accélérant le
développement des villages (Halidou, 2004). Participant à la
refondation de l'État, la décentralisation implique la conduite
des affaires des collectivités territoriales par des organes
élus. Ce processus est censé assurer une meilleure transparence
dans la gestion des affaires publiques. La décentralisation suppose
garantir aussi une participation citoyenne effective et favoriser une nouvelle
citoyenneté et une meilleure gouvernance locale. Elle procède de
l'idée qu'il existe au sein de l'entité
décentralisée des intérêts communs pour lesquels les
administrés et leurs représentants légitimement
élus sont plus à même d'identifier et de mettre en oeuvre
des réponses adaptées aux réalités locales
(Majerowicz, 2006). La décentralisation pour réussir,
nécessite la participation du citoyen au processus de décision,
au choix et à la réalisation des activités de
développement d'autant plus que les populations sont
considérées comme les acteurs de leur propre changement social et
économique.
Au Burkina Faso, la thématique de la
décentralisation ne constitue pas un phénomène nouveau
(Dabiré et al., 2004). De nombreux travaux en sciences
sociales, notamment en sociologie, en anthropologie, en sciences politiques,
etc. ont porté sur les divers aspects de la décentralisation et
du développement local. Ces travaux ont examiné les
différentes dimensions du développement local, notamment le
rôle des élus locaux, l'implication des populations dans les
activités de développement (Somda, 2015). Cependant, peu sont les
études, à notre connaissance, qui ont été
consacrées aux mécanismes de participation des populations au
processus de développement.
La description politique et institutionnelle de la
décentralisation laisse voir que les populations sont les acteurs de
leur propre développement à travers une participation active dans
la mise en oeuvre des activités de développement de leur
localité. Cependant, comme le souligne Delville (2006), la notion de
"participation" comporte une lourde ambiguïté. Et Jaglin et
Dubresson (1994) d'ajouter que la participation reste jusque-là un
mécanisme descendant, impulsé par le haut, souvent synonyme
d'investissement humain, mais plus rarement de partage du pouvoir et de
démocratisation. Malgré le regain d'intérêt qu'elle
a
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suscité auprès des collectivités locales,
la participation des populations aux initiatives locales de
développement demeure ambiguë et on constate un décalage
considérable entre la théorie et la pratique sur le terrain. La
participation semble être ainsi un défi majeur à relever
dans les secteurs 24 et 32 de l'arrondissement n°4 de la commune de
Bobo-Dioulasso. Pourtant, comme le Diao (2004), la participation de tous les
acteurs locaux reste la clef de voûte du développement local. Elle
est devenue un outil important pour un processus de prise de décision
plus efficace et productif, et est appliquée largement dans tous les
secteurs, depuis la santé jusqu'à la gestion des ressources
naturelles, des forêts, des zones humides et côtières
(Roncerel et al, SD).
C'est cette actualité et cet intérêt de la
participation communautaire qui nous amènent à nous interroger
sur la manière dont les populations participent aux activités de
développement de leur localité. D'où la question de
recherche suivante : comment les populations des secteurs 24 et 32 de
l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso participent-elles aux
activités de développement ? À cette question de
recherche se joignent les questions secondaires suivantes :
- comment les populations des secteurs 24 et 32 de
l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso participent-elles au
processus de décision ?
- quelles sont les stratégies mises en oeuvre par les
élus locaux pour impliquer les populations locales dans le processus de
développement ?
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