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Décentralisation et participation des populations aux activités de développement. Cas des secteurs 24 et 32 de l'arrondissement nà‚?°4 de la commune de Bobo-Dioulasso.


par Joel DABIRE
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO) - Licence en sociologie 2018
  

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III.2.2. La participation, un concept flou et ambigu

Dans le cadre du développement, la participation est intimement liée aux conditions d'un changement structurel plus profond et donne aux populations le pouvoir de transformer l'environnement selon leurs idées (Tuambilangana, 1990). Cependant, il convient de relever que la participation constitue une opération très difficile et délicate qui n'a pas facilement l'adhésion escomptée de tous. Et Bernfeld (1983) d'ajouter que « plus l'on progresse dans la pratique et dans la réflexion, plus la participation apparaît comme une notion ambiguë et contradictoire ». Aujourd'hui, l'intérêt de la participation des populations au développement n'est plus à démontrer. Par contre, les dispositifs de cette participation méritent d'être examinés afin de garantir son efficacité dans le processus de développement du Burkina Faso en général et de l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso en particulier. La participation des populations à la vie politique est le plus souvent analysée exclusivement à partir de leur participation aux élections et aux discussions avec les dirigeants. Il est vrai qu'au Burkina Faso le vote demeure le mode principal de participation citoyenne (CGD, 2011), mais à côté de ce mode existent aussi d'autres mécanismes de participation des

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citoyens à la vie politique. Ces mécanismes peuvent être classifiés en deux catégories : les mécanismes de participation formels et informels.

Par ailleurs, une lecture de l'échelle sur les degrés de participation élaborée par Arnstein en 1969 nous permet de définir le degré de participation des populations dans l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso. Dans sa grille d'analyse, Arnstein nous livre une analyse graduelle de la participation selon les niveaux d'engagement du citoyen :

- le pouvoir des citoyens où ils sont activement associés à la décision et ils prennent en charge les problèmes qui les concernent ;

- la participation symbolique dans laquelle on informe les citoyens, ou on les consulte pour aboutir à un apaisement ou une conciliation ;

- et la non-participation qui consiste à la manipulation et la thérapie des citoyens.

Dans l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso, il est difficile pour nous de situer la participation des populations dans la grille de Arnstein, car les différents degrés s'enchevêtrent et ne sont pas dissociables. Les populations peuvent se trouver par moment au deuxième degré qui est la « participation symbolique » parce qu'elles ont l'information. Elles peuvent également se retrouver au premier degré de l'échelle grâce aux actions qu'elles initient pour prendre part à la décision et mener des activités de développement, surtout les OSC et les associations. Ainsi comme le dit Olivry (1985), cette grille de Arnstein est très rigide, radicale et sans alternative avec au bas de l'échelle des stades de participation considérés comme mauvais ou non souhaitables ; et un stade ultime en haut de l'échelle qui représente la seule vraie participation. Aujourd'hui, il est difficile de loger un processus de participation à un de ces degrés définis par Arnstein. La participation est un processus gradué et évolutif, et un degré peut apparaître ou ne pas apparaître plusieurs fois au cours d'un processus (Olivry, 1985). Il existe donc des interactions entre les différents degrés de l'échelle.

Examinons aussi le tableau de Olivry (1985) sur les degrés de participation. Dans ce tableau, les degrés d'information et de communication semblent être des éléments clés de la participation, ils se retrouvent à tous les niveaux. On peut aussi lire dans ce tableau un certain dynamisme dans le processus de participation : plus la participation porte sur des niveaux ultimes de décision ou d'action et plus le niveau de connaissance et les capacités d'expression

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des acteurs augmentent, et plus les phénomènes de rétroaction sont nombreux (Olivry, 1985). Ainsi, nous pouvons dire que l'information et la communication rendent le processus de participation plus actif et plus réussi, car elles permettent de contrôler le pouvoir et d'infléchir certaines politiques de développement. Pourtant, dans l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso, même si l'information et la communication entre les élus locaux et leurs populations existent, elles paraissent insuffisantes pour un processus de participation réussi. Il est vrai que certains élus locaux de par leur niveau d'instruction assurent bien leur rôle en communiquant régulièrement avec leurs populations, mais il ressort que la plupart ignorent encore ce pourquoi leurs populations les ont mis devant les affaires de la communauté. Et par conséquent, cette communication fait défaut à leur niveau.

Enfin, voyons ce que Meister (1969) nous apprend sur la participation à travers sa typologie de la participation. Sa classification se fonde sur l'origine de la formation du groupe participationniste, son type de recrutement et sa fonction sociale. Le type de participation selon la classification de Meister qui correspond le mieux au processus analysé dans l'arrondissement de n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso est la « participation volontaire ». Dans l'entendement de Meister, ce type de participation est formé par les participants eux-mêmes, sans une intervention extérieure quelconque, et le groupe se donne lui-même son organisation. La fonction sociale de ce type de participation est soit de satisfaire les besoins nouveaux, ou d'opposer le milieu ou encore de créer de nouveaux comportements en s'adaptant au changement social ou en luttant contre celui-ci. Dans l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso, la participation provient le plus souvent d'une demande de la part des mouvements de base (OSC et associations). Elle est alors généralement de type volontaire avec pour fonction sociale d'exercer un contrôle sur le pouvoir des élus locaux et aussi d'inciter les populations à participer davantage au processus de développement.

Saint Sernin (1973) quant à lui, assimile cette participation volontaire à la notion du « groupe » qui se caractérise par un objectif et une conduite qui sont communs à ses membres. Ainsi, le groupe ou la participation volontaire est une structure organisée, avec des statuts, une mission et une équipe dirigeante chargée de réaliser l'objectif mutuel. Saint Sernin va encore plus loin en identifiant la participation volontaire aux « groupes d'intérêts » dans lesquels les membres possèdent une volonté d'action commune, consciente, organisée et formalisée. Les OSC et associations qui existent dans l'arrondissement n°4, correspondent à ces groupes d'intérêts ou cette participation volontaire qui, de par leurs objectifs recherchés, tentent de contrôler le pouvoir des élus locaux dans la gestion communale.

Ainsi, comme le dit Tuambilangana (1990), la participation est une manière pour chaque individu de se lier aux autres, une autre forme de sociabilité tout autant que des types de groupement. Il s'agit de liens relatifs d'associations volontaires de deux ou plusieurs individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas uniquement tirer des bénéfices personnels et immédiats (Gurvitch, 1950). La participation des populations de l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso est donc leur engagement direct dans la prise de décisions et l'application des programmes qui les concernent. Et elles ne doivent donc pas être considérées comme un moyen de mobiliser une main d'oeuvre à bon marché ou un mécanisme de résolution des problèmes partiels au niveau local (Tuambilangana, 1990). En effet, la participation renvoie à deux notions : « prendre part » et « avoir part » (Olivry, 1985). La première notion revêt une connotation plus active et plus dynamique que la seconde. La participation dans son sens premier, c'est-à-dire « prendre part », permet à l'individu de sortir de son inactivité et de se joindre aux autres pour la recherche du bien-être communautaire et individuel. Longtemps évoluée dans une participation passive (Blanchet, 2001), les populations des pays africains vont rentrer dans la dynamique d'une participation active avec le processus de décentralisation. Elles deviennent elles-mêmes actrices de leur propre changement social, culturel, politique, économique, etc.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo