Conclusion partielle
La gestion mobilise différents acteurs dont les
populations organisées en comités locaux, la Communauté
Rurale de Toubacouta servant de relais entre l'Etat et ces populations, les
services déconcentrés de l'Etat (DPN, DPM) puis l'ONG
Océanium.
L'identification de ces acteurs, de leur perception et de leur
représentation permet de mieux comprendre leur dynamique et leurs
stratégies de gestion puis contribue à la compréhension de
la multiplicité des enjeux et des intérêts ainsi que des
conflits potentiels et de la pression des uns sur les autres. "Cette
diversité des acteurs est synonyme d'une grande complexité dans
les rapports qu'ils entretiennent".32 Leur implication
s'inscrit largement dans l'objectif de "mettre au point des formes
d'organisation qui permettent à la population rurale de s'imposer comme
partenaire auprès des acteurs
socio-économiques.33
32 FALL .M. (2000). Les conflits liés
à la gestion des ressources naturelles dans la réserve de
Biosphère du Delta du Saloum. Mémoire de maîtrise de
Géographie, UCAD, 160 pages + annexes.
33 Bertomé .J. (1992). Planification du
développement locale. Guide méthodologique suivi de trois cas en
Afrique de l'ouest. CIE PAC, 344 pages.
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III- Les limites dans la gestion et les
démarches de solution
Il a été constaté deux principales
contraintes liées à la gestion : manque de moyens dans le
fonctionnement de l'aire protégée et divergences entre les
acteurs sur la période de l'ouverture. Pour le maintien et
l'amélioration des acquis, la recherche de solutions doit être
engagée.
1- Les insuffisances dans les moyens de fonctionnement
Elles sont essentiellement d'ordre humain, technique et
financier. 1-1- Insuffisance des moyens humains
L'insuffisance des moyens humains que nous évoquons ici
est relative d'une part au niveau de formation ou d'instruction des acteurs
locaux (pêcheurs), et d'autre part à leur degré
d'implication /participation dans les comités mise en place. Ces deux
critères d'analyse de l'insuffisance des moyens humains relèvent
du nombre et de la qualification des acteurs locaux.
Du point de vue de la qualification, les membres du
comité de gestion ne savent ni lire ni écrire. En
conséquence, ce manque de formation peut être source de
défaillance dans le respect, la maîtrise et l'application des
textes et normes. Comme la gestion reste communautaire, le volet formation des
acteurs locaux est un préalable, indispensable à la
réussite du projet de pérennisation des résultats obtenus
et doit avoir comme but l'aide des populations analphabètes pour mieux
gérer et utiliser de façon durable et rationnelle les ressources
marines. Il faut que les acteurs locaux puissent s'imprégner du concept
et des objectifs de l'aire protégée, sans mettre en marge les
savoirs et les savoir-faire locaux.
Pour le degré d'implication des populations locales,
leur nombre est relativement faible, principalement la participation des
femmes. Dans les comités locaux, leur proportion est une femme pour cinq
hommes. Les femmes doivent s'impliquer d'avantage dans les problèmes de
gestion des ressources ostréicoles étant donné qu'elles
ont été parmi les responsables de la dégradation des
écosystèmes. Actuellement, elles sont devenues de
véritables actrices de développement dans certaines zones d'ou
l'approche genre.
En outre, il n'y a pas de dispositions incitatives pour
attirer les populations dans le dispositif de surveillance. Il convient alors
de revoir, par exemple, le montant de la rémunération.
1-2- Insuffisance des moyens techniques et
financiers
L'essentiel du financement va aux frais de fonctionnement de
l'AMP. Les ressources proviennent des recettes de l'écotourisme et
surtout de l'ONG Océanium. Cependant, le comité de gestion ne
dispose pas de fonds suffisants pour assurer efficacement sa gestion. Ainsi,
cette insuffisance financière constitue une des principales
préoccupations et contraintes des acteurs impliqués pouvant se
répercuter, par exemple, sur la surveillance (paiement des
écogardes, achats de carburant, etc). Pour faire face à ces
difficultés potentielles, les acteurs concernés doivent
encourager des ressources financières autonomes.
Au plan technique, le comité ne dispose seulement que
deux pirogues utilisées par les écogardes. Il faut noter la
présence du mirador qui contribue à l'amélioration de
la
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surveillance. Par ailleurs, l'AMP ne dispose toujours pas de
matériel propre permettant de faire l'état de
référence et l'évaluation du potentiel biologique. En
collaboration avec des structures de recherche comme l'IRD et le CRODT, un
suivi biologique est réalisé trimestriellement.
Au total, les contraintes financières, techniques et
humaines sont actuellement pour les acteurs impliquées, des principaux
défis à relever.
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