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Décentralisation et participation des populations aux activités de développement. Cas des secteurs 24 et 32 de l'arrondissement nà‚?°4 de la commune de Bobo-Dioulasso.


par Joel DABIRE
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO) - Licence en sociologie 2018
  

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I.2.3. La participation : un élément clé dans les processus de décentralisation et de
développement local

De forme plurielle et inscrite dans des contextes administratifs différenciés, la décentralisation désigne l'échelon « local » comme lieu probable d'une participation élargie des populations, d'une mobilisation d'acteurs multiples et d'un renforcement des actions collectives, susceptibles de flexibilité, d'adaptation, de changement. Et la plupart des praticiens de la participation reconnaissent que la plus grande partie du succès de la démarche participative repose sur des facteurs sociaux, politiques et culturels. Dans les discours sur la gouvernance et le développement, la participation reste un mécanisme fondamental de renforcement de la capacité locale à des fins de réduction de la pauvreté et de développement rural (Kakumba, 2010).

Cependant, le concept de participation, quoique déjà ancien, continue d'inspirer de nombreux textes de lois ainsi qu'une abondante littérature scientifique, particulièrement, dans le domaine des sciences politiques, de la sociologie, etc. Nous souscrivons à l'idée exprimée par plusieurs auteurs qui estiment impossible une définition de la participation. Oakley et Marsden., (1986) disent que même avec une définition valable, il est difficile d'identifier la participation comme une réalité sociale actuelle. Pour Rahman: «Eu égard à sa nature complexe, la participation peut être explorée mais pas contenue dans une définition formelle.» (Rahman cité par Oakley et Marsden, 1986). Ainsi, nous pouvons être d'accord avec certains auteurs qui pensent que la participation a toujours été un concept abordé et traité dans les projets de développement depuis des décennies. Cependant, sa définition et son contenu ont changé à travers le temps. Il faut alors relever que la participation et l'engagement de tous les citoyens au processus du développement local peuvent être définis comme le processus par lequel les citoyens concernés s'impliquent et influencent les options

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des orientations de développement, la définition des priorités, la planification des actions à entreprendre, l'allocation des ressources et la répartition équitable des biens et services.

Il est aussi pertinent de souligner que les démarches participatives sont apparues dès les années 1970 grâce aux travaux de Paolo Freire et de Kolb (cités par Blanchet, 2001), qui font prendre conscience de l'importance du savoir et des expériences des populations locales. Des méthodes sont alors mises au point, composées d'outils de recherche qualitative ou d'enseignement qui s'adaptent à la culture de la population (Blanchet, 2001). Le postulat de base qui sous-tend l'approche participative est qu'une plus grande implication des populations à la définition des problèmes locaux, à l'identification des solutions et à leur mise en oeuvre, contribue à donner plus d'efficacité et de durabilité aux programmes qui en résultent (Gueye, SD). La participation des populations suppose leur implication dans la prise de décision, leur mise en oeuvre et aussi dans l'exécution des activités de développement (Uphoff cité par Gueye, SD). Cette idée de participation ressort dans l'article 2 du CGCT qui stipule que « La décentralisation consacre le droit des collectivités territoriales à s'administrer librement et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer la gouvernance locale.» Dans l'approche participative du développement, ce sont les autorités locales et les communautés qui sont responsables de la recherche des ressources, de leur gestion et de la mise en oeuvre des activités de développement. Son utilisation nécessite l'engagement d'une équipe compétente qui doit être animée du souci de travailler ensemble et d'apprendre avec un esprit d'ouverture dans le but d'améliorer le bien-être des populations (USAID, 2008). C'est ce principe d'interaction entre les autorités locales et les communautés que recherche le processus de décentralisation dans sa mise en oeuvre. Plusieurs auteurs (Le Meur, 1998 ; Kakumba, 2010 ; etc.) démontrent l'importance de la participation dans le processus de décentralisation. Le contexte d'émergence de la participation, bien que antérieure à la mise en oeuvre effective de la décentralisation dans les pays subsahariens, dénote déjà du souci d'un développement harmonieux adapté aux réalités locales et organisé par et pour les populations.

L'émergence de l'approche participative au Sahel, à la fin des années 70, découle du constat des limites des stratégies de développement local adoptées au cours des deux premières décennies ayant suivi les indépendances des pays de l'Afrique de l'Ouest francophone (AOF). Ces stratégies étaient bâties autour de la conception selon laquelle c'est l'État qui, à partir d'un modèle préconçu, doit définir les orientations et décider des actions les plus appropriées de même que la manière dont ces actions devraient être menées (Gueye, SD).

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La participation est donc comme une stratégie permettant d'explorer des voies nouvelles ouvrant souvent un choix d'options, et cela avec ceux qui étaient traditionnellement considérés comme des objets de développement. Elle se préoccupe donc de la production de nouvelles connaissances, de nouvelles orientations, de nouveaux modes d'organisation et repose sur la création, l'innovation et non plus sur le mimétisme (Oakley et Marsden, 1986). Et la collectivité décentralisée est vue comme une entité de développement, renfermant toutes les potentialités (ressources naturelles et humaines). Le développement participatif doit être perçu comme un processus continu de renforcement des pouvoirs des populations locales, prenant en compte les aspects organisationnels, comportementaux, et les objectifs à long terme, etc. Chauveau (2006) renchérit cette position en percevant le développement participatif comme l'aboutissement d'un processus cumulatif des savoirs et des expériences locaux et dont l'application permettrait d'atteindre raisonnablement de meilleurs résultats que ceux enregistrés jusqu'ici. La participation des populations à tous les niveaux du cycle du projet est une démarche nécessaire aujourd'hui pour un succès du travail social de développement (Blanchet, 2001). Elle est considérée comme l'instrument qui permet d'élargir et de redistribuer les possibilités, de prendre part au processus décisionnel, de contribuer au développement et d'en tirer des bénéfices.

En guise de conclusion de cette revue documentaire, nous pouvons noter que la plupart des réflexions sont portées sur la décentralisation, le développement local et la participation communautaire. Ces études nous ont aidé à mieux cerner les contours et les pourtours de ces différentes thématiques. Elles nous ont également permis de comprendre que les populations constituent les acteurs clés du développement local à travers leur participation active aux activités de développement et à la prise des décisions. Et la décentralisation a ainsi pour but d'impliquer les populations locales dans l'élaboration et la réalisation d'un développement adapté aux réalités socio-culturelles, économiques et environnementales de leur collectivité. Elle favorise également une autonomisation de la collectivité du point de vue de la gestion des affaires et de la prise de décisions en matière de développement ; les élus locaux étant les guides ou du moins les élites locales avec pour rôle d'accompagner et d'assister leurs communautés dans le processus de développement local. Mais avant d'aborder la question de la participation des populations au processus de développement, décrivons d'abord les différents problèmes que suscite notre questionnement de départ.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway