2-2- Répercussions de la controverse des acteurs
sur la fermeture
Les divergences (ou conflits) opposant les différents
acteurs sur les modalités d'accès aux ressources naturelles
persistent dans la réserve de biosphère du Delta du Saloum. Il en
est de même de Bamboung. En effet, les germes d'une telle situation de
désaccord ont conduit les autorités supérieures à
décider in extremis de prolonger la fermeture six mois
après la mise en défens. Les enjeux et/ou les
répercussions de cette fermeture permanente sont considérables.
Les populations se disent piégées en raison du non respect du
délai d'ouverture un an après. Ainsi, étant dans une
position de défaveur et en face d'une autorité
légitimement plus forte, elles adoptent une stratégie offensive.
En effet, certains résidants ont décidé de ne plus
participer aux réunions du comité de gestion.
La fermeture permanente et quasi imposée du bolong de
Bamboung est ressentie comme une injustice. Cette privation pose le
problème du droit d'usage et de jouissance des potentialités
naturelles du domaine public (maritime) de l'Etat. Certes au
Sénégal, "la zone économique exclusive (ZEE)
relève de la souveraineté de l'Etat et n'appartient par
conséquent à aucune communauté" 36, mais,
pour atteindre les objectifs d'un développement humain durable, l'AMP de
Bamboung doit aussi répondre "aux besoins d'ordre social, culturel,
spirituel et économique des populations et être fondée sur
des bases scientifiques solides" (Compagnon et Constantin, 2000). Etant
donné que "l'attitude des acteurs locaux à l'égard de
leur environnement et la vision qu'ils en ont, est conditionnée par la
culture, la tradition, les facteurs socio-économiques et
politiques". (Fall, 2004 : 82).
35 D'après les propos du conservateur de
l'AMP le Lieutenant Youba SONKHO (ingénieur technique de la PNDS) par
communication orale.
36 Code de la pêche du Sénégal.
Cité par DIAGNE Malick (2006) : Les dimensions sociologiques de la
crise de surcapacité de la pêche artisanale
Sénégalaise. DIISO (GIRMAC) n°6 juillet 2006. pp
11-13.
2-3- Quelle démarche pour la gestion des
antagonismes ?
Les controverses et oppositions observées entre les
différentes parties prenantes au point de compromettre la cogestion,
doivent amener les acteurs à se mettre sur la table de
négociation pour trouver un terrain d'entente et pérenniser les
acquis. Dans ce cas, la démarche demeure la concertation pour la prise
en compte des communautés locales dans les processus de prise de
décision et de planification des actions relatives à la
conservation de ce patrimoine écologique.
En d'autres lieux, à propos de ces divergences dans la
gestion des ressources naturelles, certains spécialistes choisissent le
concept de "négociation environnementale" qu'ils
considèrent comme étant "un outil de prévention et de
résolution des conflits opposant les différents acteurs à
intérêts contradictoires. Elle a pour vocation d'ouvrir les
perspectives de compromis entre intérêts opposés sans trop
déchirer le tissu social et politique. Elle permettra d'ajuster les
solutions aux problèmes de gestion des ressources naturelles".
(Fall, 2004). Ce faisant, la négociation ou la concertation constituent
l'approche indiquée pour atteindre les objectifs d'une gestion
intégrée, participative et durable
Par ailleurs, la décision de fermeture permanente
devrait même se faire après sensibilisation des populations
riveraines. Une telle attitude pourrait amener les communautés locales
à se sentir d'avantage concernées dans la gestion. Comme le
suggère Feral et al., 2004. "le processus de participation
se manifeste par la négociation du contenu des normes imposées
par l'Etat dans les aires marines
protégées"37.
46
37 FERAL F. op. cit. 2004, page 21.
47
|