I.1. Contexte et justification de l'étude
Après les indépendances, les État
africains ont connu des mutations institutionnelles et économiques qui
ont conduit à voir autrement les questions du développement
socio-économique et de la gestion politico-administrative sur le plan
local avec l'émergence du concept de décentralisation (Courlet et
Ferguene, 2003). Le développement économique et social de ces
pays a pris une autre tournure au début des années 1980, car la
décentralisation institue les autorités locales et les
populations comme premiers acteurs de leur développement (CGD, 2011).
Dans l'histoire du Burkina Faso, le processus de
décentralisation n'est pas un phénomène récent. Il
a débuté depuis la période coloniale avec la
création de deux communes mixtes de premier degré en
décembre 1926 : Communes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Cependant,
ce processus de décentralisation a véritablement
été remarquable avec l'adoption de la constitution du 02 juin
1991. En février 1995, des élections municipales furent
organisées dans 33 communes de plein exercice et en mai 2000, dans 49
communes urbaines. Mais l'année la plus marquante du processus de
décentralisation est l'année 2006 avec la communalisation
intégrale du territoire et l'organisation des premières
élections dans les communes rurales. Cette année est aussi
marquée par l'adoption de trois lois et de trois décrets relatifs
aux collectivités territoriales. Tous ces événements
donnent une nouvelle orientation administrative au Burkina Faso. Le Code
Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en son
article 2 stipule que « La décentralisation consacre le droit
des collectivités territoriales à s'administrer librement et
à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le
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développement à la base et de renforcer la
gouvernance locale». Elle est accompagnée d'une
déconcentration des services de l'État dans le but de renforcer
les capacités d'action des collectivités territoriales (CGCT,
article 3). C'est dans ce cadre que l'arrondissement n°4 de la commune de
Bobo-Dioulasso a été créé depuis 2009 par la loi
n°066-2009/AN de 22 décembre 2009, portant découpage des
communes à statut particulier au Burkina Faso. Ce découpage
administratif a rendu l'arrondissement autonome dans la gestion des affaires
locales et dans le processus de prise de décision concernant le
bien-être social et économique de ses populations. Ce qui
nécessite la participation des populations à la planification,
à la réalisation et à l'évaluation des
activités de développement.
La notion du local constitue une nouvelle approche des
questions de développement dans le processus de décentralisation.
Elle privilégie les initiatives des acteurs de base et, par
conséquent, promeut la participation des populations aux
activités de développement. Ainsi, le choix d'une analyse de la
participation à l'échelle d'une commune urbaine comme celle de
Bobo-Dioulasso se justifie à deux niveaux: d'abord, c'est le niveau de
collectivité le plus proche des populations et donc le plus
sollicité pour promouvoir la participation. Ensuite, c'est en milieu
urbain que la demande de participation est plus forte et ce, grâce
à l'ampleur des mouvements associatifs, des diversités
politiques, etc.
Mais pour mieux parler des questions de la participation, il
convient de faire un tour d'horizon des littératures possibles, sans
prétendre à l'exhaustivité, sur les thématiques de
la décentralisation, du développement local et de la
participation. La synthèse des ouvrages généraux, des
études originales et des articles scientifiques nous a permis de
dégager de manière explicite une problématique autour de
la décentralisation et du développement local et de parvenir
enfin à la question de participation.
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