1.1.3.2 Les modifications de parité en changes
fixes
Face aux déséquilibres de la balance des
paiements, les modifications de parités étaient
considérées dans le cadre des accords de Bretton-Woods comme une
mesure normale mais exceptionnelle (accord préalable de FMI) face
à un déséquilibre fondamental de la balance des
paiements. Les modifications de parité sont de deux
types : dévaluation et réévaluation. La
première étant la plus courante, c'est à travers elle que
sont étudiés les effets des modifications des parités.
Ainsi la théorie économique établit les fondements du
rééquilibrage extérieur par la dévaluation.
L'objectif premier de toute dévaluation est d'obtenir
le rééquilibrage de la balance des paiements. Les canaux par
lesquels la dévaluation influence l'état de la balance des
paiements peuvent être décrits selon trois optiques :
· Optique du solde commercial
et effets - prix
· Optique de l'absorption et combinaison effets - revenu
et effets-prix
· Optique monétaire et effets d'encaisses
réelles.
1.1.3.2.1 Effets - Prix
de la dévaluation et Solde Commercial
L'optique des effets-prix qui décrivent les effets
escomptés de la dévaluation de la monnaie nationale sur le solde
commercial
Bien évidemment les effets ainsi décrits ne sont
pas exempts d'incertitude
a) Mécanismes du rééquilibrage de la
balance des paiements
Dans une logique qui remonte aux économistes classiques
la dévaluation améliore la compétitivité - prix de
l'économie nationale selon les modalités suivantes :
· Hausse des prix des importations en monnaie nationale
ce qui entraîne une diminution des importations ;
· baisse des prix des exportations en devises
étrangères ce qui entraîne une augmentation des
exportations.
Pour que l'état de la balance commerciale
s'améliore, il importe que l'effet d'accroissement des exportations et
de diminution des importations soit suffisamment fort pour que le solde obtenu
compense l'effet de détérioration des termes de l'échange,
c'est à dire finalement, ÄXPx> Ä M
PM.
La compétitivité-prix est
généralement appréciée à partir
d'indicateurs construits tels que le taux de change réel ou le taux de
change effectif réel.
b) Les Incertitudes et limites des effets
escomptés
Les incertitudes et limites des effets escomptés de la
dévaluation de la monnaie nationale peuvent être
énumérées à quatre niveaux au moins:
En premier lieu, il existe des effets pervers à
court terme. C'est le cas lorsque les quantités
importées et exportées ne se modifient pas suffisamment pour
induire le rééquilibrage ou que des pressions inflationnistes
s'exercent sur l'ensemble de l'économie suite à la hausse des
prix des importations. Il peut en résulter un ralentissement de
l'activité économique par la combinaison de ces pressions
inflationnistes et de l'aggravation du déficit extérieur.
En second lieu, les effets ne sont pas automatiques, c'est le
problème des élasticités critiques. En effet, la
condition Marshall-Lerner-Robinson ou théorème des
élasticités critiques peut être
énoncée de la manière suivante : si les
élasticités -prix d'offre d'importation et d'exportation sont
infinies,(et si la balance commerciale est initialement
équilibrée), la condition nécessaire et suffisante pour
qu'une (faible) dévaluation de la monnaie nationale améliore la
balance des paiements est que la somme des élasticités-prix (en
valeur absolue)de demande d'exportation et d'importation soit supérieure
à l'unité /ex/ + /em/ >
1
En troisième lieu, les effets ne sont pas
immédiats. On admet que l'amélioration attendue de la
balance commerciale suite à une dévaluation est
précédée d'une phase d'accentuation du déficit qui
diminue lentement avant de faire apparaître un excédent. C'est le
problème de la courbe en J.
251663872
Temps
251662848
Solde
Balance
Commerciale
251666944
251667968
251664896
251665920
En quatrième lieu, les effets ne sont que
partiellement réalisés, c'est le problème de
l'effet d'hystérésis
La notion d'hystérésis est
empruntée aux Sciences Physiques où elle caractérise le
retard de l'effet sur la cause lorsqu'on soumet un corps à une impulsion
d'abord croissante puis décroissante. En relation avec les modifications
de taux de change, des travaux ont permis de montrer que du fait des
comportements des entreprises, les modifications de taux de change ne sont que
partiellement répercutées et avec retard sur les prix, ce qui
limite les effets attendus sur les quantités.
En cas de dévaluation (ou de
dépréciation) de la monnaie nationale, les entreprises
étrangères peuvent effectuer une prise en charge négative
en ne répercutant que partiellement ou pas l'appréciation des
monnaies étrangères sur les prix des produits destinés au
marché national du pays qui a dévalué.
Exemple : Entreprise française vend un bien au
Congo-Brazza
Avant dévaluation 1FF = 50 F CFA
Après dévaluation 1FF = 100F CFA
Pour conserver sa clientèle après
dévaluation, l'entreprise française peut effectuer une prise en
charge négative en vendant le produit toujours à 50F CFA soit
0,5FF ou à 75FCFA soit 0,75FF après dévaluation.
