2- Problématique des modalités d'ouverture de
l'AMP
2-1- Antagonismes, opinions et raisons des acteurs
concernés
La fermeture du bolong de Bamboung et les règles
restrictives d'accès des populations aux différentes ressources
naturelles du bolong, ont été, de facto, les solutions
préconisées pour la restauration de cet écosystème
dégradé. Mais après quelques années de mise en
défense, les communautés locales environnantes se posent
aujourd'hui la question de savoir pour combien de temps va durer la
fermeture. Ce point est devenu la préoccupation des populations qui
attendent la réponse du comité de gestion. Il n'y a pas eu
d'accord entre les différents acteurs stratégiques
impliqués.
L'AMP est devenue aujourd'hui un outil de gestion assez
controversé, suscitant des oppositions entre les différentes
parties prenantes. D'un côté, les populations souhaitent et
veulent l'ouverture du bolong de manière temporaire et
rotative34, puis de l'autre le duo DPN et Oceanium a en
décidé une fermeture permanente. Ce qui constitue un cercle
vicieux. Les raisons et les intérêts avancés par les
antagonistes sont différents.
2-1-1- Raison des acteurs locaux : les populations
périphériques
Pour les populations pêcheurs vivant à la
périphérie, la fermeture permanente sacrifie la plupart des
familles dont la survie reposait essentiellement sur l'exploitation des
ressources halieutiques. Certains disent, par leur expérience ou par
leur savoir-faire locaux, que cette situation a ou peut avoir des
conséquences néfastes sur la vie de certaines espèces
animales comme par exemple les mollusques (huîtres) dont la durée
de vie n'excède pas l'année. Il s'agit là de gachis.
L'arrête de l'exploitation des mollusques a
été dénoncé par les habitants, en particulier les
femmes. Il y'a un manque à gagner qui compromet leur contribution aux
charges familiales dans un contexte de déficit financier
résultant de la raréfaction du poisson. Cette inactivité
des femmes, une des franges les plus vulnérables de la population, est
presque généralisée. Cela s'observe principalement dans
les villages où les activités dépendaient directement,
voire exclusivement du bolong de Bamboung.
Les populations proposent l'idée d'une ouverture
rotative avec cependant une exploitation rationnelle et contrôlée
respectant les règles et normes de pêches recommandées.
Malheureusement, les agents assermentés à la protection et au
contrôle des activités, pratiqueraient " la politique de la sourde
oreille " en faisant fi de leurs suggestions.
34 Noue tenons à préciser que sur ce
pont de vue, la population locale elle-même reste divisée sur
l'ouverture de l'AMP. Les 3/4 souhaitent l'ouverture. Et de l'avis de ces
derniers, les populations partisanes de la fermeture ce sont celle
recrutées et payées dans les activités de l'AMP et leur
qualifient de corrompus.
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2-1-2- Raisons des autorités supérieures : DPN
et Oceanium
Il n'est pas question de procéder à une
ouverture même temporaire à des fins d'exploitation. Ce refus se
fonde sur le fait que la zone est non seulement un site de croissance mais
aussi un lieu de reproduction d'espèces animales et
végétales.
L'ouverture et l'exploitation sont susceptibles de causer des
dommages irréparables. Il y'auraient une atteinte aux activités
éco-touristiques et aux efforts de restauration de la
biodiversité depuis la création de cette aire
protégée. Bamboung serait "un exemple à suivre"
dans la sous région ouest africaine pour une gestion durable des
ressources marines et côtières et pour rejeter l'idée
d'ouverture. En cas d'ouverture éventuelle, « il est
indispensable de procéder au préalable à
l'évaluation/estimation de la dynamique et de l'évolution du
potentiel biologique du bolong pour donner droit à l'accès. Cela
permettra ou aidera à évaluer la capacité de charge de
l'écosystème par rapport aux besoins et au nombre de demandeurs
».35
En résumé, il y'a un désaccord sur la
gestion du site. Cette situation a des incidences dans la gestion.
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