A l'opposé les entreprises nationales peuvent
effectuer une prise charge positive en ne répercutant pas
entièrement la prime de change dans le sens d'une modification à
la baisse des prix.
Entreprise congolaise vend un bien à la France
Avant dévaluation 100 FCFA = 2 FF
Après dévaluation 100 FCFA = 1FF
L'entreprise congolaise peut choisir de ne répercuter
que partiellement la baisse de prix résultant de la dévaluation
en vendant désormais à 150FCFA soit 1,5 FF en France.
1.1.3.2.2. Optique de l'absorption et effet de la
dévaluation
L'approche de l'absorption a été
développée par Sidney Alexander (1952), pour montrer la
nécessité d'une maîtrise de la dépense
intérieure comme condition de réalisation des effets de la
dévaluation. On sait en effet que dans cette optique, le solde de la
balance commerciale (ou plus généralement celui de la balance
courante) est égal à la différence entre le revenu
national et la dépense (la demande) intérieure.
Y= C+I+G+(X-M)
B = X - M = Y - A, B inférieur à 0 implique
Y inférieur à A
(où A= C + I + G = Absorption)
La dévaluation agit donc sur la balance commerciale
à travers le revenu national et la dépense nationale.
Nous savons que : B = Y - A
La variation de la balance courante est : dB =
dY - dA
Cette action s'exerce :
· indirectement par la variation du revenu(
dY)
· directement par la variation de l'absorption (ou de la
dépense intérieure, dA)
De plus, l'effet sur l'absorption a deux composantes : un
effet induit et un effet direct ;
Ainsi, dA = dA induit + dA direct
La composante « dA induit » dépend
de la variation du revenu et représente l'effet sur le revenu national
de la baisse des importations et de la hausse des exportations. Cette
composante peut se noter : dA induit = adY
D'où, dA = adY + dA direct
Ainsi, dB = dY - dA = dY - (adY + dA
direct)
dB = (1 - a) dY - dA direct
Au total, ce résultat permet de constater que les
effets de la dévaluation dans l'optique de l'absorption sont de deux
types :
· les effets qui s'exercent par le revenu (1 -
a)dY et
· les effets qui s'exercent directement par l'absorption
dA direct
On perçoit alors les conditions de réussite de
la dévaluation dans cette optique. Pour qu'une dévaluation
conduise à une amélioration de la balance commerciale, dB >
0,
Il faut (1 - a) dY > dA direct
Il faut donc que les effets de la variation du revenu
l'emportent sur les effets directs de diminution de l'absorption. Si l'on
considère séparément ces effets il faut que
(1 - a) dY > 0 = > (1 - a) > 0 et a
< 1
En conséquence la dévaluation est d'autant plus
favorable que la propension marginale à absorber (propension à
dépenser) est inférieure à l'unité.
Il faut en plus que dA direct soit inférieur
à zéro (dA direct < 0) c'est à dire que la
dévaluation conduise à la réduction de la dépense
nationale.
1.1.3.2.3 Approche
monétaire et effets d'encaisses réelles
L'optique monétaire considère que tout
déséquilibre extérieur est le reflet d'un
déséquilibre sur le marché monétaire.
Les équations de demande et d'offre de monnaie se
présentent ainsi qu'il suit :
(1) Md = kP ou kP(Y) fonction de demande de monnaie
désirée conformément à la théorie
quantitative de la monnaie (Où k=1/V)
(2) MO = CR + R, équation d'offre de
monnaie où, CR = crédit intérieur, R = Réserves
extérieures.
On admet par ailleurs que la parité des pouvoirs
d'achat est respectée.
(3) P = EP* équation de la PPA (avec E coté
à l'incertain).
L'équilibre du marché monétaire
implique : Md = CR + R soit R = Md - CR
Le solde de la balance des paiements est la différence
entre la variation de la demande de monnaie désirée et la
variation du crédit intérieur :
B = dR = dMd - dCR
Un déficit de balance des paiements B < 0, dR <
0, est le reflet d'une offre excessive de monnaie dMd - dCR < 0,
dMd< CR
Tout écart non désiré entre demande de
monnaie et offre de crédit se répercute sur la balance des
paiements :
· les nationaux cherchent à se débarrasser
à l'extérieur d'un excès d'offre de monnaie. Ce qui
provoque sortie de capitaux, déficit de la balance des paiements et
réduction des réserves.
· les nationaux s'adressent à l'extérieur
pour combler l'insuffisance du crédit intérieur, ce qui provoque
entrée des capitaux, excédent de la balance des paiements et
accroissement des réserves extérieures.
Ainsi présentée, l'approche monétaire de
la balance des paiements a d'importantes implications de politique
économique : en changes fixes, tout déséquilibre de
la balance des paiements peut être résorbé uniquement par
la politique monétaire (exemple : contraction du crédit
intérieur en cas de déficit des paiements extérieurs).
Dans cette optique, la dévaluation produit un effet
d'encaisses réelles. La hausse des prix provoquée par la
dévaluation diminue le niveau réel des encaisses des agents et le
conduit à restaurer ce niveau en diminuant leurs dépenses. Cette
diminution des dépenses permet le rétablissement du
déséquilibre extérieur.
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